Des centaines de mineurs français dont des enfants vont rentrer tôt ou tard de Syrie

La France doit se préparer à accueillir des centaines de mineurs de retour de Syrie, dont plus de la moitié ont actuellement moins de 5 ans. Le tiers d'entre-eux est né sur place.  

 Les finances de Daech seraient en forte baisse selon certains spécialistes : 1,9 milliard de dollars en 2014 contre 870 millions en 2016. La perte de certains territoires expliquerait cette situation.
 Les finances de Daech seraient en forte baisse selon certains spécialistes : 1,9 milliard de dollars en 2014 contre 870 millions en 2016. La perte de certains territoires expliquerait cette situation. DOCUMENTS EXTRAITS D’UNE VIDÉO DE PROPAGANDE.

    Plusieurs centaines de mineurs français sont aujourd'hui en Syrie, et leur retour dans l'Hexagone est «juste une question de temps», a prévenu jeudi Sylvie Especier, responsable de la cellule nationale de coordination et d'appui à l'action territoriale au sein du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR).

    «Depuis le mois de septembre dernier, 24 mineurs sont revenus de Syrie», a-t-elle précisé. «Nous estimons qu'il en reste sur zone plusieurs centaines, dont plus de la moitié ont moins de 5 ans et le tiers est né sur place. Ils vont revenir en France, c'est juste une question de temps», a-t-elle développé, lors d'une réunion à Nice (Alpes-Maririmes) du réseau Radicalisation Awareness Network, qui rassemble des praticiens de toute l'Europe qui travaillent au quotidien avec des personnes qui ont déjà été radicalisées ou qui sont vulnérables à la radicalisation.

    Une fois arrivés sur le sol français, ces mineurs, âgés de quelques mois à 16 ans selon les autorités, sont pris en charge dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance (ASE).

    «Leur permettre de retrouver une vie d'enfant»

    «Nous procédons à un examen médical, car ce sont des enfants qui ont le plus souvent connu des conditions de vie très difficiles. Il y a ensuite un examen psychologique, avec un suivi par des psychologues et du personnel médical», a expliqué Sylvie Especier lors de la réunion de ce réseau soutenu par la Commission européenne.

    Les mineurs peuvent être scolarisés, mais «ce n'est pas toujours possible tout de suite, reconnaît-elle: «En tout cas, c'est l'objectif que nous poursuivons: permettre à ces enfants de retrouver une vie d'enfant. Pour les plus grands, c'est la question d'une formation qui se pose.»

    «Ne pas être candide»

    Leurs parents étant placés en garde à vue à leur arrivée en France, les mineurs sont séparés de leur famille. «Pour faire face à ces retours dans les mois qui viennent, nous réfléchissons à de nouvelles formes d'accueil. On envisage par exemple, mais ce n'est encore qu'à l'état de la réflexion, la création de centres mères-enfants, quand il s'agira d'enfants en bas âge.»

    «Il ne faut pas être candide non plus. Certains de ces enfants, on le voit par exemple sur des vidéos où ils exécutent des otages, ne peuvent pas être placés en famille d'accueil», nuance Sylvie Especier. Les enfants âgés de plus de 13 ans peuvent également être poursuivis par la justice.

    Au total, 700 Français sont engagés sous la bannière de l'Etat Islamique (EI) en Irak et en Syrie, sur les 12.000 volontaires étrangers présents au Moyen Orient, a récemment estimé Loïc Garnier, chef de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Uclat). En outre, selon lui, il reste dans les zones de combat quelque 290 femmes et 460 enfants français, dont un tiers nés sur place - donc âgés de moins de 4 ans - ainsi qu'une vingtaine de combattants.