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Shinzo Abe va promettre 700.000 emplois à Donald Trump

Redoutant le protectionnisme de Washington, le Premier ministre japonais va offrir vendredi un vaste plan de coopération économique.

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Le premier ministre japonais, Shinzo Abe.

Par Yann Rousseau

Publié le 8 févr. 2017 à 17:44

En juin 1957, le Premier ministre japonais Nobusuke Kishi avait affronté le président américain Dwight Eisenhower sur le terrain de golf du Burning Tree Country Club, dans le Maryland. Douze ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les deux hommes s’étaient entendus pour une consolidation de l’alliance entre leurs deux nations et avaient fini leur partie à égalité.

Samedi, Shinzo Abe, le chef du gouvernement nippon, qui est le petit-fils de Nobusuke Kishi, espère arracher une performance similaire lors de son affrontement contre Donald Trump. Le président américain l’a invité à jouer sur un golf de Palm Beach, en Floride, tout près de son resort Mar-a-Lago Club. « Nous espérons que les deux leaders vont pouvoir approfondir leur relation de confiance lors de cette partie », a expliqué, en conférence de presse, Yoshihide Suga, le secrétaire général du Cabinet du Japon.

Match tendu en perspective

Sur le papier, le match s’annonce tendu entre les deux hommes, qui vont se retrouver dès vendredi pour un sommet à Washington. « Le Japon a de nombreuses raisons de craindre les politiques de Trump », résume Brad Glosserman du CSIS dans sa dernière note d’analyse. Le dirigeant américain a maintes fois accusé Tokyo de ne pas contribuer suffisamment aux dépenses de l’armée américaine installée dans l’Archipel

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Il a aussi déjà sacrifié le TPP, l’accord de libre-échange sur lequel le gouvernement nippon pensait pouvoir construire sa stratégie de croissance et son agenda de réformes. Donald Trump menace encore d’imposer des tarifs douaniers prohibitifs aux constructeurs japonais qui importeraient, selon lui, trop d’automobiles sur le marché américain. Il soupçonne aussi Tokyo de dévaluer le yen face au dollar pour pousser ses exportations.

Démonstration

Soucieux de ne pas braquer son allié et son plus grand partenaire commercial, Shinzo Abe assure qu’il va tenter de démontrer calmement à Donald Trump que ces accusations sont injustes. « Je vais rappeler les contributions des entreprises japonaises à l’économie américaine et dissiper les malentendus », a déclaré le Premier ministre, qui devrait notamment pointer les centaines de milliers d’emplois créés par les géants nippons de l’automobile aux Etats-Unis.

Le chef du gouvernement compte toutefois orienter rapidement les échanges sur un plan de coopération économique d’un montant potentiel de 150 milliards de dollars. Un projet compilé ces derniers jours par plusieurs ministères nippons. « Je veux lui parler de notre capacité à créer des emplois aux Etats-Unis », a insisté Shinzo Abe, qui évoquera notamment un gigantesque investissement japonais dans les futures lignes américaines de trains à grande vitesse et proposera un partenariat entre les deux pays dans le développement de robots et de navires autonomes. Tokyo avance le chiffre de 700.000 emplois nouveaux aux Etats-Unis.

En s’inscrivant ainsi dans l’agenda de son interlocuteur, le dirigeant japonais espère étouffer les autres différends économiques et obtenir de Washington une nouvelle célébration de l’alliance entre les deux pays. Shinzo Abe est convaincu qu’il peut s’entendre à merveille avec le dirigeant américain , qui comme lui se méfie de la Chine, semble peu embarrassé par l’autoritarisme de Vladimir Poutine et rêve de voir son pays « great again ».

Trump a-t-il raison de s’en prendre au yen ?

Les stratégistes des marchés de change vont suivre avec appréhension les discussions entre Shinzo Abe et Donald Trump. Ils craignent que leurs projections ne soient bouleversées par un nouveau coup de sang du président américain, qui accuse Tokyo de manipuler le cours du yen pour favoriser l’exportation de marchandises made in Japan. L’administration américaine pointe notamment le déficit commercial de 68,9 milliards de dollars enregistré l’an dernier par les Etats-Unis avec le Japon.Accusé, le gouvernement nippon dément toute dévaluation. Pourtant, il a bien tenté de faire chuter le taux de change de sa devise. Le yen a d’ailleurs plongé de 35 % face au dollar entre l’automne 2012 et l’été 2015. Les marchés étaient alors convaincus que l’assouplissement quantitatif gigantesque orchestré par la Banque du Japon allait déprécier la devise nippone. « C’était une prophétie auto-réalisatrice », explique Richard Katz, l’analyste de  « The Oriental Economist ». Mais cette perception s’est estompée et le yen a vu depuis sa valeur se renforcer. Jeudi, un dollar pouvait acheter 112 yens.Si Donald Trump peut donc s’offusquer d’une  « manipulation », il se trompe lorsqu’il croit que la dépréciation du yen a favorisé l’entrée de marchandises nippones aux Etats-Unis. Les exportations réelles japonaises n’ont pas profité du recul du yen et le déficit commercial enregistré par les Etats-Unis avec le Japon a baissé de 10 % depuis 2012.

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