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Cinq choses à savoir sur James Robart, le juge qui a bloqué le «muslim ban» de Trump

De la défense des réfugiés à l'évocation du mouvement «Black Lives Matter», ce juge fédéral de l'Etat de Washington, nommé par George Bush Jr., porte le verbe haut... Et le noeud papillon.
par Isabelle Hanne
publié le 5 février 2017 à 18h02

Qui peut arrêter Donald Trump et son «muslim ban»? Un homme a, ces derniers jours, incarné l'opiniâtreté des contre-pouvoirs américains: le juge fédéral républicain de l'Etat de Washington, James Robart. Ce magistrat en préretraite a émis vendredi soir une injonction temporaire valable sur l'ensemble du territoire américain, le temps qu'une plainte déposée lundi par le ministre de la Justice du même Etat soit examinée sur le fond. En conséquence, dès samedi, les restrictions imposées par le décret ont été, au moins temporairement, annulées. Rouvrant ainsi les portes des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans touchés par le texte (Iran, Irak, Soudan, Yémen, Libye, Syrie, Somalie).

Le bras de fer entre la justice américaine et la Maison Blanche est loin d'être terminé: dès samedi, le département de la Justice a fait appel de la décision du juge Robart. Puis, tôt ce dimanche, une cour d'appel américaine a rejeté la demande de l'administration Trump de rétablir immédiatement l'application du décret migratoire signé par le président américain… Dans une salve de tweets courroucés dont il a le secret, Donald Trump a critiqué ce «soi-disant juge», dont la «terrible décision» allait «faire venir des flots de personnes très mauvaises et très dangereuses dans le pays». Qui est James Robart?

1. Il a été nommé par George W. Bush

Le «soi-disant juge» de Seattle n'est pas un dangereux gauchiste. Il a été nommé par George W. Bush en 2003, et approuvé l'année d'après à l'unanimité par le Sénat. Né en 1947 à Seattle, il est diplômé du Whitman College et de la prestigieuse université de droit de Georgetown, comme l'indique sa biographie sur le site de la cour de l'Etat de Washington. James Robart a ensuite exercé comme avocat dans un cabinet privé à Seattle, Lane Powell Moss & Miller, de 1973 à 2004.

Agacé par les remarques de Trump à l'égard de Robart, son ancien associé, l'avocat Stephen C. Smith, a publié un message sur Facebook, cité par le Seattle Times: «Jim Robart est un grand juge, un homme meilleur encore, écrit-il. Je crois qu'il verrait les attaques puériles de l'ignorant Trump sur Twitter comme un honneur.»

2. Il a défendu bénévolement des réfugiés et s’est impliqué dans des associations de protection de l’enfance 

Comme l'a souligné le Sénateur républicain de l'Utah, Orrin Hatch, lors de son audience de confirmation, James Robart a défendu bénévolement des réfugiés: «Il a représenté activement les plus défavorisés via son travail pour Evergreen Legal Services [un service juridique pro bono, ndlr] et la représentation en dehors de son cabinet, de réfugiés d'Asie du Sud-Est», louait alors le sénateur républicain.

Toujours lors de la même audience, le sénateur démocrate de l'Etat de Washington, Patty Murray, avait rendu hommage à Robart en louant son «sens généreux de la communauté à travers son travail avec la jeunesse à risque». Ancien président et membre du conseil d'administration de Seattle Children's Home, une association qui traite des problèmes de santé mentale des jeunes, il s'est également beaucoup impliqué dans Children's Home Society de Washington, une organisation de protection de l'enfance. Avec son épouse, ils ont également été famille d'accueil pour six enfants.

3. Il a dit «Black lives matter» lors d’une audience

Ce n'est pas la première fois que James Robart se retrouve au premier plan. En août 2016, selon une vidéo postée sur le site de la cour fédérale et citée par CNN, il a cité lors d'une audience à Seattle «Black lives matter» (Les vies noires comptent), slogan du mouvement de protestation contre les violences policières envers les Afro-américains.

Robart s'exprimait alors sur un cas d'utilisation supposément excessive de la force par la police de Seattle, dans le cadre d'un procès intenté par l'administration Obama. «Les tirs des policiers entraînant la mort touchent 41% de Noirs, alors qu'ils ne représentent que 20% de la population des villes concernées, affirmait-il, citant des statistiques du FBI. Quarante et un pour cent des morts, vingt pour cent de la population… Les vies noires comptent», avait conclut Robart.

Le ministère de la Justice d'alors, rappelle CNN, voulait que les forces de police changent certaines pratiques après qu'une enquête avait montré «des éléments tangibles de croire que le SPD [Seattle Police Department] avait tendance à un usage excessif de la force». Le ministère de la Justice avait également identifié «des inquiétudes sérieuses à propos de certaines pratiques pouvant avoir un impact différent sur certaines minorités».

4. Il a une haute idée de la fonction de la justice

Le juge avait donné sa vision d'une justice au service des plus démunis, lors de son audience de confirmation: «J'ai plusieurs fois rencontré des gens qui avaient le sentiment que le système judiciaire était pipé, en leur défaveur, ou était injuste, racontait-il. Je me suis employé pendant toute ma carrière à leur montrer que le système judiciaire était au contraire pensé pour leur bénéficier et pouvait être, s'il était bien utilisé, une opportunité pour réparer des torts».

Il avait également promis qu'il traiterait chacun dans sa cour avec «respect et dignité».

5. Il porte souvent des nœuds papillon avec sa robe de juge

Tout est dans le titre.

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