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Économie

La Cour des comptes dénonce le système Balkany à Levallois-Perret

Dans son rapport public annuel, publié ce matin, les magistrats épinglent "la gestion imbriquée et opaque" de la mairie de Levallois et de ses satellites.

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Patrick et Isabelle Balkany

Le Cour des comptes alerte sur le système Balkany

WITT/SIPA

C’est l’aboutissement d’une plongée de plusieurs années au cœur du système mis en place par Patrick Balkany dans sa ville de Levallois-Perret. Dans son rapport public annuel, publié ce matin, la Cour des comptes fait la synthèse de plusieurs enquêtes sur la gestion de cette ville de 65.000 habitants. Patrick Balkany, maire de 1983 à 1985 et depuis 2001, y règne d’une main de fer à travers de multiples satellites, entreprises publiques et associations, au premier rang desquelles, la Semarelp, chargée des grandes opérations immobilières. "Un système peu transparent, générateur d’irrégularités et de dérives", dénoncent les magistrats.  

La multiplication des structures a contribué à une certaine opacité sur la situation financière de la commune, dont la dette a culminé à 785 millions d’euros en 2009 avant de redescendre à 488 millions fin 2015. Soit 7.500 euros par habitant, un niveau encore quatre fois supérieur à la moyenne. "L’existence d’emprunts structurés à risques dans son encours de dette a été occultée de manière répétée dans la communication institutionnelle de Levallois-Perret", ajoute la Cour. Ces emprunts toxiques ne pesaient que 4% de la dette mais la mairie a dû payer 18 millions d’indemnités pour en sortir.  

Des salaires extravagants

Les magistrats dénoncent surtout les dérives en matière de ressources humaines, notamment dans la politique de rémunération: dépassement des plafonds réglementaires d’heures supplémentaires, attribution de primes injustifiées et salaires extravagants. Jean-Pierre Aubry et Michel Perez, deux cadres proches de Balkany, qui pilotaient à la fois la Semarelp et une de ses filiales, ont touché respectivement 2 millions et 1,8 million en salaires, primes et autres avantages en nature, entre 2009 et 2014. Soit la bagatelle de 25 à 28.000 euros par mois!

Plusieurs élus de la majorité municipale ont aussi bénéficié de jetons de présence en participant aux conseils d’administration des diverses structures. Ainsi, Isabelle Balkany, la première adjointe et épouse du maire, a perçu 36.500 euros après avoir remplacé son mari à la tête du conseil de la Semarelp en mai 2014. Un autre élu, vice-président, s’est vu, quant à lui, rembourser plus de 43.000 euros de notes de frais. "Dans d’autres cas, ce sont des parents proches de ces élus – conjoints, enfants, ascendants – qui exercent des fonctions de dirigeants bénévoles, voire sont salariés de ces mêmes organismes".

Opacité dans l'attribution des logements

Parmi les structures créées, un "comité de développement économique et d’échanges internationaux de Levallois" a permis de financer des déplacements à l’étranger de Patrick Balkany et de son équipe. Une structure dirigée par un ancien collaborateur du maire, "qui, après son départ en retraite, continuait de figurer dans l’organigramme municipal, d’occuper un bureau à l’hôtel de ville et de bénéficier du concours d’une assistante employée par la mairie".

Enfin, la Cour dénonce l’opacité des procédures d’attribution des logements privés dont la gestion a été confiée à la Semarelp par le biais d’un marché public. "De l’examen de la liste des locataires du parc privé communal au 31 décembre 2014, il ressort que des logements sont occupés par des agents municipaux ou leurs proches, par des salariés des associations levalloisiennes subventionnées, des responsables de la Semarelp et de ses filiales, voire des entrepreneurs en relations contractuelles avec ces sociétés".

Au passage, les magistrats regrettent la mansuétude dont a bénéficié Patrick Balkany au sommet de l’Etat. "La surveillance des services de l’État sur les dérives de cette gestion municipale a sans doute été trop intermittente et les mises en garde formulées, trop rares, et peu suivies de rappels plus fermes à la légalité".

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