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France-Qatar : le temps béni de la cash machine
Jean-Marie Le Guen ici à Paris en décembre 2015 avec l'ambassadeur qatari.

France-Qatar : le temps béni de la cash machine

Relations fructueuses

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Dans "La République française du Qatar", la journaliste Bérengère Bonte pointe les liens troubles entre nos élus et l'émirat gazier.

Avec la République française du Qatar (Fayard) à paraître le 27 février, la journaliste d'Europe1 Bérengère Bonte livre une vaste enquête sur les liens troubles entre notre classe politique et l'émirat gazier du Golfe. On apprend ainsi que le groupe d'amitié avec le Qatar est l'un des plus courus de l'Assemblée nationale. Sûrement parce que, dans le passé, les Qataris se sont montrés particulièrement généreux avec nos parlementaires…

Au fil d'anecdotes solidement documentées, l'auteur met au jour cette diplomatie du portefeuille dont Mohamed Jaham al-Kuwari, l'ambassadeur du Qatar à Paris de 2003 à 2013, était le maître d'œuvre. Lorsque notre consœur lui demande si les élus recevaient des chèques de l'ambassadeur, le centriste Maurice Leroy, qui préside le groupe France-Qatar au Palais-Bourbon, concède : « Oh, tout est très différent aujourd'hui, ça s'est arrêté, mais, oui, Al-Kuwari a dû faire ce genre de choses. » De mauvaises habitudes qui auraient pris fin avec l'arrivée du nouvel ambassadeur, Meshal al-Thani, lequel s'est confié à la journaliste sur ces trois années passées à Paris - il a été promu en novembre 2016 à Washington.

Un passage du livre corrobore en tout point l'enquête publiée dans Marianne le 3 février où nous révélions la danse du ventre du secrétaire d'Etat Jean-Marie Le Guen auprès du diplomate qatari pour imposer, sans succès, l'un de ses proches, le communicant Karim Guellaty, qui se targuait de pouvoir « restaurer » l'image du Qatar en France. L'une des ficelles du lobbyiste, rapportée par Bérengère Bonte, consistait à repositionner politiquement le PSG, propriété du Qatar et club fétiche de Nicolas Sarkozy, en augmentant, dans la tribune d'honneur, le nombre d'élus de gauche ! D'après nos informations, Guellaty avait réclamé 45 000 € par mois pour ce contrat : 25 000 € pour sa société, et le reste pour quelques relais bien choisis dans le monde politique. L'affaire a finalement capoté. Mais elle a laissé beaucoup de traces…

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne