Turquie : Orhan Pamuk censuré pour une critique d'Erdogan

L'auteur avait défendu son refus de voter en faveur de la révision constitutionnelle qui renforcerait les pouvoirs du président de la République.

Source AFP

Orhan Pamuk a été récompensé du prix Nobel de littérature en 2006.
Orhan Pamuk a été récompensé du prix Nobel de littérature en 2006. © PANOS/REA

Temps de lecture : 2 min

Orhan Pamuk a-t-il été censuré ? D'après le célèbre auteur turc, un journal a finalement refusé de publier un entretien dans lequel il critiquait la réforme renforçant les pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, soumise à référendum en avril prochain.

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Interrogé par la plateforme Susma (silence), qui combat la censure médiatique en Turquie, Pamuk a déclaré avoir « eu un grand et bel entretien » avec le quotidien Hürriyet, indiqué qu'il allait « voter non au référendum et expliqué les raisons de [sa] décision ». Cet entretien, qui devait paraître lundi, n'a « hélas [...] pas été publié », a ajouté l'auteur de Neige et Mon nom est Rouge, lauréat en 2006 du prix Nobel de littérature. Aucun commentaire n'a pu être obtenu dans l'immédiat auprès du quotidien Hürriyet, fleuron de Dogan Holding, l'un des plus grands groupes de Turquie qui possède notamment des intérêts dans les médias et l'énergie.

Autocensure

Cet épisode illustre l'autocensure dans les médias grand public en Turquie, dans un contexte de pressions croissantes sur la presse, en particulier depuis la tentative de coup d'État du 15 juillet dernier. Après le coup de force, des dizaines de médias ont été fermés et des centaines de journalistes licenciés dans le cadre de vastes purges dont l'ampleur a suscité des critiques de l'Europe. Et à deux mois d'un référendum programmé pour le 16 avril sur une réforme constitutionnelle visant à présidentialiser le système, la pression semble s'accroître davantage.

Un présentateur de la chaîne Kanal D, qui appartient au groupe Dogan, a été licencié la semaine dernière après avoir publiquement annoncé son opposition à la révision constitutionnelle. Dans un communiqué publié mardi, le groupe Dogan a évoqué une « violation » de ses « principes éditoriaux ». « Le devoir des médias Dogan, ce n'est pas d'imposer le oui ou le non », a ajouté la holding.

La réforme constitutionnelle permettrait notamment au chef de l'État de nommer et de révoquer les ministres, promulguer des décrets et déclarer l'état d'urgence. Le texte suscite l'inquiétude d'opposants et d'ONG qui accusent Recep Tayyip Erdogan de dérive autoritaire.

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Commentaires (2)

  • sergio46

    Et dire qu'il y a encore des imbéciles qui voudraient de ce pays quasi-dictatorial en UE !

  • maurice2

    Sauf que Ataturk a créé la Turquie moderne et démocratique quand Erdogan envisage clairement un pouvoir autoritaire, pour ne pas dire dictatorial ! Pas étonnant qu'un homme tel que Orhan Pamuk, Prix Nobel de Littérature 2006 s'oppose au président turc et soit persona non grata en Turquie ! Son pays natal sur lequel il a composé des pages remarquables.