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TUNISIE

Fouilles illégales, constructions sauvages : des sites archéologiques tunisiens en perdition

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Ces paysages lunaires ont servi de décor pour le tournage du premier Star Wars en 1977. Peintures rupestres datant de 6 000 ans, ruines romaines, villages antiques creusés à même la roche : la région de Ghomrassen, au sud-est de la Tunisie, est un véritable musée à ciel ouvert. Un patrimoine archéologique aujourd’hui laissé à l’abandon, que notre Observateur tente de sauvegarder.

Ghomrassen est une ville du sud-est de la Tunisie, à 16 kilomètres de Tataouine. La région compte de nombreux vestiges de l’époque romaine, notamment les restes d’une muraille qui délimitait les frontières de l’empire romain, vieille de 2 000 ans. Elle est aussi connue pour ses peintures rupestres du Néolithique. Mais les incivilités et l’inaction des pouvoirs publics abîment ce patrimoine, s’insurge notre Observateur Omar Ghrab. Il milite au sein de l’association de la sauvegarde du patrimoine de Ghomrassen, une ONG qui tente d’alerter les autorités sur les multiples dégradations dont ces sites ont fait l’objet ces derniers mois.

"Nous demandons l’inscription de ces sites au patrimoine national"

Ces sites font l’objet de fouilles illégales depuis plusieurs années. Ce sont souvent des jeunes de la région qui viennent creuser près des vestiges romains, parfois-même avec une pelleteuse, dans l’espoir de trouver des ustensiles, des pièces de monnaie, des statuettes et de les revendre. Mais en fait, beaucoup de rumeurs circulent sur l’existence de soi-disant trésors dans ces ruines, et à ma connaissance, aucune découverte n’a jamais été faite.

Ces fouilles sont généralement effectuées aux alentours des fermes romaines. Facebook.

La région compte également cinq grottes ornées de peintures rupestres dont certaines datent de 6 000 ans. Ces joyaux de la préhistoire sont malheureusement à l’abandon, personne ne les surveille… Et les touristes de passage et autres curieux qui visitent ces grottes n’hésitent pas à toucher ces peintures, ce qui les détériore. Plus grave encore, parfois des enfants de la région dessinent dessus avec des objets tranchants.

Nous avons récemment lancé un projet pour installer des barrières métalliques afin de protéger ces peintures. Nous en avons déjà installé une il y a quelques semaines.

Peinture rupestres dans la région de Ghomrassen. Facebook.

Une barrière métallique a été installée devant l’une des peintures à Ghomrassen. Facebook.

Les vestiges romains de la région n’ont pas non plus été épargnés par les autorités. En novembre 2016, le gouvernorat de Tataouine [dont dépend la municipalité de Ghomrassen] a même fait abattre une partie de la muraille pour construire une route de campagne ! Nous avons alerté l’Institut du Patrimoine national, et il a dépêché un expert qui a fait un constat des dégâts sur place. Mais le mal était déjà fait.

Image montrant des ruines de la muraille romaine. Facebook.

Facebook.

La région compte aussi plusieurs villages arabes et berbères, les Gsour, dont certains datent d’environ 1 000 ans. La plupart de ces villages sont perchés sur les collines et creusés dans la roche. Ils ont également subi des dégradations.

En novembre 2016, des habitants ont démoli des maisons d’un village datant du premier millénaire, Gsour Baghali. Ils ont fait construire à la place des maisons modernes. La municipalité de Ghomrassen a ordonné de détruire ces nouvelles bâtisses, mais aujourd’hui cette décision n’a toujours pas été appliquée.

Au village de Gsour Baghali, des habitants ont fait démolir une bâtisse datant de mille ans pour construire une maison. Facebook.

Au mois de mai 2016, dans ce même village, le ministère du Développement a fait également démolir des constructions anciennes pour construire un chemin qui mène au sommet de la colline.

Dans le village de Gsour Baghali, des maisons anciennes ont été démolies pour permettre la construction d’une route. Facebook.

Vue d’ensemble du village Gsour Baghali. Facebook.

Un autre village à proximité, Gsour Beni Ghadir, est même carrément devenu une vraie décharge. Des jeunes y viennent pour faire la fête, ils jettent des canettes partout, ils taguent les murs.. .

Photos prises au village Gsour Beni Ghadir. Facebook.

En tant qu’association, nous militons pour que ces sites soient d’urgence classés au patrimoine national. Selon la loi tunisienne, dès lors qu’un site est inscrit au patrimoine national, un budget est alloué à sa restauration et sa sauvegarde.

La rédaction des Observateurs de France 24 a contacté le ministère de la Culture tunisien et l’Institut national du Patrimoine. Ils n’ont pas donné suite à nos sollicitations. Nous publierons leurs réponses si elles nous parviennent.

 

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