Internet : l'Afrique aura enfin son nom de domaine « .africa »

Après des années de tractations et de batailles judiciaires, l'organisation sud-africaine, ZA Central Registry, a désormais le droit de commercialiser le nom de domaine « .africa ».
Mehdi Lahdidi

Excellente nouvelle pour les éditeurs de sites web africain. Le régulateur d'Internet, la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers, en anglais, plus connue sous son abréviation ICANN) vient d'annoncer qu'elle commencerait le processus de la délégation du domaine générique de haut niveau dotAfrica (.africa) à l'organisation sud-africaine, ZA Central Registry (ZACR). Autrement dit, il sera possible, dans quelques semaines, pour les personnes et les organisations africaines d'acheter le droit d'utiliser le nom de domaine.

L'annonce intervient après que la Cour supérieure de Californie ait autorisé le régulateur mondial d'Internet à déléguer le « .africa » à la structure sud-africaine. Le litige qui oppose l'ICANN à DotConnectAfrica (DCA), une structure basée à l'île Maurice qui elle aussi a les yeux rivés sur le nom de domaine continental, est pourtant toujours en cours.

 Les noms de domaine, une affaire stratégique...

Tout a commencé quand l'ICANN avait décrété que les noms de domaines « .com » et « .net » étaient saturés. Une situation qui a obligé l'entité à ouvrir de nouvelles possibilités. Presque toutes les activités ont eu leur propre nom de domaines. Des adresses web se terminant par « .fish », « .lawyer » ou même « .fail » sont apparu dès lors sur internet. Mais ce n'était pas forcément une chose facile. Vu la rentabilité et l'aspect stratégique que peuvent avoir les noms de domaines, des batailles avaient éclaté entre plusieurs acteurs. Mais la plupart des différends ont été résolus à l'amiable ou en mettant ces domaines aux enchères. En janvier 2016, par exemple, GMO Registry, un opérateur de noms de domaines privé basé au Japon a payé 41,5 millions de dollars américain pour commercialiser le nom de domaine «. shop ».

 Historique d'une bataille ouverte...

 Seule l'Afrique n'a pas eu son propre nom de domaine à cause de la bataille entre ZA Central Registry et DotConnectAfrica. Et vu le caractère géographique et culturelle du nom de domaine, il n'était pas possible de le mettre aux enchères. Du coup, l'ICANN a exigé que les demandeurs d'un domaine géographique obtiennent l'appui de 60 % des gouvernements de la zone disputée. Une règle qui a finalement provoqué une situation insolite, puisque les deux candidats ont présenté leurs demandes et ont affirmé avoir l'appui de la Commission de l'Union africaine, en 2012. En fait, DotConnectAfrica avait annoncé avoir reçu la bénédiction de la commission en 2009, avant que celle-ci ne retire ce soutien pour appuyer le dossier ZA Central Registry. Ainsi, ICANN a finalement légué le « .africa » au ZA Central Registry, début 2014. Une décision qui n'était évidemment pas au goût de de DotConnectAfrica qui a demandé une révision interne. Une opération qui a duré deux ans, pour au final, aboutir à la confirmation de la décision initiale.

C'est alors qu'a commencé un véritable marathon judiciaire après que DotConnectAfrica ait déposé une plainte contre l'ICANN pour fraude et pratiques commerciales déloyales et a demandé à un tribunal fédéral des États-Unis de bloquer l'organisation de l'attribution du nom de domaine au Registre central ZA pendant le procès. Si la dernière demande a finalement été refusée, la plainte contre l'ICANN est toujours en cours... Cela n'empêchera pas plusieurs groupes et organisations d'adopter le nouveau nom de domaine, et à leur tête l'Union Africaine.

Mehdi Lahdidi

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Commentaires 2
à écrit le 17/02/2017 à 15:15
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Très bonne nouvelle pour l'Afrique et nous autres Africains. Parfois on a l'impression qu'on est inexistant dans le domaine de l'internet. Avec ce nom de domaine, on signera nos initiatives et on aura un peu plus de publicités pour le continent noir.

le 22/02/2017 à 17:46
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Encore qu'il faille que nous les africains en comprenions l'enjeu. Jusqu'ici l'adoption des CCTLD a du mal à décoller

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