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IRAN

Mais pourquoi les cambrioleurs iraniens s'en prennent-ils autant aux Peugeot ?

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Si vous jetez un œil sur les réseaux sociaux iraniens, vous pourrez trouver des dizaines de vidéos de caméra-surveillance montrant des cambrioleurs s’introduisant dans des voitures en moins de cinq secondes, montre en main. Ils s’emparent de tout ce qui se trouve dans le véhicule en un clin d’œil. Mais, chose étrange dans ces vidéos, on y voit essentiellement des modèles de la marque française Peugeot.

Les images étonnent par la facilité apparente qu'ont les voleurs à pénétrer dans les voitures. Ils utilisent deux méthodes très simples.

Dans certaines vidéos, on les voit se servir d'un petit pied-de-biche, forcer le cadre de la vitre en une seconde, introduire leur main et ouvrir la porte. Certains y parviennent même à mains nues :

La seconde méthode est encore plus impressionnante. Les voleurs utilisent un simple tournevis. Ils le glissent entre la poignée et la portière et font céder la serrure en un seul mouvement.

La plupart de ces vidéos montrent des cambriolages sur des modèles 206, 405, et 207 de Peugeot. On y voit essentiellement les voleurs s’introduire dans la voiture et s’emparer de tous les objets de valeur. Mais il arrive aussi qu’ils ne s’arrêtent pas là et parviennent à démarrer le véhicule. Et là encore, les Peugeot sont visiblement les cibles favorites de voleurs.

 

 

"Y a-t-il un problème avec les Peugeot en Iran ?"

Iman est un journaliste iranien, spécialisé dans le secteur automobile

 

 

 

Il y a une règle d’or en matière de sécurité automobile : si vous empêchez le voleur d’agir en moins de 30 secondes, vous réduisez très sérieusement le risque.

La première des méthodes est difficile à mettre en œuvre parce qu’elle demande normalement beaucoup de force. Pour empêcher le cambrioleur de plier le cadre de la vitre avec un pied-de-biche, il faut que la carrosserie à cet endroit soit très robuste.

Mais si l’on compare une 405 Peugeot et une "Samand", qui est le même modèle, re-dessiné et fabriqué par le partenaire iranien de Peugeot, Iran Khodro, on constate que la Peugeot pèse 200 kilos de moins pour la même motorisation. Non pas parce que les matériaux seraient plus légers, ou parce que le design serait plus sophistiqué, mais parce que les arceaux de métal qui renforcent les portes sont moins solides.

La police iranienne confirme que les Peugeot sont parmi les cibles favorites des cambrioleurs. Lors d’une conférence de presse le 19 juin 2016, le Général Ali Ghiasvand, chef de la section banditisme de la police iranienne, expliquait que le groupe Peugeot était la deuxième marque la plus volée en Iran.

En 2014 déjà, en présentant des statistiques similaires, il invitait les constructeurs à renforcer "le niveau de sécurité de la production".

>> LIRE SUR LES OBSERVATEURS :

Vidéo : Des gangsters iraniens s'affichent sur les réseaux sociaux

En Iran, des courses-poursuites de la police comme au cinéma

Le journaliste Iman poursuit :

 

 

 

 

La deuxième méthode [celle du tournevis] profite du système ancien de verrouillage qui est utilisé par Peugeot dans plusieurs de ses modèles fabriqués en Iran. C’est un système mécanique facile à manipuler, au contraire des nouveaux dispositifs électroniques qu’utilisent certains concurrents en Iran, notamment Renault.

 

 

 

La rançon du succès ?

Contacté par la rédaction des Observateurs de France 24, Alexis Vannier, responsable de la communication et des relations extérieures de Peugeot pour l'Afrique, l'Asie, l'Inde, le Moyen-Orient et le Pacifique, s’étonne de notre appel. "Les équipes de Peugeot en Iran n’étaient pas au courant de ces vidéos en ligne, et n’ont pas eu de réclamations de leurs clients sur le sujet" assure-t-il.

Pour lui, la première explication réside dans l’ancienneté du parc automobile iranien : "Sur les images, il s’agit essentiellement de 405 produites en Iran dans les années 1980. Ces véhicules ne bénéficiaient pas du même niveau de sécurité qu’aujourd’hui." [Pourtant, sur les vidéos, on aperçoit aussi des véhicules beaucoup plus récents et équipés de plaques minéralogiques délivrées ces dernières années, NDLR].

Quoi qu’il en soit, selon Peugeot, il ne s’agit pas d’un problème de production locale, car "les voitures sont construites avec les mêmes standards de qualité partout dans le monde".

L’autre explication avancée par Peugeot tient à sa popularité en Iran. C’est la première marque vendue dans le pays. Elle représente un tiers du parc automobile iranien. Pour Alexis Vannier, "ce n’est donc pas étonnant qu’elle soit la deuxième la plus volée". Et d’expliquer que Peugeot va revenir en force cette année avec de nouveaux modèles, (2008, 208 et 301), fabriqués sur place dans le cadre de la joint venture avec le constructeur Iran Qhodro, et "avec les mêmes niveaux de sécurité que celles produites en Europe".

 

Les hauts et les bas de l’histoire d’amour entre Peugeot et l’Iran

Peugeot a commencé à produire des véhicules en Iran en 1995. Dix ans plus tard, les revenus dégagés par la marque dans le pays dépassaient le milliard d’euros. L’Iran est devenu en quelques années le centre de production et d’exportation de Peugeot pour tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

Mais en 2012, Peugeot a dû interrompre brusquement sa coopération avec son partenaire local, après les sanctions américaines sur le programme nucléaire iranien (à l’époque, le groupe américain General Motors possédait 7 % du constructeur français). Cette année-là, les ventes de la marque française ont baissé de 16 %.

Après l’accord conclu entre Téhéran et la communauté internationale sur le programme nucléaire iranien, en juillet 2016, Peugeot a amorcé son retour en Iran. Mais ce retour a un coût. Le constructeur automobile français va devoir verser près de 430 millions d'euros d'indemnités pour les pertes infligées par son départ soudain en 2012.

Des indemnités qui prendront la forme d’investissements, de fournitures de pièces détachées, ou encore d’effacement de dettes.

Le prix fort pour conserver une place de leader. Aujourd’hui quatre millions de voitures Peugeot roulent en Iran.

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