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Présidentielle

Les camps Fillon et Le Pen désirent une trêve judiciaire pour la présidentielle

Gérard Larcher appelle à "la retenue", Marine Le Pen estime que la justice ne doit pas "contrecarrer la volonté du peuple". Alors que les candidats FN et LR souhaitent une trêve judiciaire, le ministre de la Justice a estimé que "rien" ne la justifierait.

Une trêve pour François Fillon et Marine Le Pen? Les candidats LR et FN à la présidentielle, chacun empêtré dans différentes affaires, appellent à une suspension des enquêtes et des procédures qui les visent le temps de la campagne et des prochaines élections à venir.

Gérard Larcher appelle à "la retenue"

Gérard Larcher n'a pas prononcé le mot mais a appelé la justice à la plus grande modération à quelques semaines du premier tour de la présidentielle alors que François Fillon s'est contredit et a fait savoir qu'il ne renoncerait pas à se présenter même s'il était mis en examen.

"C'est le temps de la démocratie, c'est le temps de l'expression du peuple, ce qui n'empêche pas les magistrats de continuer à instruire, a indiqué sur RTL le président du Sénat. Mais il y a une forme de retenue et cette retenue je l'appelle."

Quand Marine Le Pen en avait "marre" des affaires

Même demande de la part de Marine Le Pen. La présidente du Front national réclame également que la justice se tienne à l'écart durant la campagne électorale. La candidate FN a d'ailleurs refusé la semaine dernière de se rendre à une convocation de la police judiciaire, invoquant son immunité parlementaire.

"La justice est une autorité, pas un pouvoir, a-t-elle déclaré lors d'un meeting. Les magistrats sont là pour appliquer la loi, pas pour l'inventer, pas pour contrecarrer la volonté du peuple, pas pour se substituer au législateur."

Pourtant, Marine Le Pen "n'a pas toujours été gênée par le travail de la justice durant une campagne électorale", rapporte Franceinfo. En 2004, elle évoquait la condamnation d'Alain Juppé dans l'affaire des emplois fictifs de la ville de Paris à quelques semaines des régionales et assurait que "les Français en ont marre qu'il y ait des affaires".

"Rien ne justifierait" une trêve

Pourtant, ce principe de trêve n'est pas précisé dans la loi. Comme le rappelle pour L'Obs Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel, cette "tradition politique" n'est "inscrite nulle part, dans aucun texte de loi". Et selon lui, cela serait même antidémocratique.

Interrogé par Le Journal du dimanche sur cette éventuelle trêve, le ministre de la Justice a assuré qu'elle n'avait aucune raison d'être. Le garde des Sceaux a évoqué une "méconnaissance totale du système judiciaire". "Il n'existe d'ailleurs aucun texte prévoyant une telle suspension. Quelle en serait d'ailleurs la raison? Au nom de quelle exception? À mes yeux, rien ne le justifierait."

Jean-Jacques Urvoas a aussi accusé François Fillon et Marine Le Pen de faire preuve de la plus grande "mauvaise" foi dans leurs critiques constantes de la justice.

"Imaginons que pendant la campagne présidentielle, on ne puisse pas enquêter. Mais après la présidentielle, il y a les législatives. Et après, en septembre, les sénatoriales! À quel moment la justice pourrait-elle alors fonctionner normalement?"

C.H.A.