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Brexit : le droit du travail français rebute les banques étrangères

+ VIDEO. Paris se mobilise pour attirer la finance de la City. La question du droit et du coût du travail est cruciale pour les banques étrangères, déclarent des acteurs financiers auditionnés par le Sénat.

Par Isabelle Couet

Publié le 8 févr. 2017 à 14:15

Que faire pour transformer le Brexit en opportunité et de la City à Paris? C’est la question qui a été débattue ce mercredi matin lors d’une audition devant la Commission des Finances du Sénat. Les représentants du milieu bancaire et de la gestion d’actifs ont adressé un message très clair  : le coût et le droit du travail seront déterminants dans les décisions de relocalisation à Paris, Francfort, Dublin etc.

«Le bien-être des salariés n’est pas déterminant»

«Les décisions seront prises par des responsables dont la mission est de défendre l’intérêt des actionnaires», a rappelé René Proglio, directeur général de Morgan Stanley en France. Et d’enfoncer le clou: «Le bien-être des salariés n’est pas déterminant pour eux. Savoir si les individus sont écrasés par l’impôt ou pas et quelle est la nature du régime d’impatriation n’a aucun impact».

Pour le patron de la banque américaine implantée en France depuis cinquante ans, il y a trop de problèmes pour licencier en France. Même si, il le concède, le système est encore pire en Allemagne. Et de résumer: «le vrai sujet ce sont les charges sociales patronales - les charges qui pèsent sur le salarié n’intéressent pas Wall Street. Dans ce domaine, la France a un gros handicap face à Francfort».

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«3 jours pour licencier à Londres, 3 mois en Suisse, 3 ans en France»

Une idée reprise en chœur par les autres participants auditionnés au Sénat. «Il ne se passe pas une année sans qu’il n’y ait un plan social chez UBS. On a coutume de dire qu’il faut 3 jours pour licencier quelqu’un à Londres, 3 mois en Suisse et 3 ans à Paris», a déclaré Jean-Frédéric De Leusse, président du directoire de la banque suisse en France. «Le métier de banque de financement et d’investissement a besoin d’un environnement de flexibilité».

La directrice générale de la Fédération bancaire française (FBF), Marie-Anne Barbat-Layani, a confirmé que le droit du travail de l’Hexagone était très mal perçu par les établissements étrangers. C’est comme dire aux recruteurs qu’ils «n’ont pas le droit à l’erreur, qu’ils ne peuvent pas ajuster les effectifs à l’activité». La puissante représentante des banques a pris un exemple concret: «les indemnités prud’homales prennent en compte la part variable des rémunérations, c’est un problème!». Elle a aussi souligné que la taxe sur les salaires dans les banques et les compagnies d’assurance était un sérieux «handicap» pour la place de Paris.

Allonger les contrats de détachement

Enfin, Jean-Louis Laurens, qui, lui, représente le secteur de la gestion d’actifs française, estime que «la question de la flexibilité est aussi primordiale pour les sociétés de gestion américaine». «Tout le reste est acceptable, même le taux d’imposition car il est de toute façon calculé au niveau mondial».

Le sujet d’un assouplissement des règles (et donc une baisse du coût) touchant le licenciement des employés à hauts salaires (traders...) - car ce sont eux qui sont visés - aura rarement été abordé de façon aussi directe, même si, dans les coulisses, les représentants du secteur financier le poussent depuis déjà des mois. Mais comme l’a rappelé Christian Noyer, ancien gouverneur de la Banque de France et chargé d’une mission sur le Brexit, l’élection présidentielle sera clef: le prochain locataire de l’Elysée pourrait être plus sensible à cette question. Une modification de la convention collective des banques pourrait être envisagée.

Lors de l’audition devant la Commission des Finances du sénat, Jean-Louis Laurens a aussi avancé une piste: allonger la durée des contrats de détachement au-delà de deux ans pour les hauts salaires restés en droit britannique. «Cela ferait sauter un verrou psychologique», jure-t-il.

Vidéo : Comment la place financière de Paris veut profiter du Brexit

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