Ça se passe en Europe : l'Espagne veut rouvrir sa plus vieille centrale nucléaire
Quatre ans après sa fermeture, la centrale nucléaire de Garoña, près de Burgos, va être remise en fonctionnement.
Par Cécile Thibaud
La centrale nucléaire de Garoña, près de Burgos, dans le nord de l'Espagne, devra être remise en fonctionnement après plus de quatre ans d'interruption. C'est l'avis que vient de prononcer le Conseil de sécurité nucléaire (CSN). Le site, inauguré en 1971, avait arrêté son réacteur en 2012, après avoir passé sa limite d'âge de 40 ans. Les partisans du nucléaire applaudissent aujourd'hui une victoire qui est surtout symbolique, car au moment de sa fermeture, Garoña ne produisait que guère que 6% de l'énergie nucléaire du pays.
Mais quelqu'un veut-il vraiment rouvrir la centrale ? C'est la question qui se pose alors que la compagnie propriétaire, Nuclenor (contrôlée à parts égales par Iberdrola et Endesa), a déjà laissé entendre que les chiffres ne cadraient pas. Le CNS préconise en effet quelque 150 à 200 millions d'investissements préalables à la reprise en marche, ce qui risquerait de rendre impossible toute perspective de rentabilité.
Prolongement des durées de vie des centrales
La très polémique décision de l'arrêt de Garoña, la plus vieille centrale du pays, avait été prise par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, peu de temps après la catastrophe de Fukushima. Il avait décidé de ne pas prolonger la durée de vie des centrales après les 40 ans prévus initialement, préconisant une sortie progressive du nucléaire. C'est sur cette politique que vient donc de revenir le CNS, en ouvrant la porte à des prolongements de fonctionnement de dix à vingt ans.
Lire aussi :
> Nucléaire français : le débat monte sur le démantèlement > LE VRAI/FAUX DES ECHOS Les énergies renouvelables créent-elles plus d’emplois que le nucléaire ?
Même si Garoña ne rouvrait pas, elle aurait ouvert le chemin pour d'autres sites. C'est le cas d'Almaraz, la plus grosse centrale espagnole qui produit actuellement 30% du nucléaire du pays. Proche de la frontière portugaise, elle vise un allongement de durée de vie de 10 ans, ce qui a déjà mis sur pied de guerre le Portugal voisin qui n'a pas été consulté.
De notre correspondante à Madrid