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Agriculture

Un blé OGM sera testé en Angleterre

Le ministère anglais de l’Environnement a autorisé l’essai en champ d’un blé génétiquement modifié pour améliorer la photosynthèse et donc augmenter les rendements. Une expérimentation discutée.

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champs de blé anglais

Un champs de blé dans le Dorset en Angleterre.

Terry Harris / Rex Feat/REX/SIPA

GRAMINÉES. Le centre de recherche Rothamsted vient d’obtenir de la part du département de l’Environnement et des affaires rurales britanniques (Defra) l’autorisation de mener des essais en plein champ d’un blé génétiquement modifié. Les chercheurs de Rothamsted financés sur fonds publics, ont mis au point une variété de blé dans laquelle ont été insérés des gènes d’une plante de la même famille, Brachypodium distachyon. La brachypode à deux épis est une graminée sauvage des zones sèches méditerranéennes qui pousse dans une bonne moitié sud de la France. Son petit génome en fait une plante de laboratoire appréciée par les chercheurs. Le génome du blé qui vient seulement d’être séquencé est en effet très lourd et complexe.

La brachypode a ainsi révélé une de ses qualités : elle est efficace pour convertir l’énergie solaire en biomasse. « Nous avons démontré que cette plante développe en serre une photosynthèse plus efficiente, affirme dans le communiqué de Rothamsted l’une des promoteurs du projet, Christine Raines. L’une des étapes de la photosynthèse passe par le rôle d’une enzyme, enzymesedopheptulose-1,7 biphospatase (SBPase). Nous avons donc modifié des plants de blé pour qu’ils produisent plus de SBPase en introduisant les gènes de Brachypodium ». Les chercheurs affirment que les résultats en laboratoire montrent une augmentation de 40% de la production de grains. Rothamsted pense ainsi tenir une bonne solution à un problème grave : les rendements des variétés actuelles de blé stagnent depuis le début des années 1990, alors que «assurer la sécurité alimentaire est un défi majeur du fait de la nécessité d’augmenter la production mondiale de nourriture de 40% dans les 20 prochaines années et de 70% en 2050 pour neuf milliards d’humains », affirme l’organisme de recherche. L’essai en plein champ doit confirmer les résultats obtenus en serre.

Les rendements du blé stagnent à cause du climat

FREEZE. L’expérimentation prévue pour se dérouler ce printemps dans le Hertfordshire au nord de Londres devra comporter des mesures de prévention pour éviter des contaminations de champs voisins. Les opposants britanniques aux OGM ne voient évidemment pas l’essai d’un bon œil et craignent justement la dispersion de gènes modifiés dans l’environnement. Mais l’association "GM Freeze" conteste aussi les arguments des chercheurs sur l’augmentation de la production de nourriture. « La production mondiale de nourriture excède déjà les besoins des générations futures et pourtant des gens sont toujours mal alimentés. Personne ne meurt de faim à cause d’un défaut de photosynthèse, on souffre de la faim parce qu’on est pauvre. Des technologies comme les blés OGM pompent des subventions publiques qui pourraient faire une réelle différence si elles étaient dépensées pour des sujets comme la réduction du gaspillage et l’éradication de la pauvreté », estime GM Freeze.

Il se peut aussi que le blé OGM manque sa cible pour des raisons climatiques et agronomiques. L’Inra et l’institut du végétal Arvalis ont ainsi publié en 2010 une étude sur les rendements du blé en France s’appuyant sur des statistiques de production, des essais en champ, et des modèles agro-climatiques. Selon ce travail, la réelle stagnation des rendements n’est pas due à un affaiblissement de l’amélioration variétale, ni à des raisons agronomiques comme le recul de la culture des légumineuses ou la limitation des épandages d’engrais. La vraie raison, c’est le climat. Des vagues de chaleur et des périodes de sécheresse interviennent désormais de plus en plus souvent au printemps. Or, la chaleur inhibe le remplissage des grains en amidon et la sécheresse stoppe la croissance des tiges. Ces phénomènes ne seront pas résolus par une augmentation de la photosynthèse. Elle pourrait même les aggraver.

L’autorisation de la DEFRA marque enfin un changement de pied de l’administration britannique. Avec le Brexit, le Royaume-Uni va retrouver sa liberté de gestion des OGM, un dossier européen même si la Commission a redonné aux Etats membres la liberté d’adopter ou non les OGM. Le ministre anglais de l’Agriculture, George Eustice, a ainsi affirmé en octobre dernier dans une réponse écrite à une question d’un parlementaire, que le Brexit pourrait être l’occasion de revoir la législation sur les OGM. Une légalisation devrait provoquer un débat intense : l’Ecosse et le Pays de Galles ont en effet décidé une interdiction définitive de ces cultures.

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