Kellyanne Conway, la conseillère de Trump (presque) persona non grata à la télé américaine

Impossible à interviewer et coupable de mensonges flagrants, la conseillère de Donald Trump, omniprésente depuis l’élection, disparaît progressivement des écrans américains.

Par Jérémie Maire

Publié le 16 février 2017 à 19h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h46

Les Américains (et le reste du monde) vont enfin être un peu tranquilles : Kellyanne Conway, l’omniprésente conseillère senior de Donald Trump, et l’un des deux visages (avec celui de Sean Spicer) de la com’ de la Maison Blanche, va vraisemblablement être moins présente à la télé. Mercredi 15 février, Mika Brezinski a ainsi annoncé que son émission Morning Joe, sur MSNBC, ne la recevrait plus. Une décision motivée, selon la journaliste, par ses apparitions « bancales ou incorrectes ».

Un peu moins d’un mois après la prise de fonction de Donald Trump, Kellyanne Conway rejoint le cercle de plus en plus large des membres de l’administration Trump sous le feu des critiques. En janvier, elle s’était très tôt fait remarquer : quelques jours après la cérémonie d’investiture, Conway avait défendu les déclarations du porte-parole de la Maison Blanche sur la taille de foule présente en inventant le concept de « faits alternatifs ».

Depuis, la conseillère n’avait cessé d'impressionner par sa maestria à ne jamais répondre aux questions qui lui étaient posées. Le site Vox a expliqué sa technique d’évitement, à faire pâlir d’envie n’importe quel communiquant, dans la vidéo ci-dessous : elle consiste à chercher une ouverture pour fuir la question, espérer que l’intervieweur, par politesse, laisse tomber, ou encore prétendre ne pas savoir avant de raconter quelque chose d’invraisemblable – comme inventer un massacre ou extrapoler les propos du président, par exemple. Résultat assuré pour embrouiller tout le monde.

 

 

La décision de MSNBC n'est pas isolée à la télé américaine. Depuis une semaine maintenant, Kellyanne Conway est aussi absente de l’antenne de CNN après un vif échange Jake Tapper. Le présentateur de The Lead l’avait mise devant les contradictions de la Maison Blanche : reprocher aux « médias » de mentir alors que la nouvelle administration a « si peu de considérations pour les faits et la vérité ».

Dans un autre entretien, face à George Stephanopoulos et Matt Lauer dans Today sur NBC mardi, Conway a eu du mal à commenter la démission de Michael Flynn et à justifier son embauche en premier lieu en tant que conseiller à la sécurité nationale, alors que de forts soupçons de chantage de la part des Russes planaient déjà sur le général. « Ce que vous dites n’a aucun sens », a fini par lâcher Matt Lauer, devant les propos fuyants de l’interviewée. Le même jour, sur CBS cette fois-ci, le journaliste Scott Pelley l’a qualifiée de « fabuliste sans peur », dans l’émission Evening News.

Ethique douteuse, extrême droite et trahison de couloir

Les reproches faits à Kellyanne Conway ne se cantonnent pas aux médias. La conseillère énerve aussi dans son propre camp. Interrogée le 9 février sur Fox News à propos d’un tweet déplacé du président, qui se plaignait que la ligne de vêtements de sa fille ait été retirée de la vente d’un magasin de luxe, la conseillère a soutenu son boss et a même enjoint les téléspectateurs d’« aller acheter les produits d’Ivanka ».

Cette publicité venant d’une personnalité de l’administration n’a pas plu au Bureau de l’éthique du gouvernement, dont la mission est justement de prévenir tout conflit d’intérêts au sein du gouvernement fédéral et qui a ordonné une enquête. « Il y a de fortes raisons de croire que Mme Conway a violé les normes de conduite et qu’une mesure disciplinaire serait justifiée », a écrit le directeur du Bureau, dans une lettre au responsable de la question de l'administration Trump. Il a jusqu’au 28 février pour livrer ses conclusions… même si cette action peut n’avoir aucun effet.

En outre, Kellyanne Conway se retrouve aussi au centre de possibles manœuvres pour écarter de son poste Sean Spicer, le porte-parole de la Maison Blanche. Une rumeur dit que celui-ci n’aurait plus les faveurs de son patron. Mais selon CNN qui citent plusieurs sources, ces bruits de couloirs émaneraient en fait tous d’une seule et même personne... Kellyanne Conway : « Elle est clairement en train de mener campagne pour faire savoir que [Spicer] n’est pas fait pour le job et que plusieurs candidats défilent », expliquent un cadre du parti républicain, qui complète : « Elle rend le boulot de Spicer impossible. » La principale intéressée s’est défendue : son collègue est quelqu’un de « tenace » et elle-même « essaie de réduire » sa propre présence à la télévision.

Enfin, un mini-scandale a enflammé les réseaux sociaux, quand Conway a retweeté le message d’un soutien nationaliste peu fréquentable et à qui elle a adressé un « Moi aussi je vous aime ». Si elle a depuis supprimé les messages, elle s’est justifiée ainsi : « Tout le monde fait des erreurs. » Les accumuler pourrait lui faire perdre son poste.

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