Accéder au contenu principal
Etats-Unis / Venezuela

Le vice-président du Venezuela sur la liste américaine des barons de la drogue

Lundi 13 février 2017, les Etats-Unis ont à nouveau infligé des sanctions financières contre un haut responsable du gouvernement de Caracas. La personne concernée n'est autre que le vice-président vénézuélien. Tareck El Aissami est accusé par les autorités américaines d'être un rouage important du narcotrafic international. L’actuel numéro deux du régime vénézuélien dénonce une «agression».

Tareck El Aissami (g), ici avec le président Nicolas Maduro le 2 février 2017, est considéré par certains analystes comme le futur président vénézuélien.
Tareck El Aissami (g), ici avec le président Nicolas Maduro le 2 février 2017, est considéré par certains analystes comme le futur président vénézuélien. REUTERS/Carlos Garcia Rawlins
Publicité

Le communiqué de presse a été publié en fin de journée lundi 13 février. « Le Bureau du contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain (OFAC) a qualifié le citoyen vénézuélien Tareck Zaidan El Aissami Maddah de narcotrafiquant spécialement désigné, suivant la loi sur la désignation des barons de la drogue étrangers pour jouer un rôle significatif dans le narcotrafic international », peut-on lire. L’administration américaine précise que cette désignation est le résultat de plusieurs années d’enquête.

Tareck El Aissami est l’un des plus influents membres du PSUV, du Parti socialiste unifié du Venezuela. En 2008, il fut nommé ministre de l’Intérieur et de la Justice par le président défunt Hugo Chavez. A partir de 2012, il fut gouverneur de l’Etat vénézuélien d’Aragua, considéré comme l’un des plus violents du pays, jusqu’à ce que l’actuel président, Nicolas Maduro, l’appelle à ces côtés. Le 4 janvier 2017, Tareck El Aissami devient le vice-président du Venezuela.

De multiples accusations

Le Trésor américain accuse l’actuel numéro deux du régime chaviste d’avoir facilité, supervisé ou organisé des livraisons massives de stupéfiants en partance du Venezuela. Ces livraisons ont été menées par avion ou par bateau et avaient pour destination les Etats-Unis ou le Mexique. Toujours selon le Trésor américain, Tareck El Aissami a également facilité – contre paiement – des livraisons opérées par l'un des barons de la drogue vénézuéliens, Walid Makled Garcia, et garanti la protection des trafiquants colombiens. Les autorités américaines estiment aussi qu'il est lié au cartel mexicain Los Zetas.

Un deuxième Vénézuélien est visé dans la même affaire : il s’agit de Samark Jose Lopez Bello, identifié par le Trésor américain comme « prête-nom » de Tareck El Aissami. Selon les enquêteurs, Samark Lopez est en charge de blanchir l’argent de la drogue à travers un réseau de treize entreprises s’étendant du Venezuela à la Grande-Bretagne en passant par les îles Vierges et la Floride.

En conséquence, les avoirs et les entreprises de Tareck El Aissami et de Samark Lopez aux Etats-Unis sont gelés, tout échange commercial transitant par le système financier américain leur est désormais interdit.

Ce mardi, le vice-président vénézuélien a réagi sur son compte Twitter. Il dénonce une « agression impérialiste infâme » de la part de Washington et des « provocations minables ». Quant à Samark Lopez, il dénonce dans un communiqué de presse l’absence de toute preuve dans les accusations américaines à son encontre et une motivation purement politique.
 

 
Le nom de Tareck El Aissami pas inconnu des enquêteurs internationaux
 
La mise en cause de Tareck El Aissami par le Trésor américain n’étonne pourtant pas les enquêteurs internationaux. Le sociologue français David Weinberger, chercheur à l’Institut des hautes études de la sécurité et de la justice, rappelle que le nom de l’actuel numéro deux du régime vénézuélien a été cité à plusieurs reprises ces dernières années par différents acteurs du narcotrafic international, tel que le baron de la drogue vénézuélien, Walid Makled Garcia.

Mais ce qui inquiète avant tout les observateurs étrangers, ce sont les présumés liens entre le désormais vice-président et des organisations islamistes radicales du Moyen-Orient, y compris le Hezbollah libanais. Le Miami Herald cite dans un article daté de ce lundi le Center for Secure Free Society. Ce think tank basé à Washington avait publié un rapport en 2014 accusant Tareck El Aissami d’avoir joué « un rôle clé dans les efforts d’extrémistes musulmans de créer un réseau en Amérique latine afin de financer le terrorisme ailleurs dans le monde ».
 

Selon une opération de la DEA, baptisée le projet Cassandra, le Hezbollah aurait développé une entité de financement exclusif liée au trafic de cocaïne et qui reposerait sur des opérateurs en Amérique latine.

00:52

David Weinberger

Stefanie Schüler

 
Les élus du Congrès américain pour de nouvelles sanctions contre Caracas
 
La nomination, le 4 janvier dernier, de Tareck El Aissami à la vice-présidence du Venezuela avait suscité des inquiétudes aux Etats-Unis. Agé de 42 ans, cet avocat de formation, d’origine libanaise, est en effet l’un des durs du régime chaviste. En pleine crise économique, sociale et politique, le président Nicolas Maduro avait jugé utile de nommer ce soutien sans faille de la révolution bolivarienne à ses côtés. De nombreux analystes voient déjà en Tareck El Aissami le probable futur président du Venezuela.

Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche, les élus républicains et démocrates avaient insisté pour que les Etats-Unis adoptent une ligne plus dure à l’encontre du gouvernement de Caracas. Pas plus tard que le 8 février dernier, 34 membres du Congrès de Washington avaient envoyé une lettre en ce sens au nouveau président.

Sous l’administration Obama, plusieurs hauts dirigeants vénézuéliens avaient déjà été visés par des sanctions américaines. Mais qualifier le vice-président vénézuélien de « baron du narcotrafic international » devrait tendre encore un peu plus des relations bilatérales déjà mal en point entre Washington et Caracas.  

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Partager :
Page non trouvée

Le contenu auquel vous tentez d'accéder n'existe pas ou n'est plus disponible.