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Biodiversité

Le "cyberbraconnage" : une nouvelle menace pour la conservation des espèces

Un biologiste américain dénonce une pratique de plus en plus répandue chez les braconniers comme chez les touristes : le piratage des balises GPS des animaux.

 

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Léopard, Kenya

Des voyagistes n'hésitent pas à se servir des données GPS afin de mener les touristes plus rapidement aux animaux lors des safaris.

© Paul Goldstein/Exodus/R/REX/SIPA

Braconniers, photographes, pêcheurs ou simples touristes mettent en danger des animaux en piratant les balises qui servent normalement à les suivre à des fins de recherche scientifique. Ce "cyberbraconnage" est dénoncé par Steven Cooke, biologiste à l'université Carleton d'Ottawa (Etats-Unis) et grand utilisateur de ces mêmes outils pour ses études scientifiques visant à protéger certaines espèces. A travers un article publié le 20 février 2017 dans la revue Conservation Biology, il cite le cas de pêcheurs dans l’État américain du Minnesota (nord) ayant exigé d'avoir accès aux données retraçant les déplacements de poissons, au motif que les recherches étaient financées par l'argent public. Et ce désir d'accéder aux informations destinées à la conservation des espèces se répand dans le monde entier.

De la difficulté de limiter l'accès aux données

Peu de données sont disponibles à ce stade pour illustrer un phénomène "préoccupant et inattendu", selon Steven Cooke. Des scientifiques se rencontreront en juin 2017 en Australie pour trouver ensemble des parades à ce nouveau défi. "Si le problème du cyberbraconnage n'est pas résolu rapidement, il pourrait nuire non seulement aux animaux menacés mais également à la recherche scientifique", explique à l'AFP le chercheur. "Essayez d'imaginer toutes les façons étranges dont les gens pourraient essayer de profiter de cette technologie". Pour régler le problème, plusieurs pistes sont avancées comme le cryptage des données ou la restriction de l'utilisation des outils télémétriques aux seules recherches scientifiques. Cependant, selon Steven Cooke, convaincre les chercheurs de limiter l'accès à leurs données pourrait s'avérer difficile. "Cela va à l'encontre de la philosophie" des scientifiques qui, selon lui, utilisent largement les réseaux sociaux pour partager leurs découvertes. De plus, certains d'entre eux sont financés par des fonds publics et sont donc contraints de partager leurs informations.

Le cyberbraconnage : un phénomène présent dans le monde entier

C'est lors d'un séjour au parc national de Banff, en Alberta dans l'Ouest canadien, que Steven Cooke découvre que les autorités ont interdit l'utilisation de terminaux radios après avoir surpris des photographes se servant de ces outils télémétriques pour intercepter le signal émit par les balises et ainsi suivre à la trace des ours, des caribous des bois ou des carcajous. Aux Etats-Unis, des fermiers ont également été accusés d'avoir utilisé des données télémétriques pour interférer dans la réintroduction de loups dans le parc national de Yellowstone (nord-ouest des États-Unis) et aux Bahamas, des plongeurs se sont servis de ces informations pour retirer les balises GPS de requins. En Australie, les autorités elles-mêmes n'ont pas hésité à utiliser le signal des balises pour localiser des requins afin de les neutraliser. 

Une motivation financière pour les voyagistes

Le problème est que des intérêts commerciaux se superposent aux enjeux de la protection. En effet, Steven Cooke raconte ainsi avoir recueilli le témoignage d'un voyagiste spécialisé dans les safaris utilisant les balises pour repérer les animaux sauvages afin d'aller les dénicher au grand plaisir des touristes, plutôt que d'attendre patiemment près de points d'eau dans l'espoir qu'ils se montrent. Dans leur contrat, certains professionnels proposent des remboursements partiels si leur client n'a pas vu tel ou tel animal pendant le safari. "Pour ces entreprises, il y a une forte motivation financière de trouver des animaux de manière constante", déplore le chercheur.

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