Deux dragons de Komodo dans leur enclos du zoo de Surabaya, en Indonésie, le 2 juin 2014

Les dragons de Komodo pourraient nous permettre de mieux lutter contre les bactéries.

afp.com/Juni Kriswanto

Comme dans les romans de fantasy, le sang de dragon recèle bien des pouvoirs cachés. C'est ce qu'une équipe de scientifiques de l'université américaine George Mason a découvert en analysant du sang du dragon de Komodo, rapporte Science Alert.

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Ce lézard, le plus grand sur Terre, peut mesurer jusqu'à trois mètres de long et peser jusqu'à 70 kg et vit sur cinq petites îles indonésiennes. Or ce n'est pas (seulement) pour sa taille que le dragon de Komodo effraie, mais aussi pour ses morsures. Et pour cause: sa bouche contient pas moins de 57 bactéries, selon une étude publiée en 2010.

Des "protéines tueuses" de "superbactéries"

Pourtant, les dragons de Komodo semblent immunisés contre elles, même lorsqu'ils sont mordus par un de leur congénère. Un mystère qui a poussé l'équipe de chercheurs de l'université de George Mason à enquêter sur ces gros lézards.

Ils ont découvert que cette résistance aux bactéries vient de leur sang, ou plutôt des protéines tueuses de bactéries qui s'y trouvent, expliquent-ils dans leur étude, publiée le 6 février dernier dans le Journal of proteome. Appelées "peptides antimicrobiens", ces protéines sont présentes chez la plupart des êtres vivants. Mais chez le dragon de Komodo, il y en a au moins 48, "dont 47 sont connues pour avoir des propriétés antimicrobiennes", indiquent les chercheurs.

Un espoir pour de nouveaux médicaments

Après les avoir identifiées, l'équipe de scientifique a décidé d'en synthétiser huit et de tester leur efficacité contre diverses bactéries. Ils les ont notamment mis en contact de Pseudomonas aeruginosa et SARM, un staphylocoque doré, deux "super bactéries" parmi les plus inquiétantes au monde car très résistantes aux antibiotiques actuels, selon une liste publié ce lundi 27 février par l'Organisation mondiale de la santé.

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Le résultat a été à la hauteur de leur espérance: sur les huit peptides, sept ont tué les deux bactéries et une a réussi à en tuer une sur les deux.

bactérie superbactérie Pseudomonas aeruginosa

Vu au microscope de Pseudomonas aeruginosa, une bactérie qui colonise les poumons des personnes atteintes de mucoviscidose et qui est particulièrement résistante aux antibiotiques.

© / CDC/Janice Haney Carr

Une excellente performance pour les chercheurs qui espèrent que ces protéines pourront être utilisées pour créer de nouveaux médicaments plus efficaces contre les super bactéries. Soit une potentielle future solution à l'urgent problème soulevé par l'OMS.

Améliorer, voire remplacer les antibiotiques

Comme le rappelle le Huffpo, des chercheurs travaillent sur d'autres solutions pour améliorer, voire remplacer les antibiotiques. Certains essayent d'inhiber des enzymes qui rendent les bactéries résistantes aux antibiotiques, d'autres explorent les thérapies dites "antivirulences", qui ne détruisent pas la bactérie, mais l'empêchent d'infecter l'homme.

Certains, enfin, aimeraient créer des "virus tueurs de bactéries", notamment grâce à la technique Crispr-Cas9, un ciseau à ADN inventé par une chercheuse Française, sources de nombreux espoirs et d'inquiétudes.

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