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Le spectacle Fabrice Luchini et moi avait sorti le comédien Olivier Sauton de l'anonymat. Actuellement à l'affiche du théâtre La Bruyère à Paris, il lui avait valu en novembre 2014 une invitation sur le plateau de Vivement dimanche. Mais aujourd'hui, c'est pour une autre raison qu'il fait parler de lui. Après l'affaire Mehdi Meklat, c'est pour des faits similaires que le comédien est épinglé.Des internautes ont déterré ces tweets postés par Olivier Sauton entre 2012 et 2014. Des messages où il tourne en dérision la Shoah, à la manière d'un Dieudonné.
Dieudonné, Olivier Sauton le connaît bien. En 2012, il était, aux côtés d'Alain Soral et de Robert Faurisson, au casting du premier film de l'humoriste multicondamné pour provocation à la haine raciale. Un film qu'il avait co-écrit.
L'heure est à l'antisémitisme cool, avec casquette ou mèche rebelle. De Mehdi Meklat à Olivier Sauton, la même gerbe. pic.twitter.com/36lgam3jQx
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 26 février 2017
Une ligne de son CV qu'il omet de mentionner dans la biographie, pourtant fournie, publiée sur son site. Depuis, les comptes Twitter et Facebook d'Olivier Sauton ont été supprimés et l'intéressé est terré chez lui.
« J'ai honte »
Dans un communiqué publié sur son site internet, le théâtre de la Bruyère condamne les tweets du comédien. « Ces prises de position choquantes et confirmées par la participation de monsieur Sauton à différents projets impliquant des personnes condamnées à de nombreuses reprises pour négationnisme et incitation à la haine raciale sont radicalement incompatibles avec nos valeurs et celles du théâtre que nous défendons. La direction du théâtre fera savoir dans les prochaines 48 heures les suites qu'elle entend donner à cette affaire », peut-on lire.
L'acteur a fait part de ses remords à l'AFP. « Malheureusement, ces tweets sont bien de moi, a-t-il reconnu. Je suis anéanti, j'ai honte. » Olivier Sauton assure n'avoir jamais eu une pensée antisémite, expliquant qu' « à l'époque ce qui me plaisait bêtement, c'était d'enfreindre l'interdit et jouer avec des sujets sensibles ». Selon lui, ces messages remontent à une période où il était « amer, aigri et cherchait une figure. Ma plus grande fierté de ces dernières années, c'est d'être sorti de ce marécage, de cette boue, où je n'avais rien à faire, dans laquelle je m'étais perdu. »
Évoquant « une dizaine de tweets, sur 6 700 », il présente ses excuses auprès « des gens qui ont été offensés ». « La seule personne que je n'excuse pas, c'est moi », ajoute-t-il. « Quand j'écris ces tweets je suis un petit con attardé, je n'ai pas de vie de famille, je ne suis pas père, j'ai grandi », assure le comédien de 38 ans, désormais père de famille. « Je n'ai jamais été antisémite, j'ai voulu être provocateur, trash, insolent. Je suis sorti de tout ça. »
J'avoue que je suis perplexe. L'antisémitisme doit en effet être condamné sous toutes ses formes et s'il y a lieu porté devant la justice. Mais par ailleurs, je suis un grand admirateur de Fabrice Luchini. Je n'ai pas vu la pièce où Olivier Sauton interprète son personnage mais d'après les critiques, il le joue remarquablement. Alors pourquoi briser la carrière d'un excellent comédien ? Qu'on lui laisse poursuivre ses représentations. Et que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre.
Aucune indulgence envers la pitoyable défense qu'opposent aujourd'hui les auteurs de ces misérables tweets :
" Nemo auditur suam turpitudinem allegans".
Si Marine Le Pen gagne les élections, il deviendra comédien officiel du régime aux côtés de l'humoriste officiel du régime, Dieudonné.