Aulnay-sous-Bois : les «mamans» de la cité demandent le départ des CRS

FAIT DU JOUR. L'affaire d'Aulnay, suivie d'échauffourées, a pris une tournure politique mardi. Elle révèle plus largement le profond malaise entre une partie de la police et les jeunes.

Aulnay, mardi. Des mères de famille de la cité des 3 000 ont été reçues au commissariat à leur demande.
Aulnay, mardi. Des mères de famille de la cité des 3 000 ont été reçues au commissariat à leur demande. LP : ARNAUD JOURNOIS

    A la sortie du commissariat d'Aulnay-sous-Bois, mardi après-midi, elles n'ont fait aucune déclaration aux nombreux journalistes présents aux abords. «Cela s'est bien passé», a tout juste soufflé l'une des «mamans» de la Rose-des-Vents, reçues plus d'une heure par le commissaire, à leur demande.

    Au chef de la police locale, elles ont présenté plusieurs revendications liées aux échauffourées engendrées par l'interpellation de Théo, qui a viré au drame. «Nous souhaitons la fin du dispositif policier mis en place depuis samedi soir dernier», explique Samira, l'une des membres de la délégation, en référence aux dizaines de CRS déployés chaque soir dans le quartier. «Après ce qui s'est passé, le fait qu'un jeune d'ici se soit fait massacrer par quatre collègues à eux, leur présence en grand nombre incite à la violence, c'est vu comme de la provocation par les autres jeunes. Ce n'est pas comme cela qu'ils vont nous protéger», poursuit Samira. Elles ont aussi demandé que cessent ce qu'elles appellent les «interventions musclées» trop souvent pratiquées par les policiers. L'idée de cette rencontre est née lundi après-midi, lors d'une marche de soutien à Théo, organisée par plusieurs habitantes des 3 000, à laquelle plus de 500 personnes ont participé.

    Quelle réponse a été faite aux mamans? Selon le syndicat de police Unité SGP-FO, qui comptait un délégué lors de la réunion, «rien n'est allégé dans le dispositif. Le délégué de la préfecture a fait part de son soutien aux policiers engagés contre les violences urbaines. En rien il n'est question de désengager les policiers du terrain», indique le syndicat, qui précise que «cela a été une discussion entre gens de bonne intelligence». Cette réponse est la bonne, pour Yves Lefèvre, secrétaire général du syndicat policier : «On ne va quand même pas laisser le quartier des 3 000 aux mains des casseurs. Ce serait un constat de carence. Il y a une instruction en cours, laissons faire la justice.»

    Contactée, la préfecture de police de Paris n'a pas répondu à nos sollicitations.

    QUESTION DU JOUR. Affaire Théo à Aulnay : faut-il sanctionner sévèrement les policiers?