Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Valise nucléaire et photos volées au restaurant : le week-end de Trump raconté en ligne

La Maison Blanche a été accusée de négligence pour avoir laissé des membres du club de Mar-a-Lago photographier des moments relevant de la sécurité nationale.

Publié le 14 février 2017 à 17h46, modifié le 15 février 2017 à 07h27 Temps de Lecture 4 min.

La résidence de Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride, est moins une maison présidentielle secondaire qu’un mélange de club de vacances et de complexe hôtelier.

Quand il n’est pas à la Maison Blanche, Donald Trump décompresse dans sa « Maison Blanche d’hiver ». La résidence de Mar-a-Lago, à Palm Beach, en Floride, est moins une maison présidentielle secondaire qu’un mélange de club de vacances et de complexe hôtelier. Le nouveau président des Etats-Unis en est le propriétaire depuis les années 1990. Il y reçoit ses amis et se mêle à ses clients et leurs invités dans le restaurant, dans les salles de réception, sur le parcours de golf.

C’est là qu’il a souhaité mettre en scène sa rencontre avec le premier ministre japonais Shinzo Abe, et sa femme, venus en visite officielle. Après une conférence de presse, une (très) longue poignée de main et un vol en hélicoptère, documentés par la presse ou son compte Twitter, le week-end de discussions et de golf a eu lieu loin de tout regard extérieur. Sauf de ceux des clients de Mar-a-Lago.

Une pose avec « le ballon de football nucléaire »

Plusieurs moments, dont certains revêtaient un caractère potentiellement top secret, ont été immortalisés non par les photographes du pool journalistique censés accompagner le président dans ses déplacements, gardés à distance, mais sur les comptes Facebook de personnes qui se trouvaient par hasard sur place.

Un certain Richard DeAgazio dînait à Mar-a-Lago, le 11 février. Cet invité d’un soir, investisseur à la retraite, est tombé sur un aide de camp de Donald Trump qui se trouvait être l’homme transportant la valise avec les codes nucléaires, censée suivre le président américain où qu’il aille. Il a posé avec « Rick » pour une photo et l’a mise sur son Facebook pour que ses amis sachent qu’il a rencontré celui qui avait « le ballon de football nucléaire (aussi connu sous le nom de football atomique, le bouton, la boîte noire ou juste le ballon de football) ».

La photo a beaucoup fait parler d’elle en circulant largement sur les réseaux, posant notamment la question de la sécurisation des déplacements du président. Que n’importe qui puisse se prendre en photo et ainsi révéler l’identité de l’homme à la mallette atomique, par exemple, n’est pas très rassurant.

Une autre photo, plus artistique, a également tourné : un Donald Trump souriant et pensif, assis à sa table, entouré par ses conseillers flous en pleine action. Elle a été prise par une autre cliente d’un soir, qui n’a pas eu le temps de l’effacer avant qu’elle soit sauvegardée.

Des responsables du département d’Etat ont tenté d’atténuer les premières « réactions exagérées » aux photos. Ils ont rappelé que ce n’était pas la première fois que l’identité du transporteur de la valise nucléaire était révélée par une photo, concédant que de la mettre sur Facebook était d’assez mauvais goût. En revanche, comme l’a dit au Washington Post Tom Nichols, professeur au Naval War College, tenir, en public, une réunion de crise avec le premier ministre japonais alors que la Corée du Nord a tiré un missile est « bien plus inquiétant ».

Tirs de missile entre la salade et le plat principal

Selon CNN, qui a interviewé des invités du restaurant de Mar-a-Lago, Donald Trump a appris le tir de missile balistique par la Corée du Nord, le 11 janvier au soir, en dînant avec Shinzo Abe.

« Pendant que les riches membres du club regardaient depuis leurs tables, avec une musique de claviers [d’ordinateurs] en fond, le dîner de Trump et Abe est rapidement devenu une réunion stratégique, leurs discussions se faisant aux yeux de tous leurs compagnons de dîner. »

On retrouve Richard DeAgazio, toujours là pour capturer ce moment et le partager avec ses amis Facebook (et éventuellement bien au-delà). Donald Trump est au téléphone, les conseillers américains et japonais s’activent, des ordinateurs et des documents sont sortis et posés sur la table, éclairés par des téléphones portables, la salle n’étant tamisée que par des bougies.

Cette « étrange scène », découverte par hasard en ligne, interroge le Washington Post :

« Il est difficile de se rappeler d’un autre moment récent de l’histoire de ce pays quand un président a semblé s’occuper d’une affaire de sécurité nationale dans un lieu public. »

Entre les membres du club et leurs invités circulaient aussi des serveurs et serveuses, dont certains ont été embauchés il y a quelques mois. D’après le récit de CNN, les serveurs « ont débarrassé la salade et amené les plats principaux pendant que Trump et Abe discutaient avec leurs conseillers ».

« Un homme du peuple »

La Maison Blanche a vite répondu aux accusations d’amateurisme et de négligence en assurant que rien de top secret n’avait été discuté en public. Selon son porte-parole, Sean Spicer, les briefings qui ont précédé et suivi le dîner ont été faits en suivant le protocole sécurisé SCIFF. La discussion pendant le dîner, à la vue de tous, ne portait que sur « les logistiques de la conférence de presse » qui allait suivre. Autrement dit, rien de top secret ou de compromettant n’aurait pu être révélé par erreur.

Richard DeAgazio a effacé son compte Facebook quand la pression médiatique est devenue trop forte. On ne pourra plus voir ses autres photos de Shinzo Abe sur le green ou son selfie avec Stephen Bannon. Avant de passer en silence radio, il a raconté sa soirée à Mar-a-Lago, dont il est un tout nouveau membre.

Il jure que personne ne pouvait entendre ce qui se disait à la table de Trump – tout le monde parle très fort dans les restaurants – et trouve génial que le président des Etats-Unis « choisisse d’être en terrasse, avec les membres du club » pendant un moment de crise : « Ça vous montre qu’il est un homme du peuple ! » L’adhésion d’un an pour les membres du club de Mar-a-Lago coûte 200 000 dollars, une somme qui a doublé depuis que Donald Trump est devenu président des Etats-Unis.

L’espace des contributions est réservé aux abonnés.
Abonnez-vous pour accéder à cet espace d’échange et contribuer à la discussion.
S’abonner

Voir les contributions

Réutiliser ce contenu

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.