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A Auxerre, une jeune femme fait la grève de la faim pour dénoncer sa condition de travailleuse pauvre

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Depuis le 6 février, Aurélie, une Auxerroise de 27 ans, s'est lancée dans une grève de la faim avec un slogan "je veux avoir le droit de travailler". Depuis qu'elle a retrouvé un emploi, la jeune femme n'arrive plus à faire vivre sa famille, car trop d'aides sociales lui ont été retirées.

Sur ses pancartes, Aurélie a détaillé ses revenus et ses dépenses: "2 CDI = 2400 euros / Assistante maternelle pour deux enfants: 1000 euros / Remboursement CAF: 290,94 euros / Reste à vivre après loyer, factures : 30 euros.
Sur ses pancartes, Aurélie a détaillé ses revenus et ses dépenses: "2 CDI = 2400 euros / Assistante maternelle pour deux enfants: 1000 euros / Remboursement CAF: 290,94 euros / Reste à vivre après loyer, factures : 30 euros. © Radio France - Elisa Brinai

Elle gagne trop pour toucher suffisamment d'aides sociales mais pas assez pour s'en sortir seule. Aurélie Barbot, 27 ans et deux enfants, n'arrive plus à joindre les deux bouts alors elle a décidé d'agir. Avec ses moyens, c'est à dire aucun. Depuis le six février, l'Auxerroise s'est lancée dans une grève de la faim. Les jours où elle ne travaille pas, elle s'installe le matin devant la mairie d'Auxerre, assise sur un carton et entourée de pancartes. Le reste du temps, elle continue d'occuper son emploi dans une boulangerie, le ventre vide.

Deux CDI et 30 euros à la fin du mois

Aurélie Barbot se présente aux passants qui s'arrêtent: "j'ai 27 ans. Je travaille 35 heures par semaine à la Boulangerie Roy, très réputée à Auxerre. Mon mari travaille aussi, il est clerc de notaire. Nous sommes tous les deux en CDI mais on ne s'en sort pas à la fin du mois."

Aurélie et son mari gagnent, à eux deux, 2400 euros net par mois. Une fois le loyer et toutes les factures payés, il ne leur reste pratiquement rien pour vivre: "tout juste 30 euros, explique-t-elle, alors il y en a marre. C'est pour ça que je fais une grève de la faim. Et puis de toute façon, avec 30 euros par mois, je n'ai même pas de quoi acheter de la nourriture pour ma famille."

S'il faut choisir qui nourrir, ce sera d'abord mes enfants.

Choisir entre travailler ou garder ses enfants

C'est pour faire garder leurs deux enfants de deux et six ans qu'Aurélie et son mari dépensent la majeure partie de leurs revenus: 1000 euros par mois, pour payer une assistante maternelle. "Nous n'avons pas le choix, raconte Aurélie. Nous avons du déménager loin de nos parents pour trouver un emploi et les horaires de la crèche et de la garderie ne nous conviennent pas, car nous finissons souvent après 19 ou 20 heures."

La caisse d'allocation familiale rembourse 290 euros de garde d'enfants au couple et verse 129 euros d'allocations pour les deux enfants. Pour Aurélie, ce n'est pas assez : "avec nos salaires, avoir 700 euros de nounou à notre charge tous les mois, ce n'est pas possible."

Alors certains ont préconisé à la jeune maman d'arrêter de travailler.

J'ai entendu à la CAF et à la mairie, que j'étais bête et que je ferais mieux d'arrêter de travailler pour toucher plus d'aides et m'occuper moi-même de mes enfants.

Aurélie refuse: "je veux travailler! J'aime ce que je fais et en tant que femme, j'ai le droit de travailler."

Revoir le système d'aide

Je ne veux pas d'APL ou d'autres allocations. Je veux simplement qu'on me rembourse mieux l'assistante maternelle pour que je puisse aller travailler.

La jeune femme veut donc interpeller les élus pour qu'ils s'activent et essaient de faire évoluer la législation. Elle a choisi la grève de la faim, car selon elle, seul un acte spectaculaire peut attirer l'attention sur le sort des petites gens. "Je ne le fais pas que pour moi, nous sommes des milliers dans mon cas. Si certains veulent me soutenir, venir s'asseoir à côté de moi, je ne dis pas non!" La jeune femme a créé une page Facebook "j'ai le droit de vivre de mon travail".

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