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Et si Leboncoin devenait payant?

Antoine Jouteau, patron du leader français des petites annonces, a dévoilé ce jeudi 23 février une série de nouveautés. L'une d'elles, un service de paiement optionnel, pourrait-elle mener à terme vers un modèle transactionnel? Challenges s'est posé la question.

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Capture d'écran du site Leboncoin.

Capture d'écran du site Leboncoin.

Leboncoin

C’est dans ses locaux flambants neufs du Xe arrondissement, qu’Antoine Jouteau, directeur général du Boncoin, a donné rendez-vous aux journalistes, ce jeudi 23 février. L’emménagement récent dans les anciens bureaux de BETC, entièrement refaits, répartis sur 5.500 mètres carrés, représente certes un changement de cap pour le leader français des petites annonces. Cette nouvelle antre lui permet d’accueillir les désormais 500 salariés du site, les 160 recrutements à venir cette année, et d’adopter des méthodes de travail innovantes (personne ne possède de bureau attitré par exemple).

Mais c’est tout un ensemble de nouveautés que le directeur général a présenté ce matin: la création du Groupe Leboncoin qui permet le lancement de nouveaux services comme le comparateur de prix ledénicheur.fr, ou l’acquisition d’entreprises comme récemment, celle de MB distribution (éditeur des sites agriaffaires et machineryzone), la présentation des offres pour les professionnels sur leboncoin.pro.fr, l’ouverture d’un accélérateur qui accueille déjà la start-up PayCar…

Prochaine étape: le paiement en ligne?

Noyée dans cette énumération, une des nouveautés se révèle cependant bien plus cruciale que les autres, car elle touche au modèle même du Boncoin. C’est le fait qu’en juillet, le site internet sera doté d’une messagerie, permettant aux particuliers souhaitant vendre leurs biens, et ceux souhaitant les acquérir, de se parler facilement, via une sorte de tchat. Chaque utilisateur pourra accéder à l’ensemble de ses conversations dans cet outil. Une simple option? Un outil anodin? Un vulgaire gadget? Pas du tout. "C’est un premier pas pour nous rapprocher progressivement de la transaction, reconnaît Antoine Jouteau. La prochaine étape sera éventuellement de proposer le paiement en ligne." L’emploi du conditionnel permet au patron d’avancer en restant couvert. Mais ce n’est pas la première fois qu’il évoque la possibilité, à terme, de permettre aux utilisateurs du Boncoin de régler en ligne, alors que jusqu’à présent, le paiement s'effectue de la main à la main, lors de la rencontre, ou par chèque ou virement.

De nombreux avantages...

Quels seraient les avantages de ce système? Le premier est évident: sécuriser davantage les échanges qui reposent encore beaucoup sur la confiance. Il y a quelques mois Challenges racontait ainsi le cas de Mariquiña, qui se plaignait de n’avoir jamais reçu sa commande. "Je suis tombée sur un escroc, la bague m’a coûté 350 euros", déplorait l’internaute. Un cas de fraude parmi des centaines, sur cette plateforme qui enregistre 800.000 nouvelles annonces par jour. Deuxième avantage: faciliter les ventes à distance. Aujourd’hui, en raison du mode de règlement actuel, le vendeur et l’acheteur sont souvent voisins, ou presque. Demain, il sera bien plus facile de commander un livre ou un vêtement à Marseille en habitant à Brest. Troisième bénéfice: la simplicité. Composer son code de carte bleue, tranquillement assis dans son canapé, s’avère bien moins fastidieux que de devoir passer par un distributeur d’argent pour s’assurer d’avoir l’acompte exact.

... surtout celui d'un modèle payant

Mais il existe un quatrième intérêt à mettre en place un système de paiement en ligne, plus subtil: passer à un système payant. Dès lors que le paiement se fait par l’intermédiaire du Boncoin, ce dernier joue le rôle de tiers de confiance, et peut donc légitimement prélever une commission sur les transactions. La direction dément cette volonté, rappelant que son modèle se base sur du freemium (seules certaines options sont payantes). "L'ADN du Boncoin est la gratuité pour les particuliers", assure Antoine Jouteau. Il n'empêche que le principe d'une commission sur les transactions est le modèle classique des places de marché, ces sites ouverts à des vendeurs tiers, ou des plateformes de l’économie collaborative comme Airbnb. Avec plus de 26 millions d’annonces en ligne sur son site, Leboncoin n’aurait pas besoin d'une grosse commission pour percevoir de copieuses recettes! Quelques pourcentages suffiraient.

Une idée juteuse

Pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt alors? Parce qu’il faut d’abord fidéliser les consommateurs, les rendre dépendants du service, pour pouvoir ensuite les inciter à payer. En dix ans, avec 26 millions d’utilisateurs uniques par mois, Leboncoin a clairement imposé sa marque dans l’Hexagone. Bien sûr, rien ne garantit qu’Antoine Jouteau prendra le chemin d'un service payant. Et le cas échéant, il n’y a d’ailleurs pas de caractère d’urgence, les finances de l’entreprise sont au vert: en 2016, son chiffre d’affaires, qui provient surtout de l’offre payante à destination des professionnels, a crû de 23% pour atteindre 214 millions d’euros. Bien mieux encore, son EBITDA a atteint 60%! Mais gageons que le patron a bien en tête l’exemple de Blablacar: après avoir offert pendant des années un service gratuit, le leader du covoiturage a profité du passage à la réservation en ligne pour basculer sur un modèle payant.

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