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Billet de blog 26 février 2017

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Iran : les pasdaran iraniens doivent être désignés comme une entité terroriste

Dans un billet sur le rôle néfaste des pasdaran iraniens dans la répression de la population en Iran et leur bellicisme dans la région, notamment le soutien acharné au dictateur syrien Bachar Assad et aux groupes extrémistes en Irak… le militant iranien Farzin Hashemi, membre du Conseil national de la Résistance iranienne, apporte des éclaircissements sur ce dossier que je vous invite à lire :

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L’annonce par la Maison Blanche demandant à plusieurs agences gouvernementales américaines d'envisager la désignation du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI ou le corps des Pasdaran) comme une organisation terroriste, a envoyé une onde de choc à travers les tenants de la politique de complaisance envers l’Iran des mollahs, établis à Washington.

La liste de leurs arguments avancés en opposition à la désignation du CGRI est très révélatrice. Un ensemble de ces arguments peut être consulté dans un article du Washington Post dans son numéro du 8 février, attribués à des fonctionnaires sans nom, intitulé, "Des responsables de la Défense et du Renseignement préviennent la Maison Blanche sur la désignation des Gardiens de la révolution de l’Iran comme entité terroriste".

Des arguments presque identiques ont été faits par le lobby discrédité de Téhéran aux Etats-Unis, le NIAC [National Iranian-American Council], immédiatement après l'annonce par la Maison Blanche. Ils sont apparus dans une déclaration intitulée "La nouvelle provocation irréfléchie de Trump vis-à-vis de l'Iran : la désignation du CGRI comme entité terroriste".

L'argument principal des sources anonymes dans le Washington Post, est que "la désignation des pasdaran comme organisation terroriste étrangère pourrait mettre en danger les troupes américaines en Irak". Le NIAC avance le même argument en affirmant que "du personnel américain reste sur le terrain en Irak et une désignation comme FTO (Foreign Terroriste Organisation/organisation terroriste étrangère) du CGRI pourrait constituer une grave menace pour les soldats américains présents sur les lignes de front contre les forces de l’EI [Daech]." Tout simplement, ils font valoir que si le CGRI est désigné comme entité terroriste, celui-ci ou ses acolytes auraient recours au terrorisme contre les troupes américaines, mettant en danger des vies américaines.

Ils font valoir en outre que la désignation du CGRI porterait atteinte à la lutte contre l’EI. Pour justifier cet argument bizarre, il est suggéré que la désignation du CGRI pourrait nuire à la coopération entre les forces armées des Etats-Unis d’un côté et du CGRI et de ses acolytes, de l’autre. Cet argument n'est que la reconnaissance de facto d’une coopération que l'administration Obama avait systématiquement niée à chaque fois qu’elle était critiquée pour ses politiques d’apaisement envers l'Iran.

Comme toujours, le lobby américain de Téhéran avance aussi l'argument aujourd’hui discrédité que la désignation du CGRI va mener à la guerre. L’évocation de ce prétexte n'est rien d'autre qu'une tentative pour intimider les critiques de la politique d'apaisement et de servir les intérêts du régime des mollahs.

Il est également avancé que le CGRI est une institution étatique, même par rapport à l'armée régulière, et donc ne devraient pas être désigné comme entité terroriste de la même façon et au même titre que certaines organisations non gouvernementales.

Enfin, les apologistes des politiques de Téhéran et ses lobbyistes poursuivent l'argument désuet qu'une politique ferme envers l'Iran renforcerait la faction dure du régime.

Tous ces arguments sont peu judicieux et constituent une tentative du maintien de d’une politique ancienne infructueuse de la compromission avec le régime clérical. Voici quelques arguments expliquant pourquoi la désignation du CGRI comme entité terroriste est la bonne politique et pourquoi cela est en fait nécessaire :

1. Le CGRI est en réalité une entité terroriste et donc sa qualifie pour être désigné comme telle. Personne ne peut contester ce fait. Le CGRI a été et continue d'être impliqué dans le terrorisme. Il est responsable de plusieurs opérations terroristes au Liban, en Irak, en Syrie et dans d'autres pays de la région. De plus, il a commis des crimes de guerre et crimes contre l'humanité en Syrie. Selon le Département d'Etat américain, "la Force Qods du CGRI est le principal instrument du régime pour promouvoir et soutenir des terroristes à l'étranger." Le rapport du Département d'Etat de 2015 stipule que "la Force Qods des Pasdaran (CGRI-FQ), a continué de transférer des armes au Hezbollah" et qu’”à la fin de novembre 2016, les agences de sécurité du Kenya ont annoncé qu'ils avaient arrêté deux citoyens iraniens [en pleine planification] d'une attaque terroriste."

Des groupes paramilitaires en Irak affilié au CGRI sont impliqués dans le terrorisme et des crimes contre l'humanité. Le Département d'État des États-Unis a déclaré Kataïb-e Hezbollah [milice irakienne] comme une "organisation terroriste du Hezbollah » en 2009, accusant ce groupe d'attaques contre les forces américaines. Son chef, un terroriste notoire, connu sous le nom de guerre Abou Mahdi al-Mohandes a commencé à travailler avec le Corps des gardiens de la révolution iranienne au Koweït dans les années 1980 et était responsable de l'attentat contre l'ambassade des États-Unis dans ce pays. Actuellement, il relève directement du commandant de la Force Qods, Qassem Soleimani.

Un autre groupe terroriste dirigé par la Force Qods du CGRI est Assaïb Ahl al-Haq. Selon l'armée américaine, le chef du groupe, le Cheik Qais al-Khazali, a supervisé les opérations terroristes dont une attaque qui a tué cinq soldats américains à Karbala en 2007… Al-Khazali aurait aussi organisé l'enlèvement de cinq ressortissants britanniques en Irak en 2007.

Ahmad Vahidi, l'un des premiers chefs de la Force Qods du CGRI, est recherché par Interpol pour la participation à l'attaque terroriste de 1994 à Buenos Aires. Il a également participé à l'attaque terroriste contre la Tour Khobar [en Arabie saoudite] tuant 19 militaires américains en 1996.

2. L'argument selon lequel la désignation du CGRI comme entité terroriste pourrait mettre en danger le personnel américain dans la région est en soi un aveu de la nature terroriste du CGRI. Il implique que la reconnaissance publique de ce fait conduirait à des représailles sous la forme d'attentats terroristes contre les forces américaines en Irak ou ailleurs. Mais l'expérience du passé a montré hors de tout doute que faire des concessions ne ferait qu'encourager les mollahs et leur CGRI à mener plus d'attaques terroristes en raison d’une ligne politique qu’ils considèrent comme un signe de faiblesse. Poursuivre une telle politique est une invitation de facto au CGRI et à d’autres groupes terroristes, avec le message que le gouvernement américain peut être l'objet de chantage par la menace d'actes terroristes. L'expérience passée montre également que les mollahs comprennent très bien le langage de la fermeté. Par conséquent, l’adoption d’une politique ferme est absolument nécessaire.

3. L'allégation que la désignation du CGRI comme entité terroriste porterait atteinte à la lutte contre l'EI [Daech] est tellement ridicule qu'elle ne peut être considérée que comme une pure tromperie. Le CGRI et le régime iranien ne se battent pas contre Daech. Au contraire, ils sont responsables, par l'intermédiaire de leurs gouvernements fantoches en Syrie et en Irak, de la création et de l'émergence de l’EI.

Ce fait a été bien établi. John Kerry, l’ancien Secrétaire d'État, a déclaré en novembre 2015 que l’EI a été créé par "Assad" et par l'ancien premier ministre irakien Nouri al-Maliki, tous deux ayant libéré les prisonniers d'al-Qaïda dans leurs pays respectifs. Assad et Maliki ont agi dans ce sens sur l'ordre du régime iranien.

M. Kerry a ajouté : "Ne vous y trompez pas : Assad a conclu son propre deal avec Daech. Ils vendent du pétrole ; il l’achète. Ils sont symbiotiques, pas de vrais ennemis dans cette affaire." Par conséquent, l'argument selon lequel la désignation du CGRI porterait atteinte à la lutte contre Daech relève de la pure fantaisie.

En effet et à l’inverse, la désignation du CGRI renforcerait la lutte contre l’EI. Elle enverrait le message aux sunnites mécontents que les États-Unis ne seraient plus du côté du régime iranien et de ses milices, dont les politiques sectaires et atrocités contre les sunnites ont jeté les bases de la création de Daech.

4. Contrairement à l'argument évoqué par les tenants de la politique d’apaisement, le refus de la désignation du CGRI comme entité terroriste et l’adoption d’une politique de fermeté vis-à-vis du régime clérical a déjà donné lieu à une guerre dévastatrice, où des centaines de milliers de civils innocents en Syrie ont été tués par l'armée d'Assad, appuyé par le CGRI. En outre, une telle politique est susceptible de rendre une guerre encore plus dévastatrice plus inévitable. Le lobby américain de Téhéran n'est pas préoccupé par la guerre, comme il n'a jamais dit un mot sur le rôle du CGRI dans les crimes de guerre commis en Syrie ou en Irak. Leur préoccupation principale consiste purement et simplement à préserver la dictature religieuse en place en Iran. Par conséquent, toute personne qui désire sincèrement la paix doit appeler à juguler la force qui est responsable à la fois pour des centaines d'actes terroristes dans la région et d'une politique sectaire qui a déjà fait des centaines de milliers de morts et des millions de personnes déplacées.

5. L'argument selon lequel le CGRI, malgré son indéniable implication dans des actes de terrorisme, devrait être épargné parce qu’il s’agit d’une institution étatique ou d’une armée nationale n'a aucun fondement juridique. Car le CGRI est très loin d’être une armée nationale ; son véritable mandat est l'exportation du terrorisme. En fait, le général de brigade Ahmad Gholampour, un commandant du CGRI le décrit ainsi : « Le mandat de l'armée [régulière] est de défendre les frontières du pays et à ce titre, sa compétence géographique se situe sur le territoire de l’Iran. Mais [la mission] du Corps des gardiens de la révolution islamique, n'est pas limitée à l'’Iran’ propre. Cela signifie qu'il a pour mandat de défendre la révolution islamique et ses acquis sans considération des frontières…Celui-ci est donc chargé de régler toute question qu'il considère comme pouvant mettre en danger la révolution. Nous avons les mains libres de nous engager dans n’importe quel espace géographique, et dans n’importe quel domaine politique, social et culturel, si et quand nécessaire" (agence de presse Fars, le 6 octobre 2016) En outre, la Force Qods est officiellement "la branche l'extraterritoriale" du CGRI. Ainsi, le mandat et la conduite réelle de ce dernier le qualifient incontestablement pour être désigné comme une organisation terroriste étrangère (FTO).

6. Le mythe du conflit entre « la ligne dure et les modérés » est une illusion qui a été défendue par les tenants de la politique de complaisance depuis plus de trois décennies. La problématique de cette analyse est tout simplement que ce régime ne compte pas de vrais « modérés ». Plus important encore, le système de la tutelle absolue du jurisconsulte religieux (Velayat-e Faqih) est incapable de se réformer de l'intérieur. Par conséquent, l’argument de l’existence des « modérés » est simplement une couverture pour justifier des concessions faites au régime des mollahs.

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Livre sur les pasdaran

Les gardiens de la révolution : l'armée intégriste et terroriste

Mehdi Abrichamtchi

Illustration 2

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