Publicité

Le bras de fer avec le FMI menace de faire à nouveau déraper la Grèce

¤ La situation de blocage entre Athènes et ses créanciers rappelle les heures sombres de 2015. ¤ Le FMI, à défaut d'un allégement de la dette, exige des engagements très fermes de la Grèce.

ECH22378021_1.jpg

Par Gabriel Grésillon

Publié le 7 févr. 2017 à 01:01

Tout, mais pas ça. Les Européens se savent déjà gravement fragilisés par la multiplication des crises. Ils auraient donc aimé célébrer dans la sérénité, ce 7 février, le 25e anniversaire du traité de Maastricht. Cela aurait été l'occasion, par exemple, de se réjouir d'une année 2016 au cours de laquelle la croissance en zone euro a dépassé celle des Etats-Unis (1,7 % contre 1,6 %). Mais, en matière économique et monétaire, c'est à nouveau à une poussée de stress qu'ils doivent faire face, avec une aggravation de la situation concernant la Grèce. La preuve : les taux auxquels le pays emprunte à deux ans sont passés de 6,7 % à 8,8 % en moins de deux semaines - même s'il faut relativiser l'importance de ces chiffres qui concernent un pool de dette de marché très restreint. Officiellement, rien de bien grave. Officieusement, c'est le scénario d'une répétition du cauchemar de 2015, au cours duquel le pays a failli quitter la zone euro, qui hante les esprits.

Dette « explosive »

Les ingrédients d'un blocage dur sont en place. Trois principaux protagonistes s'affrontent dans cette pièce aux rebondissements incessants : Athènes, ses créanciers européens, et le FMI, également créancier mais dont les analyses divergent avec les Européens. Tant qu'Alexis Tsípras, le Premier ministre grec, ne prendra pas les mesures attendues par ceux qui le financent, il ne recevra pas le chèque dont il a besoin pour faire face à ses obligations de remboursement cet été, ni ne pourra escompter d'allégement de sa dette à moyen et long terme. Problème : Alexis Tsípras juge que son peuple a fait assez d'efforts et ne montre guère de volonté d'aller plus loin.

Les statuts du FMI lui interdisent de financer un pays dont la dette n'apparaît pas soutenable. Or, ses analyses de la trajectoire de la Grèce sont nettement plus sombres que celles livrées par les Européens : pour le Fonds, la dette publique grecque va devenir « explosive » à l'horizon 2030, selon des fuites dans la presse grecque. Dès lors, la réunion de l'institution, prévue lundi à Washington, s'annonçait compliquée. Le FMI, pour rester à bord, propose deux options. L'une, rejetée notamment par l'Allemagne, consisterait à prendre dès à présent des mesures substantielles d'allégement de dette à long terme. L'autre, à l'inverse, reposerait sur des efforts budgétaires plus soutenus encore de la part d'Athènes - d'où l'image exécrable que continue d'avoir l'institution multilatérale dans le pays.

Publicité

Engagements à légiférer

Dans ce bras de fer, les Etats membres ont affiché, lors de la dernière réunion des ministres des Finances de la zone euro, un front uni sur un point : pas question de laisser partir le Fonds. Il en va de la crédibilité du programme grec. Du coup, ils ont semblé céder à la pression de l'institution qui, en plus des réformes attendues par tous les créanciers sur le marché du travail ou la fiscalité, veut des garanties sur la trajectoire budgétaire future du pays, afin d'assurer un excédent budgétaire primaire de 3,5 % à partir de 2018. Il s'agirait, pour Athènes, de fournir une liste des secteurs sur lesquels elle agirait en cas de nouveau dérapage financier. Et le FMI souhaite aussi que soient pris dès à présent des engagements à légiférer... pour 2018. Un point duquel la France s'est désolidarisée, le ministre Michel Sapin ne le jugeant « pas raisonnable ». Paris redoute l'effet néfaste du signal politique, dans une période où il faudrait mettre en avant les bonnes performances budgétaires grecques.

Au final, une source à la Commission, qui se dit en « désaccord total » avec les estimations du FMI, résume la situation : « La discussion est politique. Il y a plusieurs protagonistes et comme dans le dilemme du prisonnier, personne ne veut faire le premier pas. » Problème : l'année 2017 comportera d'importantes échéances électorales qui risquent de radicaliser les positions, notamment en Allemagne. Dès mars, ce sont les Néerlandais, également partisans d'une ligne de fermeté, qui se rendront aux urnes. Soit le jeu se débloque dans les prochaines semaines, soit l'année 2017 prendra le chemin d'une répétition du cru 2015.

Bureau de Bruxelles Gabriel Grésillon

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité