Alep : tous les participants au conflit accusés de crimes de guerre par l'ONU

Le régime, ses alliés et les rebelles... Selon une enquête onusienne, toutes les parties engagées dans la bataille d'Alep ont violé les lois humanitaires.

Source AFP

Des forces progouvernementales avançant dans un village voisin d'Alep.
Des forces progouvernementales avançant dans un village voisin d'Alep. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Nous a-t-on menti à Alep ? demandait Le Point à plusieurs spécialistes des questions internationales fin-janvier. Alors que les négociations s'enlisent en Syrie entre les forces rebelles et le régime, l'ONU invite mercredi 1er mars chacun des participants au conflit à se regarder dans le miroir. Selon l'organisation, toutes les parties syriennes engagées dans la bataille d'Alep, qui a abouti le 22 décembre 2016 à la reprise totale de la ville par le régime, ont commis des crimes de guerre. L'accord d'évacuation final constitue quant à lui un déplacement forcé de population.

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Lire aussi : Nous a-t-on menti à Alep ?

« Toutes les parties ont commis de graves violations des lois humanitaires internationales constitutives de crimes de guerre », conclut la Commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie dans un rapport d'enquête couvrant la période allant du 21 juillet, date du début du siège d'Alep par les forces du régime, au 22 décembre 2016, date de la reprise de la ville.

La violence des alliés

L'enquête souligne également le rôle des forces alliées du régime dans cette bataille d'une « violence implacable », particulièrement celui de la Russie. « Entre juillet et décembre 2016, les forces russes et syriennes ont conduit des frappes aériennes quotidiennes, faisant des centaines de morts et réduisant les hôpitaux, les écoles et les marchés en cendres », accuse le rapport. Il dénonce aussi l'usage par les forces syriennes d'armes interdites comme le chlore ou les bombes à fragmentation.

La commission d'enquête accuse également, pour la première fois, le régime de Damas d'être responsable de l'attaque d'un convoi humanitaire transportant de l'aide de l'ONU et du Croissant-Rouge syrien le 19 septembre à Orum al-Koubra, près d'Alep. L'attaque, qui avait tué 15 travailleurs humanitaires selon le rapport, avait suscité un tollé international et mis un terme aux tentatives d'accord entre Washington et Moscou pour un cessez-le-feu. « Tous les rapports, images satellites, témoignages et expertises médico-légales sur le terrain (...) impliquent les forces syriennes », selon l'enquête, qui estime que ces dernières ont « commis un crime de guerre ».

Attaque de convoi humanitaire

En décembre dernier, une autre enquête de l'ONU avait conclu que le convoi avait bien été visé par une frappe aérienne, mais sans désigner les responsables. Damas a toujours démenti son implication, tout comme la Russie. Le rapport de la commission accuse également de crimes de guerre les rebelles syriens, qui contrôlaient Alep-Est et ont mené une « campagne de bombardements indiscriminés » sur la partie ouest de la ville, sous contrôle gouvernemental. Il cite notamment des tirs le 10 août contre un minibus d'étudiants, qui ont tué 13 personnes, ou une attaque le 6 octobre contre un marché qui a fait 12 morts.

En outre, le rapport accuse des groupes rebelles d'avoir empêché des civils de fuir Alep-Est, parfois en les exécutant, et de les avoir utilisés comme boucliers humains. Le rapport qualifie enfin de « crime de guerre » l'accord final d'évacuation d'Alep-Est, conclu sous l'égide de la Russie, soutien du régime, et la Turquie, alliée de l'insurrection. « Aucun civil n'avait l'option de rester », souligne le texte, assimilant l'accord à un « déplacement forcé de population ». La Commission d'enquête indépendante de l'ONU a été créée en août 2011, quelques mois après le début du conflit syrien. Présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, elle a déjà rendu plusieurs rapports.

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Commentaires (7)

  • Petit malin

    Outre le côté un peu "bisounours" de ce genre de rapports (c'est la guerre et on ne la fait jamais à moitié... ), je note que selon les exemples cités, les américains en 1944 sont des "criminels de guerre" pour leurs bombardements "aveugles" sur les villes normandes, ayant tués 20. 000 civils et rasés plusieurs grandes villes.
    Et je ne parle même pas du génocide des indiens, pour lequel ils n'ont jamais été condamné et qu'on passe sous silence alors que l'on parle toujours de celui des Arméniens guère plus récent (quelques petites décennies de distance).
    Mais l'Histoire n'est pas écrite ainsi...

    Pour rester en 2016 et sur le théâtre du Moyen Orient quid des crimes de guerre en Afghanistan et Irak ? Il me semble qu'l y a eu quelques grosses "bavures" !
    Le bombardement d'un cortège funèbre ou 50 femmes et enfants ont péri, le bombardement d'un hôpital de MSF et bien d'autres relevés durant l'année dans les articles du Point.
    Aurons nous un "rapport" mettant en avant ces crimes imputables au Etats-Unis sous la présidence Obama et un article à son sujet ?
    Sans quoi, cela ressemblerait une fois de plus à une campagne de presse anti-Russie...
    Le camp du bien s'arrogeant le droit de tuer en toute impunité et discrétion. Si "la fin justifie les moyens" (et les dégâts collatéraux) c'est vrai aussi pour les autres, ce qui ne les excuse pas, mais rétabli une semblant d'objectivité.

  • Oscar Wild

    ... De la "guerre propre " : même le célèbre savon d'Alep n'aura pas résisté à cette antinomie. Vae victis...

  • zakaria7

    Une commission d'enquête indépendante sur les crimes de guerre commis au YÉMEN sur les civils Houtis ?