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Penelope Fillon a touché 45.000 euros d'indemnités de licenciement selon le Canard

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Dans son édition à paraître mercredi, Le Canard enchaîné révèle que Penelope Fillon a touché au total 45.000 euros d'indemnités de licenciement de la part de l'Assemblée nationale. François Fillon dénonce des "mensonges".

Les révélations se poursuivent, dans l'affaire Penelope Fillon. Dans son édition à paraître ce mercredi, Le Canard enchaîné révèle que la femme de François Fillon a touché 45.000 euros d'indemnités de licenciement de la part de l'Assemblée nationale.

"Les flics n'ont trouvé aucun indice matériel du travail de Penelope, mais la trace de ses indemnités de licenciement", écrit le journal sur son compte Twitter et sur sa une au titre mordant: "Une preuve de plus que Fillon sait encaisser!".

Ce montant pourrait faire augmenter la facture totale de l'argent touché par Penelope Fillon en tant qu'attachée parlementaire. Et l'information intervient alors que l'avocat de François Fillon estime que l'enquête du parquet financier sur les soupçons d'emploi fictif contient des "irrégularités". Le candidat à la présidentielle a réagi à ces nouvelles accusations. Il dénonce des "erreurs" et une "présentation mensongère".

"29.000 euros" de primes pour 17 mois de travail?

D'après l'hebdomadaire, Penelope Fillon a perçu en août 2002 "16.000 euros d'indemnités, soit l'équivalent de cinq mois de salaire", alors qu'elle avait retrouvé un mois plus tôt un emploi auprès du suppléant de François Fillon, Marc Joulaud.

"Elle va cumuler deux salaires durant un peu plus d’un mois. Bien plus efficace que Pôle emploi!", ironise le journal. "A l'époque, la législation ne prévoit pas un tel niveau d'indemnités de licenciement pour un collaborateur parlementaire", affirme encore Le Canard.

Ces indemnités portent sur la période 1998-2002, pendant laquelle Penelope Fillon a été rémunérée comme assistante parlementaire de son époux (165.686 euros net de salaires sur cette période, selon le site internet du candidat Fillon). Par ailleurs, en novembre 2013, quand son époux a mis fin à son dernier contrat à l'Assemblée, Penelope Fillon aurait touché d'après l'hebdomadaire "29.000 euros" d'indemnités de licenciement pour 17 mois de travail (rémunérés 65.839 euros net, selon le site internet de François Fillon).

Fillon dénonce des "mensonges"

Dans un communiqué publié ce mardi en fin de journée, François Fillon a dénoncé les révélations du Canard enchaîné, évoquant des "erreurs" et ne "présentation mensongère". Il remet en question les dates auxquelles sa femme a touché ces différents sommes, et explique que l'argent figurait déjà dans les salaires qu'il a mis en ligne lundi soir sur son site. 

"La somme reçue par Mme Penelope Fillon en novembre 2013 n'est pas de 29.000 euros, comme le prétend le Canard, mais de 7.754,02 euros, comprenant les congés payés", peut-on lire dans le communiqué, qui ajoute:

"Le journal "confond certainement avec une somme de 29.565,43 euros qui correspond au total du bulletin de paye du mois d'août 2007 au terme de cinq ans de collaboration avec Marc Joulaud (suppléant de M. Fillon, ndlr). Quant à la somme de "16.000 euros" dont Le Canard enchaîné prétend qu'elle l'aurait reçue en août 2002, elle lui a en fait été payée en juin 2002, à l'issue de 51 mois de collaboration en tant que ma collaboratrice parlementaire et s'élève exactement à 16.616,93 euros".

Des montants inscrits dans un cadre "normal"

Bruno Retailleau, sénateur Les Républicains et actif soutien de François Fillon, a estimé lui aussi qu'il s'agissait de "pseudo-révélations". Interrogé par Ruth Elkrief sur BFMTV ce mardi soir, il a repris le terme de "mensonge" et pointé les erreurs de dates attribuées au Canard. "Ces indemnités, François Fillon n’y est pour rien, c’est l’application stricte du code du travail", a-t-il estimé. 

Outré par "un acharnement nauséabond" contre François Fillon, le chef de file des députés LR, Christian Jacob, a indiqué à l'AFP que c'était l'Assemblée même qui calculait ces indemnités. Il a demandé au président de l'Assemblée Claude Bartolone (PS) de rendre publiques ces règles de calcul, "qui valent pour tous les assistants". Interrogée par l'AFP elle aussi, la première questeure de l'Assemblée Marie-Françoise Clergeau (PS) a précisé que les montants étaient exacts pour les fins de contrat de Penelope Fillon de 2002 et 2007 et s'inscrivent "dans le cadre normal".

Que savait Penelope Fillon?

Dans ce nouvel article, Le Canard s'interroge aussi sur ce que savait Penelope Fillon. "Penelope savait-elle qu’elle était si grassement rémunérée?La question a été posée lors de la conférence de presse. Question balayée par Fillon", rappelle le journal.

"Si elle a dit aux enquêteurs qu’elle 'ne se [souvenait] plus' d’avoir signé son contrat de travail, vérification faite, c’est bien sa signature qui figure au bas du contrat signé avec son mari. A l’insu de son plein gré?", conclut l'article. 

"Pas des révélations", pour l'avocat de Fillon

Pour Damien Abad, le député Les Républicains de l'Ain qui est aussi l'un des porte-parole du candidat à la présidentielle, ce montant représenterait "un solde de tout compte", comme il l'a déclaré sur BFMTV avant la parution du communiqué de François Fillon. Antonin Lévy, l'avocat du candidat, avait aussi mis en doute le terme "révélations". 

"Ce ne sont pas des révélations. Ces indemnités étaient déjà incluses dans la moyenne des salaires perçus par Penelope Fillon calculée et publiée en ligne par François Fillon", a-t-il avancé, contacté par BFMTV.

Deux contrats à temps plein sur la même période

Alors que François Fillon a lancé il y a à peine 24 heures une vaste opération de contre-offensive pour relancer sa campagne, le feuilleton impliquant sa femme ne semble pas près de toucher à sa fin. Comme le rapporte Le Parisien ce mardi après-midi, Penelope Fillon a en réalité cumulé deux emplois à temps plein pendant près d'un an et demi: de mai 2012 à décembre 2013, elle était employée à La Revue des deux mondes. De juillet 2012 à novembre 2013, elle était également sous contrat l'attachée parlementaire de son mari.

Des sources proches de l'enquête précisent que ces deux contrats étaient censés être à temps plein, mais d'après un spécialiste du droit du travail interrogé par le quotidien, le poste d'attaché parlementaire n'interdit pas ce cumul, la seule limite étant que le salarié ne travaille pas en cette qualité plus de 52 heures par semaine. 

Charlie Vandekerkhove avec AFP