Police équipée de caméras: un bilan mitigé

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Royaume-UniPolice équipée de caméras: un bilan mitigé

Les policiers de 12 unités ont des uniformes équipés de caméras. La police affirme leur efficacité, les citoyens s'interrogent.

Image d'archive - la police municipale de Londres notamment a équipé deux tiers de ses agents de telles caméras portatives.

Image d'archive - la police municipale de Londres notamment a équipé deux tiers de ses agents de telles caméras portatives.

AFP

Au moment où les accusations de maltraitance policière se multiplient en France et aux Etats-Unis, le Royaume-Uni a pris le parti d'équiper ses policiers de caméras. Et ce, malgré les inquiétudes suscitées par une surveillance étatique chaque jour plus grande.

La police métropolitaine de Londres a équipé plus de 22'000 agents (sur 31'000) de caméras fixées sur leur uniforme. Cela «aidera les agents à collecter des preuves et à démontrer leur professionnalisme», avait-elle affirmé. Cette unité fait partie de la douzaine dans le pays à tester ce dispositif depuis la mort de Mark Duggan, tué en 2011 par la police. L'affaire avait déclenché des émeutes dans la capitale britannique.

Les plaintes contre les violences policières aux Etats-Unis et le récent viol présumé, à l'aide d'une matraque, d'un jeune Noir en banlieue parisienne ont relancé le débat sur l'usage de ces caméras.

La police britannique affirme qu'elles ont permis de désamorcer des tensions lors d'interventions et d'accélérer les poursuites judiciaires. Mais l'absence d'obligation légale de les utiliser peut limiter la révélation de comportements anormaux de la part de la police tandis que les défenseurs de la protection de la vie privée critiquent leur usage.

A bien plaire

«Bien que nous comprenions les avantages apparents de la transparence liée à l'usage des caméras, nous avons de profondes préoccupations quant au déploiement de technologies à des fins sécuritaires», a déclaré à l'AFP Renate Samson, à la tête de l'organisation de défense des droits des citoyens Big Brother Watch.

Des policiers chargés de surveiller la circulation routière à ceux contrôlant le paiement des tickets de stationnement, tous y voient «la solution à une série de problèmes». Avant d'ajouter: «mais nous pourrions nous retrouver à être filmés en permanence par tous les agents circulant dans les rues», craint-elle.

Et quand un jeune homme a été tué par balle le mois dernier par la police du West Yorkshire lors d'une course-poursuite, rien n'a été enregistré. Or les caméras sont largement utilisées au sein de cette force de police, ont dénoncé la famille et des associations.

Le ministère de l'Intérieur préconise que «la décision d'enregistrer ou pas un incident revient à l'utilisateur» de la caméra. Il précise juste que le fait de ne pas enregistrer «est susceptible de donner lieu à des explications devant la justice». Le chef de la Metropolitan Police Bernard Hogan-Howe a affirmé que «les gens sont plus enclins à plaider coupables quand ils savent que nous avons enregistré l'incident», ce qui «accélère le processus judiciaire».

Violences domestiques

Les caméras se sont également révélées «très efficaces dans les cas de violences domestiques», a-t-il ajouté. Ses services citent aussi une étude de l'université de Cambridge menée pendant un an auprès de 2000 policiers britanniques et américains, selon laquelle l'introduction de caméras a permis de réduire de 93% les plaintes contre la police.

Deborah Coles de l'organisation Inquest, qui milite pour la responsabilisation de la police, a salué «prudemment» l'usage de ces caméras, jugeant qu'elles ne constituaient pas «la panacée». «C'est au gouvernement de s'assurer que la police les utilise correctement et qu'elle ne les éteint pas», a-t-elle souligné.

Indéfiniment

Au Royaume-Uni, les policiers équipés doivent informer les personnes approchées que les échanges vont être enregistrés. Celles-ci peuvent demander à ce que l'enregistrement cesse mais la police n'est pas obligée de se plier à cette demande.

Les images sont automatiquement téléchargées et les vidéos non utilisées sont automatiquement détruites sous 31 jours. Si l'enregistrement est jugé utile, il peut être conservé indéfiniment, soulevant ainsi des questions sur la protection de la vie privée. «La majorité des gens ont des inquiétudes liées à l'usage des caméras», note Renate Samson. «Les capacités de surveillance ne font que croître mais les échanges avec les gens ne se sont pas améliorés», estime-t-elle. (nxp/ats)

(NewsXpress)

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