A l'Assemblée nationale, le groupe d'amitiés avec le Qatar est l'un des plus prisés: 53 députés en sont membres, sous la présidence de Maurice Leroy, élu du Loir-et-Cher. Curieusement, nombre d'entre eux ont du mal à l'admettre quand on les interroge. "De toute façon, ce truc-là, je n'y vais jamais", répondent ces élus embarrassés à la journaliste Bérengère Bonte, auteur d'un nouveau livre bien étayé sur les relations des politiques français avec le Qatar (1).
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Drôle de groupe, en effet, censé développer des amitiés parlementaires avec un parlement qatari qui n'existe pas... La raison de cet engouement si discret? Les Qataris sont réputés généreux. "A la grande époque [de l'ambassadeur Mohamed Jaham al-Kuwari], jusqu'en 2013, les membres du groupe étaient quasi assurés d'un week-end à Doha" pour un "forum" annuel, raconte-t-elle. "Avec des chèques?" demande-t-elle à Maurice Leroy. Réponse: "Oh, tout est très différent aujourd'hui, ça s'est arrêté, mais oui, Al-Kuwari a dû faire ce genre de choses."
Entre bienveillance et complaisance
Lors d'un déjeuner, en avril 2015, au Palais-Bourbon, certains députés, toutefois, n'ont pas hésité à questionner le ministre des Affaires étrangères du Qatar, de passage à Paris, sur les soupçons pesant sur des citoyens de son pays accusés par le Trésor américain de financer le terrorisme. Le ministre est furieux. "Des témoins prétendent que l'on en vient presque aux mains", écrit-elle.
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Un moment rare de franchise, selon l'auteur, qui s'étonne du silence assourdissant des parlementaires dans une affaire où Paris a contraint, sous la pression du procureur du Qatar, le proviseur du lycée français Bonaparte, à Doha, à réintégrer en classe une Egyptienne qui refusait de quitter son voile. Au détriment de la loi française interdisant les signes religieux ostentatoires à l'école.
(1) La République française du Qatar. Petits arrangements et grandes compromissions, par Bérengère Bonte (Fayard). A paraître le 27 février.
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