A Bure, les anti-nucléaires manifestent au bois Lejuc
Ils étaient un peu plus de 500 personnes ce samedi à venir protester à Bure, dans la Meuse, contre le projet Cigéo d'enfouissement de déchets radioactifs. Un rassemblement dans le bois Lejuc, forêt devenue le symbole de la mobilisation des anti-nucléaires.
Des masques de hibou de toutes les couleurs, c'est ce que portent de nombreux manifestants, une façon de se cacher le visage mais aussi un clin d'oeil à la forêt. Parce que c'est bien pour le bois Lejuc qu'ils sont là. C'est sur ce site que l'Andra, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs, qui porte le projet d'enfouissement de déchets radioactifs, veut construire des cheminées d'aération de galeries souterraines. Les anti-nucléaires occupent ce bois depuis des mois, mais ce samedi, il s'agissait de marquer le coup, alors qu'ils pourraient bientôt être expulsés de la forêt.
Ils sont plus de 500, des militants anti-nucléaire, quelques habitants du coin, des opposants venus d'ailleurs. Un bus est même venu de Notre Dame des Landes. Mais Xavier, maraîcher à quelques kilomètres d'ici, rêve à une manifestation géante : "Il faudrait qu'on soit 20 000, 30 000 ! Le projet d'aéroport à Nantes, c'est catastrophique, mais le nucléaire est dangereux pour une durée encore bien plus longue !"
Le cortège, d'abord réuni au centre du village de Bure, se met en marche, direction le bois Lejuc. Les occupants en profitent pour faire visiter la forêt. Ici, des morceaux de mur construits par l'Andra et démolis cet été par les manifestants.
Là, des cabanes accrochées dans les arbres. Pour John, l'un des militants, "contrairement à ce que dit l'Andra, ce n'est pas seulement de la dégradation, c'est une vision de construction, d'habitation et de vie".
La suite du programme, c'est une marche vers le laboratoire de l'Andra, à quelques centaines de mètres, lourdement protégé par plusieurs camions de gendarmes mobiles. Des grilles ont déjà été renversées cette semaine, mais pour Claude Kaiser, conseiller municipal dans une commune de la Meuse, la violence n'est pas du côté des manifestants : "Nos actions sont parfois qualifiées de violentes et d'illégales, mais c'est ridicule par rapport à ce qu'ils font". L'association des élus opposés à l'enfouissement des déchets radioactifs dont il fait partie "soutiendra jusqu'au bout tous les opposants quelque soit les actions qu'ils utilisent".
Des affrontements ont finalement eu lieu en fin d'après-midi devant le laboratoire, entre manifestants et forces de l'ordre. La préfecture de la Meuse indiquait samedi soir que des dégradations ont été constatées sur le site de l'Andra, notamment sur des clôtures, et que l'Agence allait porter plainte. Les opposants déclarent quant à eux deux blessés.
Des batailles juridiques
Pour l'instant, les opposants restent dans le bois Lejuc. Le tribunal de Bar-le-Duc doit se prononcer mercredi 22 février sur une éventuelle expulsion. D'autres batailles devant la justice les attendent : le 28 février, le Tribunal administratif de Nancy doit dire si oui ou non, la cession du bois Lejuc à l'Andra s'est faite dans les règles. Nous avons contacté l'Andra qui n'a pas répondu à nos sollicitations.
VOIR AUSSI : Notre dossier sur le projet Cigeo à Bure
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