Ça bouge autour de la voiture électrique. Même si le parc français reste encore modeste, avec un peu plus de 100 000 véhicules immatriculés, la progression est sensible, avec une hausse de 23 % des ventes l’an dernier.

Les perspectives de développement restent importantes, même si les prévisions doivent être prises avec beaucoup de précaution. Les pouvoirs publics tablent sur un parc de 6 millions de voitures à l’horizon 2030.

Les bornes de recharge se multiplient

L’essor du véhicule électrique tient d’abord en grande partie à la multiplication des bornes de recharge, sur tout le territoire.

La encore, le développement est rapide. Début 2017, il y avait 122 000 points de charges sur toute la France, dont plus de la moitié en entreprises, un tiers chez les particuliers et le reste dans l’espace public. Cela représente déjà 730 mégawatts de puissance installée, soit l’équivalent de 240 éoliennes, selon Enedis (ex-ERDF), qui gère le réseau de distribution.

Et le déploiement va s’accélérer : 40 000 bornes sont actuellement en projet et au dernier trimestre 2016, le nombre de raccordement a progressé de 11 % chez les particuliers, grâce notamment aux offres des constructeurs automobile en cas d’achat d’un véhicule électrique. En tout, la loi de transition énergétique prévoit 7 millions de prises autour de 2030.

Les pétroliers s’y mettent

Total envisage lui aussi d’installer des bornes de recharge pour les véhicules électriques dans 300 stations-service de son réseau français. « Notre plan consiste à regarder comment on va mailler les grands axes français pour que tous les 150 à 160 km, on soit capables d’offrir ce service à nos clients », expliquait Patrick Pouyanné, le PDG de Total, le 31 janvier, en marge d’un colloque organisé par le Syndicat des énergies renouvelables.

D’autres acteurs pétroliers développent des stratégies similaires, comme l’anglo-néerlandais Shell, qui veut installer des bornes de recharge dans certaines de ses stations au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

Le réseau électrique doit s’adapter

Les gestionnaires du réseau électrique sont d’ores et déjà sur le pied de guerre pour s’adapter à cette nouvelle donne et faire en sorte que tout le monde ne recharge pas sa voiture en même temps.

Ce serait un scénario catastrophe : à la pointe du soir, autour de 19 heures, les voitures électriques pourraient potentiellement mobiliser 30 % des capacités de production, avec le risque de déséquilibrer totalement le réseau. Difficilement imaginable, sauf à surdimensionner le parc de production.

« Le dossier du véhicule électrique est le plus emblématique de la transition énergétique », estime Laurent Ferrari, directeur client et territoires d’Enedis. Un écosystème est en train de se mettre en place autour cette problématique, avec de nombreuses sociétés innovantes.

Des expérimentations en cours

En collaboration avec l’Ademe, Enedis travaille ainsi sur un projet de « bornes intelligentes », capable d’optimiser la charge, en fonction de l’offre électrique disponible sur le réseau. Des expériences sont en cours dans une dizaine d’immeubles de la région parisienne.

Les fournisseurs d’électricité planchent également sur la mise en place d’incitations tarifaires, avec des prix moins élevés pour ceux qui se rechargent à certaines heures de la journée ou de la nuit.

Des bornes qui stockent l’électricité

L’objectif est également que les bornes de recharges puissent elle-même stocker de l’électricité qui a été produite à proximité avec, par exemple, les panneaux solaires installés sur les toits. Elles solliciteraient ainsi beaucoup moins le réseau. Elles n’existent pour l’instant qu’à l’état de prototype.

En attendant, une autre piste est l’utilisation des anciennes batteries de voitures électriques, dites de seconde vie, qui serviraient de moyen de stockage.