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La politique ? « Plus rien à faire, plus rien à foutre »

Dans un ouvrage, le politologue Brice Teinturier considère que le détachement vis-à-vis de la politique pèsera de manière déterminante sur la présidentielle.

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Publié le 20 février 2017 à 06h43, modifié le 21 février 2017 à 12h02

Temps de Lecture 4 min.

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« Plus rien à faire, plus rien à foutre, la vraie crise de la démocratie », de Brice Teinturier, Ed. Robert Laffont, 198 pages, 18 €.

Tenter de déchiffrer la campagne présidentielle dans laquelle nous sommes engagés relève de la gageure, tant elle paraît décousue et confuse.

Dans le brouillard actuel, deux attitudes sont possibles. La première consiste à se raccrocher à la confrontation à l’œuvre entre les forces politiques dûment répertoriées : un Front national (FN) conquérant, une droite qui se voyait déjà victorieuse et qui se trouve déstabilisée par l’affaire Fillon, deux gauches antagonistes et un objet politique non encore identifié en la personne d’Emmanuel Macron.

Pour Brice Teinturier, cependant, cette grille d’analyse est obsolète et repose sur « une erreur d’optique fondamentale ». Car elle occulte l’émergence, depuis une dizaine d’années, d’une force qui, à ses yeux, pèsera de façon déterminante sur le scrutin à venir et sur les suivants.

La déception s’est installée

Cette force n’a pas de visage, mais le directeur général ­délégué de l’institut de sondages Ipsos lui a donné un nom : le « PRAF ». Traduction polie : « Plus rien à faire ». Ou, plus exaspérée : « Plus rien à foutre ». De quoi ? D’une parole publique démonétisée, de jeux politiques artificiels et tournant à vide, d’un système démocratique privé de sens et d’efficience.

Cette attitude a une histoire et des racines multiples. Pendant un quart de siècle, entre 1958 et 1982, les Français ont été des « croyants » de la politique : « On était passionnément gaulliste, communiste ou socialiste », rappelle l’auteur.

Durant un autre quart de siècle, entre 1982 et 2007, c’est la déception qui s’est installée : la promesse mitterrandienne de « changer la vie » s’est envolée, l’engagement chiraquien, en 1995, de réduire la « fracture sociale », aussi, et le FN a fait son miel de ces désillusions.

« Double rejet » d’une violence inédite

Depuis dix ans, c’est le PRAF qui s’est emparé des esprits. Du fait du changement de génération des principaux candidats (Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou), de leur énergie et de leur capacité d’innovation, l’élection de 2007 aurait pu ra­viver « une forte espérance dans la politique ».

Faute de résultats, notamment dans la guerre contre le chômage et la résolution des problèmes lancinants qui minent le pays, c’est l’inverse qui s’est produit. Le quinquennat sarkozyste, puis celui de François Hollande ont provoqué un « double rejet » d’une violence inédite dont on mesure les dégâts : d’une part, la progression « fulgurante » du FN, d’autre part, « une autre secousse souterraine mais tout aussi importante, la naissance dans l’opinion du “plus rien à faire” vis-à-vis de la politique ».

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