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« J’étudie au Danemark, hors Erasmus, et je touche plus qu’un smic »

Séduit par le « bonheur intérieur brut » élevé du pays, Paul Vignes, 20 ans, n’a pas été déçu : il apprécie son bachelor de marketing (sans frais de scolarité), l’ambiance, son job étudiant et les 750 euros de bourse associés...

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Publié le 27 février 2017 à 18h51, modifié le 01 mars 2017 à 16h43

Temps de Lecture 5 min.

Paul Vignes, 20 ans, témoigne de son année en bachelor de commerce au Danemark.

Agé de 20 ans, Paul Vignes est, depuis septembre, un étudiant heureux en 3e année de marketing au Danemark. Dans ce témoignage, il raconte comment il a choisi ce pays, ses démarches pour s’y installer, et son quotidien sur place.

« J’ai décidé cette année de partir continuer mes études en terre inconnue. Ayant effectué l’intégralité de ma scolarité à Paris, ainsi qu’un BTS commerce international, le temps était venu pour moi de prendre mon envol.

Mon regard s’est porté sur les pays scandinaves et en particulier le Danemark. Pourquoi ce pays et un pas autre, me direz-vous ? La réponse est relativement simple : son BIB, « bonheur intérieur brut ». Ces dernières années, le Danemark était dans le top 3 des classements visant à déterminer le bonheur des pays dans le monde. La qualité de l’enseignement et l’ouverture du pays sur l’international ont été deux autres critères qui ont su me motiver.

J’ai postulé en avril dernier, pour finalement intégrer, fin août, le VIA University College, situé à Horsens, qui propose un bachelor reconnu au niveau licence par l’Etat Français, intitulé International Sales and Marketing Management. J’avais repéré cette école sur le site de l’éducation nationale danoise, qui référence l’ensemble des programmes disponibles aussi bien aux Danois qu’aux étrangers ne parlant pas la langue. Je ne suis pas passé par Erasmus car toutes les informations nécessaires dont j’avais besoin étaient clairement indiquées sur le site de l’école.

J’ai pu intégrer directement la 3e année, grâce à mes bons résultats au BTS et un bon niveau d’anglais – attesté par un score supérieur à 88 au TOEFL ou via le Test Cambridge. Cela s’est fait d’autant plus simplement que les services administratifs de l’université, et plus généralement du pays, sont un de leurs gros points forts. J’ai su quelques jours après avoir candidaté que j’étais accepté.

Le plus fou dans tout ça ? Ma scolarité ne me coûte absolument rien ! Le Danemark est connu pour proposer une éducation gratuite pour tous les Danois et les Européens. Mes seules dépenses en ce domaine sont quelques livres de cours.

Une chose à savoir en revanche : au Danemark, et en particulier dans les grandes villes, trouver un logement demande beaucoup d’efforts, à moins d’avoir de gros moyens ou beaucoup de chance. J’avais prévu le coup, en épluchant quatre mois à l’avance toutes les annonces sur Internet et sur les groupes Facebook spécialisés, que j’ai facilement trouvées en recherchant “Housing Aarhus” ou encore “Roomates Aarhus”. J’ai fini par trouver une coloc avec un Danois et une Espagnole, tous deux étudiants, tous deux sympathiques.

Je vis désormais à Aarhus, deuxième plus grande ville du Danemark avec 300 000 habitants, et je mets une heure à rejoindre mon école, en train et en bus. Située sur la plus grande île du pays, à environ trois heures et demie de voiture de Copenhague, et autant vous dire que mon voyage Paris-Aarhus ne fut pas une mince affaire. Lever aux aurores pour prendre le RER puis l’avion et enfin le bus. Résultat des courses : départ 8 heures, arrivée 19 heures.

Dès mon arrivée au Danemark, les démarches administratives ont été ma priorité numéro un. Tout étranger, y compris européen, désirant rester plus de trois mois sur le sol danois, doit obtenir le « numéro CPR ». Composé de 10 chiffres, il s’agit du numéro indispensable, requis pour ouvrir un compte bancaire, souscrire un abonnement téléphonique, obtenir un médecin référent, ou même emprunter un livre à la bibliothèque... Je l’ai pour ma part obtenu après trois semaines d’attente, ce qui reste finalement très raisonnable étant donné le nombre important de candidatures fin août, début septembre.

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Côté cours, les universités danoises sont réputées pour la qualité de leur enseignement et je n’ai en effet pas été déçu. Les professeurs ont tous une grande expérience professionnelle, ils sont tous très pédagogues et proches des étudiants. Les écoles sont en très grande majorité publiques et donc gratuites. Le système d’enseignement danois est sensiblement différent du système français. Fini les longues journées 8 h-18 h, fini les quantités monstrueuses de travail à préparer pour le lendemain. Ici, les seuls « devoirs » demandés sont de venir préparé en classe, c’est-à-dire avoir lu les chapitres dont le cours traitera le lendemain. J’ai aussi moins d’examens mais plus de projets en groupes, car le travail en équipe au Danemark est privilégié et très apprécié en entreprise.

J’ai la chance d’être dans une classe très cosmopolite, où plus de 15 nationalités sont mélangées, majoritairement européennes. Ce mix de cultures est une chance incroyable et permet un échange constant de connaissances multiculturelles, en particulier durant les projets en groupes. Et les professeurs ont une approche différente de celle en vigueur en France : ils nous forcent à penser différemment, moins académiquement, en insistant sur la pratique. L’université organise le plus souvent possible des rencontres et « meet-up » avec des entreprises et personnalités danoises qui nous permettent d’élargir notre spectre de connaissances et de nous ouvrir au monde extérieur – dans mon cas, au monde des affaires.

Ce n’est pas un secret, le coût de la vie au Danemark est plus élevé qu’en France. La TVA est la même pour tous les produits : qu’il s’agisse d’acheter des pâtes ou bien des vêtements, comptez 25 % de TVA. S’ajoutent à cela des taxes sur certains produits, notamment sur les oléagineux ou des fruits à coque, et des « taxe gras » et « taxe sucre ». Mieux vaut apporter son Nutella de France, sauf si dépenser 8 € dans un petit pot de 250 grammes est une option.

Néanmoins, être étudiant ne rime pas forcément avec précarité. En effet, le système danois propose aux étudiants une bourse de 750 €, à condition d’exercer un travail rémunéré d’au moins 10 à et 12 heures par semaine à côté de ses études. En travaillant, vous paierez des impôts et la bourse vous permet de ”récupérer” indirectement les impôts payés. Vous pouvez dépasser 12 heures par semaine sans problème, à condition que votre salaire mensuel ne dépasse pas 11 845 Kr, soit l’équivalent de 1 592 €. Cela paraît inconcevable en France mais au Danemark, gagner plus du smic tout en étant étudiant est chose commune ! J’ai eu la chance de trouver un poste dans une entreprise de e-commerce nommée Trendhim et non des moindres, puisque je suis Country Marketing Manager France, le job idéal pour un Français étudiant le marketing. J’y travaille environ 11 heures par semaine, et mon salaire ainsi que la bourse me permettent de couvrir toutes mes dépenses. Pouvoir être indépendant financièrement à 20 ans, sans aide de ses parents, c’est franchement le pied...

Vous l’aurez compris, le Danemark est un pays où il fait bon étudier et bon vivre. On y accorde une grande importance à l’éducation. Les gens y sont accueillants, souriants, et ont le sens de l’humour. L’aspect social est très présent et partager une bière entre amis est chose courante. Ne vous attendez cependant pas à voir un ciel bleu tous les jours : le pays n’est pas réputé pour sa météo très clémente, alors si l’envie vous prenait de venir étudier au Danemark, pensez à votre petite laine et à vos moufles ! »

Pour contacter Paul Vignes : Facebook, Linkedin, Trendhim

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