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Sri Lanka

Le Sri Lanka face aux milliers de désertions dans son armée

Le Sri Lanka a interpellé au cours d'une seule journée 546 déserteurs de son armée, affectée par des abandons de poste en masse malgré la fin de la guerre civile, a annoncé un responsable militaire, lundi 13 février.

Des soldats sri-lankais près de Mullaittivu, l'ancien quartier général militaire des Tigres tamouls, le 27 janvier 2009.
Des soldats sri-lankais près de Mullaittivu, l'ancien quartier général militaire des Tigres tamouls, le 27 janvier 2009. ( Photo : Ishara S. Kodikara/ AFP )
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Cela fait 7 ans que le Sri Lanka est sorti d'une guerre civile sanglante, et depuis, l'armée est le principal employeur du pays. Sauf que les autorités courent derrière 43 000 déserteurs qui touchent encore leur salaire mais ne se présentent plus à leur poste.

Ils avaient un mois pour être amnistiés, mais seuls 9 000 soldats se sont présentés pour se démettre de leurs fonctions. Le gouvernement semble donc décidé à dégraisser ses troupes. Illustration avec l'annonce ce lundi de l'interpellation de plus de 500 déserteurs en une seule journée.

L'arrestation de 546 déserteurs jeudi 9 février lors d'un coup de filet a été « la plus importante jamais faite, a déclaré à l'AFP le brigadier Roshan Seneviratne. Ceux qui se rendaient pendant la période d'un mois de l'amnistie pouvaient soit reprendre leur service soit être légalement démis ».

Forte de 275 000 membres, l'armée sri-lankaise a été tout au long de son histoire affectée par les désertions. Mais depuis la fin, en 2009, de quatre décennies de guerre civile entre majorité cinghalaise et minorité tamoule, le rythme des abandons de poste a perduré en temps de paix. Les responsables attribuent notamment ce phénomène à une baisse des primes de risques, et à la croissance d'emplois mieux payés dans le secteur privé.


Analyse

Selon Kurtz Gerrit, chercheur au King's College et spécialiste du Sri Lanka, le pays doit absolument remettre de l'ordre dans ses rangs : « L'armée a besoin de savoir sur qui elle peut compter, si tous ces soldats qu'elle rémunère sont réellement engagés. En clair : si ses troupes sont fonctionnelles. Les effectifs n'ont cessé d'augmenter depuis la fin de la guerre civile pour permettre le contrôle des régions tamoules du Nord et de l'Est et la dépense militaire reste très élevée. L'an dernier, elle représentait la principale dépense de l'Etat, soit 15% du budget total. »

Pour le chercheur, depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans, « le président Sirisena ne s'est pas vraiment attaqué à la réforme de l'armée. En partie, parce qu'elle contribue à l'économie. L'armée, qui occupe le nord du pays, gère des hôtels, des restaurants, construit, les soldats vendent aussi des produits agricoles qu'ils produisent sur des immenses terrains militaires. C'est frustrant pour les soldats, parce qu'ils ont l'impression de faire des petits boulots et ils ont compris qu'ils pourraient gagner plus d'argent dans le secteur privé. Ça fait partie des raisons qui expliquent ces désertions en masse. Si l'armée n'est pas réformée, ça va être très difficile d'avancer sur les réformes de la Constitution et de la justice transitionnelle, qui font partie du processus de réconciliation auquel le gouvernement s'est engagé. »

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