Les grandes enseignes multiplient les engagements en faveur de la qualité
Carrefour va aider 300 fermes à se convertir au bio. Système U et Leclerc font monter en gamme leurs marques de ditributeur.
Quand les deux enseignes leaders de la grande distribution enchaînent à dix jours d'intervalle les campagnes de publicité pour annoncer leurs nouveaux engagements en faveur de la qualité alimentaire, c'est le signe que le marché est en train de changer. « Consommation responsable » pour Leclerc, « Meilleur chaque jour » pour Carrefour : les slogans pointent les nouvelles tendances de consommation.
Les Français consomment moins, mais mieux. En 2016, les ventes de produits de grande consommation ont légèrement baissé en volume (selon IRI) alors même que les prix ont continué à baisser. Malgré cela, les chiffres d'affaires ont un peu progressé : les clients ont réinvesti les économies faites sur les grandes marques sur des produits de meilleure qualité, bio notamment (lire ci-dessus).
Selon une étude de l'Obsoco, 8 Français sur 10 portent une attention croissante à la qualité de ce qu'ils achètent. La même proportion (enquête TNS Sofres pour le SIAL) estime que ce qu'ils mangent a un impact sur leur santé. « Jamais les consommateurs n'ont autant questionné producteurs et distributeurs », résume Leclerc.
Les réponses ne se sont pas fait attendre. Super U s'est engagé à supprimer 90 substances controversées de plus de 6.000 produits à sa marque. Leclerc a pris l'engagement de réduire de moitié l'utilisation de pesticides dans les filières de production de fruits et légumes commercialisés dans l'enseigne. Celle-ci a surtout fait monter en gamme sa marque propre Repère, historiquement construite sur le prix bas.
Bien-être animal
Carrefour a, de son côté, annoncé ce mardi quatre nouvelles initiatives. D'abord, l'aide à la conversion au bio de 300 fermes d'ici à 2020 grâce à des contrats de trois à cinq ans sur les volumes et les prix. Une nouveauté. L'enseigne va aussi déployer de nouvelles filières animales sans antibiotiques, et végétales sans pesticides, dont la pomme et la pomme de terre. Elle va également créer une certification pour le bien-être animal et utiliser les « blockchains » (système d'échange de données entre professionnels sécurisé) afin d'améliorer la transparence de ses filières animales. « Nous vendons aujourd'hui plus d'un million de poulets sans antibiotiques par an et 20 % de notre jambon », explique Bruno Lebon, directeur des produits frais Carrefour. Lequel parle de la qualité comme d'« un sujet stratégique ». Face à la demande, la ressource en produits de qualité va se raréfier. Le fondateur d'Intermarché, Jean-Pierre Le Roch, l'avait compris avant tout le monde il y a des décennies en dotant son réseau d'un pôle agro-industriel pionnier de la contractualisation avec les agriculteurs.
Philippe Bertrand