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Cerveau et psy

Semaine du cerveau : les personnes créatives ont de meilleures connexions cérébrales

Les personnes hautement créatives ont nettement plus de connexions nerveuses entre les hémisphères droit et gauche du cerveau.

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Les personnes hautement créatives disposent de davantage de connexions entre les deux hémisphères cérébraux.

Les personnes créatives ont de meilleures connexions cérébrales.

© ZEMEDICAL.COMJACOPIN / BSIP / AFP

Pour réussir, il faut avoir du réseau, paraît-il. Eh bien pour créer, c'est également le cas : il faut avoir un bon réseau... neuronal ! En effet, peu importe que vous soyez plutôt "cerveau droit" ou "cerveau gauche", il semblerait, selon une étude américaine publiée en 2017 dans le journal Bayesian Analysis, que ce soit la connexion entre les deux cerveaux qui compte. D'ailleurs, une précédente étude publiée elle dans la revue Brain, avait montré que le cerveau d'Einstein était doté d'hémisphères droit et gauche particulièrement bien connectés l’un à l’autre. Un lien avec son génie ?

Une cartographie 3D du câblage du cerveau

Les statisticiens David Dunson (université Duke) et Daniele Durante (université de Padoue) ont analysé le réseau de connexions de la matière blanche (voir encadré ci-dessous) entre 68 régions cérébrales distinctes chez des étudiants en bonne santé.

La matière blanche est l'ensemble des fibres des neurones connectant les différentes aires du cerveau. Elle jouerait un rôle important dans l'intelligence.

En amont, une équipe dirigée par le neuroscientifique Rex Jung de l'université du Nouveau-Mexique a d'abord utilisé une technique particulière d'IRM permettant aux chercheurs d'observer l'intérieur du cerveau d'une personne vivante et de tracer les chemins de tous les axones. Ensuite, les ordinateurs "n'ont plus eu qu'à" convertir les scans en cartes 3D de câblage du cerveau. L'équipe de Jung a en parallèle utilisé divers tests pour évaluer la créativité (résoudre des problèmes de "pensée divergente", donner un maximum de réponses à des questions ouvertes, réaliser le plus de dessins géométriques possibles en cinq minutes, trouver des usages alternatifs à des objets du quotidien...). Les participants ont également rempli un questionnaire sur leurs réalisations dans dix domaines, comprenant les arts visuels, la musique, l'écriture, la danse, la cuisine et la science. En combinant toutes ces données, les scientifiques ont attribué à chacun un score de créativité.

La "connectomique" à l'œuvre

C'est là que les statisticiens interviennent. Davind Dunson et Daniele Durante ont créé des algorithmes capables d'analyser ces informations, d'identifier des différences entre les structures cérébrales des sujets étudiés et de les combiner avec le score de créativité. De façon légèrement contre-intuitive, ils n'ont trouvé aucune différence significative entre les connexions de l'hémisphère gauche et celles de l'hémisphère droit. En revanche, ceux qui avaient un score de créativité beaucoup plus élevé possédaient davantage de connexions entre les deux hémisphères, et cela était d'autant plus marqué dans le lobe cérébral (voir figure ci-dessous).

Les personnes hautement créatives ont beaucoup plus de connexions de la substance blanche (en vert) entre les hémisphères droit et gauche du cerveau. © Daniele Durante, Université de Padoue

Selon David Dunson, il pourrait même être possible grâce à la connectomique* - mais cela est-il souhaitable ? - de calculer la probabilité qu'une personne devienne très créative à partir de la structure de son réseau cérébral. Les travaux des chercheurs ne s'arrêtent pas là : ils comptent développer des méthodes statistiques pour étudier les liens entre connectivité du cerveau et quotient intellectuel.

La connectomique, approche utilisée ici, est l'étude et la cartographie du connectome, l'ensemble des connexions neuronales du cerveau.

Mais les applications thérapeutiques pourraient être importantes. En effet, en comparant les interconnexions entre cerveaux sains et malades (l'équipe de David Dunson travaille sur la détection précoce de la maladie d'Alzheimer), la connectomique pourrait aider à mieux comprendre la démence, l'épilepsie, la schizophrénie et d'autres conditions neurologiques telles que les traumatismes crâniens ou le coma. D'ailleurs, selon Joshu Vogelstein de l'université Johns Hopkins qui a fondé le projet OpenConnectome et a traité les données brutes de l'étude, "le partage des données en neurosciences est de plus en plus fréquent par rapport à il y a seulement cinq ans".

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