An employee works at a laptop computer at the Jerusalem Venture Partners JVP Media Labs, situated in the JVP Media Quarter in Jerusalem, Israel, on Wednesday, Oct. 21 , 2015. Jerusalem Venture Partners, founded in 1993 by investor-turned-politician Erel Margalit, has about $900 million under management and runs a cybersecurity incubator in the southern city of Beersheba. Photographer: Rina Castelnuovo/Bloomberg via Getty Images

Dans "Bienvenue dans le nouveau monde, Comment j'ai survécu à la coolitude des startups", Mathilde Ramadier lève le voile sur les coulisses des start-up.

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"Entre 2011 et 2015, j'ai travaillé pour plusieurs start-up à Berlin, en free-lance ou en tant que salariée. J'écris des bandes dessinées, mais j'avais besoin d'un job d'appoint", raconte Mathilde Ramadier. Elle décroche deux postes, l'un en tant que country manager chez The base (1) un projet de site de données sur l'art contemporain, l'autre comme manager de contenus chez Vesta, spécialisée dans la vente en ligne d'objets design.

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Forte de ces expériences, dans son ouvrage Bienvenue dans le nouveau monde, elle dénonce des conditions de travail déplorables, loin de l'image cool que veulent mettre en avant ces "génies" du web.

900 euros par mois pour des journées de 9 à 11 heures

Premier choc pour Mathilde, la précarité de l'emploi. En 2013, pour son premier poste de country manager chez The base, Mathilde, diplômé d'un master de philosophie, accepte un CDD de deux mois en 4/5e payé... 900 euros brut par mois. Contrats courts ou peu payés, journées de 9 ou 11 heures, "c'est monnaie courante dans les start-up, alors qu'on était tous diplômés bac+5 et polyglottes".

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Le salaire ne fait pas tout, certes. Mais la jeune femme déchante vite aussi sur les missions qu'elle est censée mener. "En entretien, les dirigeants étaient très enthousiastes. On me disait que j'allais évoluer. Mais en réalité, mes tâches étaient répétitives et abrutissantes." Chez Vesta, Mathilde raconte ainsi avoir passé six mois "à écrire et répéter les mêmes mots dans les newsletters commerciales. Un vrai perroquet." Abrutissant. "J'étais vidée en sortant du boulot." Chez The Base, pas question de développement commercial dans son poste de country manager pour la France. Elle passe ses journées à chercher des informations pour bâtir la base de données. Et finira par jeter l'éponge au bout de trois semaines. "Les gens qui démissionnent, c'est courant dans les start-up."

Des jeunes patrons aux dents longues

Ces jeunes entreprises revendiquent un univers cool, jeune, sans hiérarchie ou presque? Mathilde Ramadier dépeint l'inverse, évoquant des jeunes patrons aux égos surdimensionnés, organisant une compétition constante entre salariés. "Le fondateur de The base, un jeune diplômé d'Harvard, aimait organiser des shows, ou chaque manager présentait son boulot en un quart d'heure. Nous devions ensuite voter sur une plate-forme internet pour la meilleure présentation."

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Un esprit de compétition qui est loin de convenir à tous. "Les salariés devaient afficher tous les jours leurs objectifs sur un tableau. Chaque matin, la responsable qualité de 23 ans passait nos résultats en revue. Nous étions tous sous pression. J'ai vu des gens aller mal. Une fille qui venait de Tel-Aviv s'est faite licenciée du jour au lendemain faute d'avoir atteint ses objectifs".

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Mathilde est heureuse d'avoir tourné la page. "Les CEO cherchent à valoriser leur start-up au plus vite. Ils pensent toujours au coup d'après. Chez The base, le boss n'avait que 27 ans, et il n'en était pas à sa première boîte. Aujourd'hui, Vesta a été revendue. Quant à The Base, j'ai appris que tout le monde était parti. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus."

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