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Congo-Brazzaville

Mort du colonel Ntsourou: l'opposition réclame une enquête internationale

Toujours beaucoup d'interrogations après la mort du colonel Marcel Ntsourou au Congo. L'ancien numéro deux des services de renseignements qui purgeait une peine d'emprisonnement à perpétuité pour, notamment, « rébellion, détention illégale d'armes de guerre », est mort vendredi 17 février à l'hôpital central des armées de Brazzaville. L’avocat de Marcel Ntsourou ainsi que l’opposition réclament une enquête internationale.

Le colonel Ntsourou à la barre lors de son procès, à Brazzaville, le 2 juillet 2014.
Le colonel Ntsourou à la barre lors de son procès, à Brazzaville, le 2 juillet 2014. AFP PHOTO/GUY-GERVAIS KITINA
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Le mystère demeure autour de la mort du colonel Ntsourou. Selon un communiqué de l’hôpital militaire de Brazzaville où il a été admis en urgence, l’ancien numéro deux des services de renseignements congolais est décédé après avoir été victime d'un malaise dans sa cellule alors qu’il avait 60 ans.

Le procureur de la République de Brazzaville, André Ngakala Oko, a annoncé avoir ordonné à la police judiciaire d'ouvrir une enquête. Maître Amédée Nganga, un de ses avocats demande plutôt une enquête internationale avec une autopsie.

« Il y a pratiquement 72h, j’ai eu de ses nouvelles et il ne m’a pas dit qu’il avait des inquiétudes. S’il avait des problèmes de santé, ça aurait pu être simplement des problèmes de tension, mais il avait des médicaments pour ça, a expliqué au micro de RFI Maître Nganga. Maintenant, il serait judicieux qu’on puisse mettre en place une commission d’enquête indépendante pour savoir réellement ce qu’il s’est passé. Mais quoiqu’il en soit, l’innocence d’un homme, la dignité d’un homme a été bafouée par une justice qui n’en est pas une. Dans tous les cas, quelles que soient les raisons qui aient pu conduire au décès de ce monsieur, il n’en demeure pas moins vrai que le chef de l’Etat assume toute la responsabilité du décès, à cause de ce long séjour arbitraire en prison ! Car rien ne caractérisait les infractions qu’on lui reprochait, puisqu’il n’en était même pas, ni de près ni de loin, l’auteur. »

Enquête internationale et autopsie

Au Congo-Brazzaville, la nouvelle de la mort du colonel Ntsourou a suscité de nombreux commentaires. Claudine Munari, présidente de la Fédération d'opposition IDC-FROCAD-CJ3M, la juge « triste et inquiétante ». Elle estime que l'Etat a failli à sa mission de protéger un citoyen et réclame, elle aussi, une enquête internationale sur les circonstances du décès de l'officier.

« Cette nouvelle, elle est triste pour nous, mais elle est inquiétante aussi. Parce qu'aujourd’hui c’est Ntsourou, demain à qui le tour ? Ntsourou n’était pas un prisonnier politique au sens où nous le sommes, les militants de la Fédération, mais c’est un citoyen Congolais, l’Etat doit respecter les droits des uns et des autres, a affirmé Claudine Munari. Je ne veux pas faire le procès d’Ntsourou, juger Ntsourou, mais je dis seulement [que] l’Etat faillit à son devoir de protection des citoyens. Ntsourou était sous leur responsabilité. On nous dit qu’il a fait un arrêt cardiaque. Mais sur quelle base ? Est-ce qu’on a fait une autopsie ? [Dans] ce pays, on arrête les gens, ils sont à la maison d’arrêt, ils meurent, on ne fait pas d’autopsie, on nous donne des raisons comme ça leur vient. Ce n’est pas comme ça, l’Etat de droit. On va réclamer une enquête internationale parce que si elle n'est que nationale, franchement, la messe est dite »

Une enquête internationale « superflue » pour le gouvernement

Le porte-parole du gouvernement congolais a réagi à la demande d'enquête indépendante formulée par les avocats du colonel Ntsourou et l'opposition. Thierry Moungala, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement, dit comprendre l'émotion de la famille à laquelle il présente ses condoléances mais appelle à garder « raison et sérénité ». Il promet que les résultats de l'enquête seront rendus publics et ne voit donc pas l'intérêt d'une enquête parallèle.

« D’abord, je ne comprends pas la notion de "commission d’enquête indépendante", c’est une notion qui m’échappe sur le plan juridique, explique-t-il. Deuxièmement, je crois que tout le monde a suivi le communiqué du procureur de la République, qui a annoncé qu’il diligentait une enquête à travers la police judiciaire. Parce qu’effectivement il y a eu mort d’homme, que cette mort d’homme se passe dans des conditions brusques qui semblent être, à ce stade des investigations, un arrêt cardio-respiratoire, c’est-à-dire un évènement brusque et imprévisible. Donc il est logique que le procureur engage une procédure. Alors, toute autre procédure serait à la fois superfétatoire et superflue, puisque je ne vois pas ce qu’une commission dite indépendante pourrait apporter de plus que les investigations de la justice congolaise. »

Sur la demande d'autopsie, le ministre Moungala ne se prononce pas, seul le procureur peut décider, précise-t-il. Le porte-parole du gouvernement assure que la veuve du colonel Ntsourou qui est en France et qui a annoncé sa venue à Brazzaville aura, conformément aux traditions, accès à la dépouille de son époux. « Ce sont des choses qui ne posent strictement aucun problème, bien entendu », a assuré le ministre.
 

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