A première vue, la SNCF ne se sort pas trop mal de l’année 2016. Une année "tourmentée", selon le PDG du groupe ferroviaire, Guillaume Pepy. Comparé aux 12 milliards d’euros de perte affichés un an auparavant (liée notamment aux dépréciations d’actifs du TGV et de l’infrastructure), les 567 millions d’euros de résultat net font office de bonne nouvelle. La baisse du trafic liée à l’impact des attentats (évaluée à 400 millions d’euros), les grèves (300 millions) et les mauvaises récoltes de céréales ont amputé d’un milliard d’euros le chiffre d’affaires par rapport aux prévisions. Ce dernier est toutefois en croissance (+2,8%) à 32,2 milliards d’euros, mais en recul (-1,5%) à périmètre et taux de change constant.
Des efforts de productivité supérieurs aux objectifs
D’après le patron des cheminots, ces résultats sont surtout le fruit des efforts de productivité accomplis cette année, supérieurs aux objectifs (pour 825 millions d’euros). Entre autres : la baisse des coûts de production, la lutte contre la fraude (30 millions récupérés depuis juillet sur une facture annuelle de 300 millions), optimisation des achats…Pourtant, il "manque deux points de marge" a reconnu Guillaume Pepy au cours de la conférence de presse ce matin présentant les résultats annuels du groupe. Signe qu’il faut continuer à "réduire les coûts pour faire baisser les prix".
Sujet de préoccupations : l’activité TGV. En France, hors grève et grâce à la politique de petits prix mise en place par la direction, il attire de nouveaux des voyageurs (+1,9%). Or même si le trafic reprend, cela ne résoudra pas le problème structurel de l’érosion de la rentabilité du fleuron du groupe. Certes, le recul de 3 points sur un an de sa marge opérationnelle (8,5%) est également lié aux grèves du printemps, mais celle-ci est continue depuis dix ans, signe que le moteur financier du groupe est clairement en train de s’essouffler.
TGV et LGV, points noirs de la rentabilité
Et la rentabilité risque de ne pas s’améliorer en 2017 du fait de l’ouverture des deux nouvelles lignes à grande vitesse (LGV) en juillet prochain (Paris-Bordeaux et Paris-Rennes) que la SNCF juge déjà déficitaires. "Nous avons budgété 90 millions de pertes en 2017 sur le seul second semestre 2017" a précisé Guillaume Pepy. La LGV, Tours Bordeaux qui doit être inaugurée demain par le Président de la République à Villognon en Charentes, est considérée depuis le début par la SNCF comme un boulet financier. La direction du groupe anticipe une perte récurrente d’exploitation de l’ordre de 200 millions d’euros par an. Du fait notamment du coût des nouveaux péages qui vont être prélevés par le concessionnaire privé de l’infrastructure, Vinci.
Conscient qu’il faudra malgré tout en faire un succès commercial, Guillaume Pepy a promis de présenter "une offre coup de poing pour contrer la concurrence des low cost et celle de l’auto partage". 35.000 sièges doivent être mis sur le marché. Les ventes de cette nouvelle ligne qui mettra Paris à 2H04 de Bordeaux ouvrent le 15 mars.