Seine-Saint-Denis : faute de bénévoles, les Restos du Coeur sont contraints de jeter des repas

Les sept camionnettes, qui sillonnent la Seine-Saint-Denis, distribuent 500 repas quotidiens. Il faut au moins deux bénévoles par véhicule, soit 14 personnes. Malheureusement, les nouveaux bénévoles font défaut. 

 Le Blanc-Mesnil, jeudi. Patrick, bénévole aux Restos du Coeur récupère les dons des cantines Sivuresc plusieurs fois par mois.
Le Blanc-Mesnil, jeudi. Patrick, bénévole aux Restos du Coeur récupère les dons des cantines Sivuresc plusieurs fois par mois. LP/H.H.

    D'emblée, il insiste pour faire publier son numéro de portable* dans le journal. « Ce n'est pas grave si je reçois plein de coups de fil, au contraire, si ça marche, tant mieux ! », souffle Jean-Paul Robin, plus connu sous le surnom de « Jeannot » dans la grande famille des Restos du Coeur. A 76 ans, ce retraité — qui dirige depuis dix ans les équipes des maraudes que l'association effectue chaque soir dans le département — lance un cri d'alarme pour recruter de nouveaux bénévoles. Faute d'effectifs suffisants, ses équipes sont obligées de jeter une partie des repas ou des denrées périssables qu'elles récupèrent auprès d'organismes volontaires.

    « Nos sept camionnettes, qui sillonnent la Seine-Saint-Denis, distribuent 500 repas quotidiens à nos bénéficiaires. Il faut au moins deux bénévoles par véhicule, soit 14 personnes. Les soirs où les effectifs sont incomplets, nous sommes obligés d'en laisser une au parking. Cela arrive entre 20 et 50 fois par mois et équivaut à des centaines de repas ou de denrées jetées faute d'être consommées à temps », déplore cet ancien imprimeur, qui travaille gratuitement cinquante heures par semaine pour gérer les maraudes. Celles-ci sont différentes des distributions de nourritures organisées en journée au sein des locaux de l'association. « Le soir, on donne des repas chauds à tout le monde sans demander aucun justificatif », décrit-il. Les équipes partent à la rencontre des sans-abri sur leur lieu de vie ou stationnent à un endroit stratégique, où elles savent qu'on les attend. « Près de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis, on accueille environ une centaine de personnes à chaque fois », raconte Jeannot.

    Aujourd'hui, les maraudes de l'association regroupent quelque 200 bénévoles. « Il y a en 160 qui sont réguliers. Mais pour que le système fonctionne, il faudrait qu'ils soient 200 », calcule le responsable, qui reconnaît que les conditions sur le terrain peuvent en décourager certains. « Les maraudes débutent à 20 heures et se finissent vers 1 heure ou 2 heures du matin. On aimerait justement pouvoir lancer un huitième camion pour décharger un peu nos équipes, qui sont majoritairement composées d'actifs. Il faut donc pouvoir supporter ces horaires et la détresse qu'on croise sur le terrain. C'est pour cela que le turn-over est important. »

    « C'est vrai que c'est parfois éprouvant, reconnaît Rodolphe, qui maraude tous les mercredis depuis huit ans. Mais cela reste avant tout une sortie entre copains. On se connaît tous aux Restos. Et sur le terrain, on retrouve souvent les mêmes bénéficiaires. Des liens se créent. » Ce professeur en école de commerce y trouve d'ailleurs une vraie source d'épanouissement. « Certains jours, j'ai dû mal à percevoir le sens de mon activité professionnelle. Mais quand je fais une maraude et que je vois le sourire des bénéficiaires dans le rétroviseur, je sais à quoi a servi ma journée. »

    Pour devenir bénévole, contactez Jeannot au 06.73.59.69.09.

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