Italie : une nouvelle guerre de l'IVG

La décision d'un hôpital romain de recruter deux obstétriciens pour réaliser des interruptions volontaires de grossesse (IVG) a ravivé une polémique en Italie.

De notre correspondant à Rome,

Lors de la marche annuelle contre l'avortement, à Rome le 10 mai 2015.  
Lors de la marche annuelle contre l'avortement, à Rome le 10 mai 2015.   © NurPhoto

Temps de lecture : 2 min

C'est un concours public destiné à pourvoir deux postes de gynécologue à l'hôpital San Camillo à Rome qui a ranimé les polémiques sur l'avortement. Pour y participer, les médecins devaient en effet s'engager à ne pas s'opposer aux IVG pour des questions de conscience. L'Italie est divisée sur la question.

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8 médecins sur 10 refusent l'IVG

La législation transalpine permet aux médecins, aux anesthésistes et aux infirmières des structures sanitaires publiques de faire valoir une clause de conscience pour ne pas pratiquer d'avortements. Mais alors qu'en Europe, les médecins objecteurs de conscience sont en moyenne 10 % - 7 % en France -, ils représentent 80 % - et dans certaines régions plus de 90 % - des gynécologues transalpins. Ainsi, 40 % des hôpitaux italiens ne pratiquent pas les IVG, et dans les autres, la liste d'attente est souvent trop longue pour que l'intervention puisse être pratiquée avant la fin du troisième mois.

Les femmes déterminées à mettre fin à leur grossesse sont contraintes de faire le tour des hôpitaux et n'ont parfois d'autre choix que de faire appel aux « faiseuses d'ange ». « Nous voyons arriver de plus en plus souvent des femmes avec des hémorragies graves à la suite d'avortements clandestins, a déclaré Silvana Agatone, présidente d'une ONG qui milite en faveur de l'application de la loi sur l'IVG. Elles appartiennent aux catégories les plus faibles de la population italienne ou sont étrangères. » Parfois, ce sont des médecins objecteurs de conscience dans les hôpitaux qui pratiquent, dans des officines clandestines et à prix fort, ces avortements…

Un recrutement discriminatoire ?

L'enjeu pour l'hôpital San Camillo est donc de disposer d'un personnel médical adapté pour remplir une mission de santé déterminée. Engager des médecins hostiles par principe à l'avortement pour un service où on pratique des IVG n'a pas de sens. Mais selon la fédération des médecins catholiques, très puissante dans la péninsule, le droit à l'objection de conscience est garanti par la Constitution. Demander de renoncer à ce droit pour participer à un concours public est discriminatoire. Un avis partagé par la ministre de la Santé et par la Conférence épiscopale italienne.

Derrière un débat qui pourrait sembler une controverse académique, ce sont deux lectures différentes de la loi 194, adoptée en 1978 et ratifiée en 1981 par un référendum, sur l'interruption de grossesse. Pour le courant catholique, l'esprit de la loi était d'éviter les avortements et de ne les consentir qu'en tout dernier recours. Les femmes qui souhaitent avorter doivent ainsi être entendues par une commission dont la mission est de les informer sur toutes les aides publiques dont elles peuvent bénéficier et tenter de les dissuader. Pour le courant laïque, ces commissions sont une énième humiliation pour des femmes déjà en détresse. La loi 194 a inscrit dans la Constitution le droit à l'avortement et l'État se doit de le faire respecter.

Quarante ans n'ont pas permis de rapprocher les deux points de vue. Dans le monde, 47 000 femmes meurent chaque année des suites d'avortements clandestins.

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Commentaires (10)

  • y

    Entièrement d'accord avec vous.
    Soyons d'abord bienveillants envers ces femmes.
    Nous ne sommes pas un tribunal pour les juger.

  • Vision du futur

    Je suis effaré des commentaires sur ce sujet. Vous voulez donc que ces femmes viennent à nouveau se faire avorter dans les pays voisins de l'Italie et de la France. Où est la compassion et la miséricorde, je ne vois guère de différence de votre vision avec les musulmans intégristes.

  • y

    Mieux des "faiseuses d'anges" ou des médecins compétents ?
    C'est aux seules femmes de répondre.
    C'est parfois leur avenir qui est en jeu.