La campagne présidentielle française scrutée à travers le monde

FAIT DU JOUR. A l'étranger, l'élection française suscite une couverture médiatique inédite et beaucoup d'inquiétude.

    Le manège fou de la présidentielle ne fait pas tourner que les têtes françaises. Du renoncement de François Hollande à l'affaire Fillon, la campagne 2017 est tant sujette aux rebondissements que plus rien n'est à exclure, en tout cas aux yeux des médias du monde entier. Dans quel état en sortira la France au mois de mai ? Les journaux comme leurs lecteurs s'interrogent... « C'est l'élection la plus imprévisible depuis des décennies », affirme le quotidien anglais « The Daily Telegraph ». « La course à l'Elysée la plus folle de tous les temps », dit le « Corriere della Sera ».

    Certes, les déboires du leadeur de la droite, empêtré dans le Penelopegate, valent à l'Hexagone d'être raillé pour son éternelle «légèreté». Emmanuel Macron, lui, fascine la presse libérale britannique et allemande, qui en ont fait leur chouchou. Mais, c'est évidemment Marine Le Pen qui aimante la plupart des articles, entre intérêt et sourde inquiétude. Partout en Europe, les spéculations vont bon train sur ses chances. Et voient déjà la France comme ce nouveau domino poussé par le vent populiste, après le Brexit anglais et le sacre de Trump.

    Le Pen préoccupe

    Pour éviter d'être prises de court, les rédactions européennes prévoient un déploiement inédit. « Une telle couverture médiatique sur une campagne française, c'est du jamais vu en Italie. En partie à cause de Marine Le Pen, car c'est aussi la première fois qu'elle est compétitive. On se dit que l'avenir de l'Europe se joue dans les semaines qui viennent », explique Francesco Maselli, journaliste italien pour « Il Foglio » et « Left ».

    Les incertitudes économiques que ferait peser une victoire de l'extrême-droite nourrissent évidemment les commentaires. « Ce qui inquiète, c'est avant tout la sortie de la monnaie unique, qui entraînerait dans son sillage tous les autres pays de la zone euro. Son idée d'avoir recours à la planche à billets fait aussi écarquiller les yeux », explique un reporter d'un média financier anglo-saxon. Aux Etats-Unis en revanche, quelques médias seulement suivent de près notre campagne. « La France intéresse de moins en moins, sauf en cas d'attaques terroristes. On ne m'a rien pris sur les primaires », regrette la frenchie Cicely Medintzeff, qui travaille pour la chaîne conservatrice Fox News depuis 15 ans, qui ne voit qu'une exception, là encore : « Le Pen, que beaucoup comparent à Trump. »