Décollage d'un agridrone fabriqué par Airinov. Cette startup propose de survoler les exploitations agricoles pour les analyser, mètre par mètre.

Décollage d'un agridrone fabriqué par Airinov. Cette startup propose de survoler les exploitations agricoles pour les analyser, mètre par mètre.

Airinov

À côté des bovins et ovins, les start-up du monde agricole présentent leurs innovations au Salon de l'agriculture 2017, dans le stand de La Ferme Digitale. Cette association regroupe 13 start-up de l'agritech (ou AgTech), filière agricole de la French Tech qui fait de l'agriculture connectée une réponse à la crise existentielle du modèle agricole.

Publicité

Des drones d'Airinov au robot désherbant de Naïo Technologies, en passant par le crowdfunding et le e-commerce agricole, les nouveaux outils high-tech intègrent tous les domaines de l'activité agricole.

GPS, drones et bigdata

Sur une exploitation céréalière, chaque parcelle de terre est différente. Pour étudier le sol minutieusement, les agriculteurs ont à leur disposition le GPS. Les images satellites fournissent des données et permettent une agriculture de précision, qui vise à optimiser les rendements en apportant un traitement adapté à chaque zone.

LIRE AUSSI >> La France va perdre sa place de premier exportateur européen de blé

"Le numérique doit pouvoir répondre au grand problème actuel: comment faire vivre nos agriculteurs. Et dans cette optique, la maîtrise des données est une des grandes questions de l'avenir du modèle agricole", estime Henri Isaac, président du think tank Renaissance Numérique, qui a publié en 2015 le livre blanc "Les défis de l'agriculture connectée dans une société numérique".

Dans cette construction du big data agricole, le drone est un nouveau arrivé très prometteur. "Muni d'un capteur, il survole mes champs de céréales et mesure la colorimétrie des plantes, mètre par mètre, pour avoir une idée précise des besoins en engrais de chaque parcelle de terre" explique Guillaume Moisy. Cet agriculteur basé dans l'Eure est aussi "opérateur de drones" pour la start-up Airinov, pionnière du drone agricole.

Parcelle connectée

Comme Guillaume, ils sont une centaine de pilotes à lancer leur drone-capteur pour Airinov, en France et dans d'autres pays, au profit de plus de 8000 agriculteurs. Une fois récoltées, les données permettent de cartographier précisément une exploitation agricole. Les cultivateurs peuvent alors adapter l'épandage d'engrais à chaque parcelle de terre, selon ses besoins, "au lieu d'apporter une dose fixe partout" explique Guillaume Moisy, qui résume: "le but est écologique et économique. Il permet de réduire les engrais chimiques et d'augmenter la production."

De son côté, Weenat propose de connecter une exploitation agricole en y plantant des capteurs. Les données engrangées aident à l'optimisation des ressources de l'agriculteur, selon la start-up, qui se fixe trois buts: prévenir les risques sanitaires et climatiques, aider à la gestion des ressources en eau et ajuster les interventions de l'agriculteur.

­­Libérer du temps grâce aux robots

La récolte de données est également en route dans les étables et les élevages. "Les vaches sont connectées avec des puces. Des applications permettent de savoir précisément le moment de vêlage, ce qui simplifie la vie des éleveurs", considère Henri Isaac. Beaucoup d'éleveurs laitiers sont aussi équipés de robots de traite.

Dans les champs, la robotisation remplace la mécanisation avec le tracteur indépendant et sans pilote. Les maraîchers, eux, font appel à Oz, le robot désherbant de Naïo Technologies, jeune société basée à Toulouse. Dimitri Venant-Hermouet, maraîcher bio dans les Deux-Sèvres, l'utilise pour désherber ses rangs d'oignons, d'ail, de poireaux, de choux et de pommes de terre.

"Ce n'est pas bien compliqué, explique-t-il. On l'équipe de l'outil désiré, on le met en début de rang, on le programme en renseignant quelques données comme le nombre de rangs, leur longueur, l'écartement, et il se lance tout seul." Sur les cultures désherbées par le robot, il observe une hausse de 30 à 40% de la production. Il affirme "gagner beaucoup de temps, surtout en pleine saison". N'aurait-il pas pu prendre un salarié pour faire ce travail de désherbage? "Personne ne veut faire ça, c'est trop difficile et je ne peux pas me permettre de prendre un salarié. Je n'ai pas les moyens."

Rapprocher consommateurs et producteurs

"Une autre tendance qui ressort de l'usage du numérique est le rapprochement du consommateur et du producteur", explique Henri Isaac. La Ruche qui dit oui et Drive fermier sont deux exemples de plateformes sur lesquelles le consommateur peut acheter directement les produits au producteur local. "Tout cela favorise les circuits courts de la distribution."

NOTRE DOSSIER >> Les agriculteurs en colère

"Le secteur agricole a besoin de se réinventer. Notre défi est d'améliorer et de simplifier la vie des agriculteurs, qui bossent 60 heures par semaine et qui ont énormément de contraintes physiques et administratives", signale Paolin Pascot, directeur d'une plateforme de e-commerce pour les agriculteurs, qui se dit "très optimiste pour la suite".

Publicité