Pas sûr que ses propos redonnent de l’allant aux proeuropéens qui, à Bruxelles, en manquent singulièrement – déprimés par le Brexit, l’Amérique de Donald Trump et le désamour des opinions publiques. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a affirmé sur la radio allemande Deutschlandfunk, dimanche 12 février, qu’il ne briguerait pas de deuxième mandat en 2019.
Le Luxembourgeois, 62 ans, a aussi émis des doutes sur la capacité des Européens à rester unis. « Concernant Trump et le Brexit, tout le monde dit : “C’est une grande chance pour l’Europe, l’heure est venue de serrer les rangs et de marcher d’un même pas.” Je souhaite que ce soit le cas, mais est-ce que c’est ce qui va se passer ? J’ai des doutes. Parce que les Britanniques peuvent diviser sans trop d’efforts les vingt-sept autres Etats membres. » Et l’ex-premier ministre du Grand-Duché de poursuivre : « L’UE évolue dans des directions différentes selon les pays, des directions difficilement compatibles entre elles. »
Des propos pessimistes, à quelques semaines de l’ouverture des négociations sur le divorce d’avec le Royaume-Uni, et alors qu’à Bruxelles les négociateurs redisent leur confiance dans l’unité des Vingt-Sept. « M. Juncker est toujours motivé et prêt à se battre comme au premier jour », assurait-on pourtant dans son entourage dimanche.
« Dernière chance »
Le président de la Commission est coutumier de ce type de déclarations brutes. N’a-t-il pas lâché le 6 février, à la fin d’un point de presse avec Bernard Cazeneuve et juste avant un rendez-vous avec le président azerbaïdjanais : « La partie agréable de la journée est terminée » ? Son éviction du gouvernement luxembourgeois, en 2013, et son remplacement par le libéral Xavier Bettel, l’avaient plongé dans une crise de déprime. Il l’avait surmontée en devenant le « Spitzenkandidat » (« chef de file ») des conservateurs du Parti populaire européen pour la présidence de la Commission. Celle de « la dernière chance », avait-il alors indiqué.
M. Juncker a fait cette déclaration à un moment d’autant plus délicat pour l’Europe que, toujours confrontée à Vladimir Poutine, elle pourrait aussi se diviser sur le prolongement des sanctions contre Moscou pour avoir annexé la Crimée. Même si les Etats-Unis ont clairement condamné le rôle de la Russie dans le regain de tension dans l’est de l’Ukraine, l’incertitude demeure sur la réponse de l’administration Trump en cas de mouvements de chars orchestrés par Moscou, alors que le nouveau président a qualifié l’OTAN d’« obsolète ».
La relation avec Washington sera peut-être clarifiée lors de la visite à Bruxelles, lundi 20 février, du vice-président Mike Pence. La haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, Federica Mogherini, qui a eu de premiers contacts avec la nouvelle administration ces derniers jours, l’a, avec fermeté, invitée à « ne pas se mêler » de l’avenir de l’Union.
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