Critiqué à gauche, Macron réplique : «Moi, je me bats contre le FN»

En visite dimanche soir au centre Pompidou à l'occasion des 40 ans du musée, Emmanuel Macron a renvoyé l'image d'un candidat imperméable aux critiques de ses adversaires. Et a tenté de se poser en premier pourfendeur du Front national.

Centre Georges-Pompidou, à Paris dimanche 5 février. Emmanuel Macron en visite à l'occasion des 40 ans du musée d'art contemporain.
Centre Georges-Pompidou, à Paris dimanche 5 février. Emmanuel Macron en visite à l'occasion des 40 ans du musée d'art contemporain. LP/Pauline Théveniaud

    «Tout le monde lui est tombé dessus.» Non, ce n'est pas d'Emmanuel Macron, dont on parle, en ce dimanche soir au Centre Pompidou. Mais du peintre américain controversé, Cy Twombly. Invité à l'occasion des 40 ans du musée parisien, le candidat d'En Marche! s'est offert «une parenthèse dorée» -ce sont ses mots- au lendemain de son meeting lyonnais.

    Acompagné de son épouse, Brigitte, le voilà qui déambule au milieu des gigantesques toiles et des curieux, quelque peu étonnés de ce cortège. Féru d'art d'abstrait, le couple écoute donc l'érudit directeur du Musée national d'art moderne, Bernard Blistène, leur conter l'oeuvre de Cy Twombly, artiste à contre-courant, amoureux «du pas de côté» et... ultra-critiqué par ses contemporains.

    Si contesté qu'il se vit même entendre, aux dires de l'expert : «Je ne montrerai pas des tableaux sur lesquels il n'y a presque rien.» Tout ressemblance avec la réalité... «Il faut imaginer ce que cela représentait, une peinture qui ne représentait rien...» poursuit le guide de luxe. «Il fait le choix de l'approximation, du pas de côté», observe Macron. «On met le sublime, là où l'on veut», glisse encore le directeur, qui ajoute : «Les choses ne sont pas que ce qu'on en dit.» En l'occurrence, elles se sont, pour Twombly, terminées par une oeuvre foisonnante, exposée dans l'un des musées les plus prestigieux du pays.

    Drôle de double-sens? «Il faut savoir raison garder et ne pas comparer ce qui n'est pas comparable», sourit Macron. Quand même, n'a-t-il pas entendu les balles fuser ce dimanche? «Un jeune guépard, créature du système», a grincé Benoît Hamon. Un ex-ministre qui a «pourri la vie de milliers de gens», a tancé Jean-Mélenchon. «Mes concurrents, si besoin en était, ont démontré toute la journée, ce que voulait dire être anti-système. Quand tout le système politique vous accable, manifestement vous êtes quelqu'un qui les contrarie», réplique-t-il.

    «Tout le monde n'a pas la chance d'être député européen ou sénateur depuis 30 ans...»

    Les critiques de ses adversaires ne lui n'inspirent, de toute façon, «pas grand chose». «Ils peuvent faire alliance contre qui ils veulent, moi je me bats contre le Front national», rétorque Macron. Comme la veille à Lyon (Rhône), le candidat se pose en premier pourfendeur de ce parti, «en aucun cas gouverné par le peuple et pour le peuple», qui «se passe de père en fille, de fille en nièce», «pris dans des turpitudes extrêmement graves de financement». Et auquel il veut opposer «un projet de société, un projet culturel, une exigence, un renouvellement et en regardant positivement ce vers quoi va notre pays».

    La politique n'est finalement jamais loin... Macron achève sa visite à la bibliothèque du Centre, dans laquelle il a lui-même bûché lorsqu'il était étudiant. Il est 21 heures passées. La candidat -qui souhaite consacrer 1% du PIB au budget de la Culture- propose justement d'ouvrir... les bibliothèques le soir et le week-end. «C'est juste pour aller faire bosser les gens le dimanche, parce que les bibliothèques, il y a des bibliothécaires dedans!» a rugi Mélenchon un peu plus tôt. «Les gens vivent le dimanche et Jean-Luc Mélenchon semble l'avoir oublié», réplique Macron, qui poursuit : «Quand on est dans une famille nombreuse, dans une chambre de bonne, pouvoir aller à la bibliothèque c'est très important. C'est peut-être même le seul moyen de réussir ses études (...) Tout cela, ce n'est pas pourrir la vie des gens. C'est simplement regarder la vie des gens en face. Et regarder que tout le monde n'a pas la chance d'être député européen ou sénateur depuis 30 ans.» Quant à l'hologramme du candidat de la France Insoumise... Macron lui préfère «les palimpsestes de Cy Twombly, infiniment plus poétiques».