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Des féministes chinoises bannies de Weibo pour des messages anti-Trump

Un collectif a été suspendu du réseau social chinois pour trente jours après y avoir publié la traduction d’un appel à la grève contre Donald Trump.

Publié le 22 février 2017 à 17h05, modifié le 23 février 2017 à 06h37 Temps de Lecture 3 min.

Page d’accueil du compte « La voix du féminisme » sur le réseau social Weibo.

Le compte « La voix du féminisme en Chine » n’a plus voix au chapitre sur Weibo, l’équivalent chinois de Twitter. Il a été suspendu pour une durée de trente jours, mardi 21 février, pour avoir partagé une tribune, traduite de l’anglais, demandant aux femmes du monde entier un sursaut militant pour combattre la politique « misogyne, homophobe, transphobe et raciste » du président américain, Donald Trump.

Le texte appelait notamment à une « grève internationale contre la violence masculine et en défense des droits des femmes » le 8 mars, date de la Journée internationale des droits des femmes. La tribune originelle, qui défendait une union des mouvements féministes dans le monde, avait été publiée le 6 février dans le Guardian par un groupe d’universitaires.

Selon Xiong Jing, une des responsables du collectif, les administrateurs de Weibo les ont contactés par message privé pour leur signifier leur suspension. La raison officielle était que des « publications récentes enfreignaient la loi en vigueur » en Chine.

Xiong Jing constate que les explications données par Weibo n’étaient pas « très précises ». « Mais nous supposons que c’est parce que nous avons appelé dans des posts à une grève des femmes contre Trump », dit-elle dans une interview à Radio Free Asia, un média financé par les Etats-Unis en Chine. En attendant que leur compte soit réactivé, ils en ont recréé un autre, qui est loin d’avoir les 80 000 abonnés de l’original.

« Les anti-Trump ont enfreint la loi chinoise »

Li Tingting, autre militante de premier plan, voit dans cette suspension un geste du pouvoir, qui surveille de près un mouvement qui connaît un renouveau depuis 2010. « Il y a un bruit considérable autour du mouvement pour les droits des femmes, et les autorités qui supervisent l’opinion publique le censurent avec férocité », dit-elle sur Radio Free Asia.

En 2015, cinq Chinoises, dont Li Tingting, avaient été incarcérées à la veille du 8 mars, alors qu’elles prévoyaient de distribuer des tracts contre le harcèlement dans les transports. Elles étaient restées plusieurs semaines en prison. En 2012, la même Li Tingting avait déjà été arrêtée, là encore quelques jours avant le 8 mars. La suspension, fin février, du compte Weibo de « La voix du féminisme en Chine » n’est pas anodine, puisqu’il ne sera pas actif lors de la Journée internationale des droits des femmes.

Pour Li Tingting, ce blocage est une forme d’avertissement pour l’ensemble du mouvement, dont les actions sont régulièrement suivies d’une répression policière. Sous son pseudo Li Maizi, elle s’est photographiée, la bouche bâillonnée, avec une affichette portant le message « Les anti-Trump ont enfreint la loi chinoise, donc le compte La voix du féminisme a été bloqué sur Weibo ».

Contexte politique fluctuant

En Occident, des relais republient des messages de soutien et médiatisent le plus possible la censure de Weibo. Tricia Kehoe, doctorante irlandaise spécialiste de la Chine, qui tient le compte « Women in China », a repartagé de nombreuses images : des hommes et des femmes tenant à la main des messages de soutien et réclamant le retour du compte « La voix du féminisme en Chine » avec des messages écrits comme « Rendez-nous notre voix féministe », « J’ai besoin de ma voix féministe ».

Comme le rappelle Tricia Kehoe, ce n’est pas la première fois que Weibo censure des comptes ou des messages contenant le mot « féministe ». Cette fois-ci, c’est, semble-t-il, moins l’aspect féministe que l’aspect « anti-Trump » qui a précipité la décision.

Ce blocage s’inscrit sur un fond de crispation entre les Etats-Unis et la Chine, que le gouvernement chinois aimerait bien apaiser. La victoire de Trump, ses déclarations hostiles au principe de la Chine unique (qui remettaient en cause le statut de Taïwan) et la nomination de Peter Navarro, farouchement hostile à la Chine, comme conseiller pour le commerce ont un temps inquiété Pékin. L’échange téléphonique entre Xi Jinping et Donald Trump, début février, a radouci les rapports.

Néanmoins, la crainte d’irriter le président américain est tangible. Un communiqué envoyé à la presse officielle précisait récemment que « toute information au sujet de Trump doit être traitée avec précaution ; toute critique non autorisée des mots ou des actions de Trump est interdite ». Le communiqué a été rendu public par le China Digital Times, un média installé en Californie et spécialisé dans la publication de contenus censurés en Chine.

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