"Pour un musée en Palestine", la collection d'un musée d'art moderne qui n'existe pas encore ...

"Que pensez vous de la situation", don de Gérard Fromanger à l’Association d'Art moderne et contemporain pour la Palestine
"Que pensez vous de la situation", don de Gérard Fromanger à l’Association d'Art moderne et contemporain pour la Palestine
"Que pensez vous de la situation", don de Gérard Fromanger à l’Association d'Art moderne et contemporain pour la Palestine
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L’Institut du Monde Arabe à Paris présente en ce moment l’exposition "Pour un Musée en Palestine", qui présente une cinquantaine d’œuvres du XXème siècle données par des artistes, et qui ont vocation à devenir un jour la collection permanente d’un musée d’art moderne en Palestine.

C’est une collection particulière à bien des égards que celle présentée à l'Institut du Monde Arabe : en cours de constitution, elle est le fruit uniquement de la solidarité des artistes qui y sont présents, et surtout elle existe alors que le musée à qui elle est destinée n’a pas encore vu le jour, et que rien aujourd'hui ne garantit qu’il puisse un jour exister. C’est donc un pari sur l’avenir. La centaine d’œuvres qui la composent, signées essentiellement par des artistes français, rend compte des principaux courants de la création de ces cinquante dernières années : on y trouve aussi bien le peintre d’origine haïtienne Hervé Télémaque, les protagonistes de la figuration libre comme Hervé Di Rosa ou François Boisrond, que Bruce Clarke, la Belge Véronique Van Eetvelde, le sculpteur Serge Boué-Kovacs, et évidemment Gérard Voisin, grand compagnon de route de la cause palestinienne. Mais aussi quelques grands noms de la BD (Jean Tardi et bientôt Plantu), et de la photo avec Henri Cartier-Bresson et bien sûr Ernest Pignon Ernest. C’est lui qui avait eu l'idée dans les années 90 de créer "un musée de l'exil" pour l'Afrique du Sud : une collection militante et solidaire contre le régime de l’apartheid, qui après sa chute a été donnée à l’Afrique du Sud et est aujourd’hui exposée à Johannesburg. Il a suggéré de reprendre l'initiative, cette fois pour la Palestine à l’écrivain palestinien Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco à Paris, qui immédiatement fait sienne cette idée et lancé un appel aux dons, très vite suivi par de nombreux artistes français.

Les projets de musées en Palestine : une histoire laborieuse

Cette idée de constituer une collection d’art moderne pour la Palestine n’est pas neuve : dans les années 1970, un représentant de l’OLP, Azzedine Khalak, avait tenté d’assembler une collection de qualité, avec notamment des toiles de Joan Miro. Après son assassinat à Paris, elle se retrouve à Beyrouth puis est dispersée pendant la guerre du Liban. Celle qui aujourd’hui en train d’être constitué a évidemment ceci de singulier qu’elle repose uniquement sur le don, et qu’elle est très « française » dans sa composition. Il faut dire que le projet est aussi porté et soutenu par Jack Lang, qui s’est engagé à abriter les œuvres de cette collection et à les exposer, en attendant que le musée « en exil » puisse voir le jour. Le projet est bien sûr éminemment politique. On le sait, le seul musée palestinien à avoir vu le jour depuis le début de l’occupation politique, est le Palestinian Museum de Birzeit , dédié à l’histoire des Palestine et de sa diaspora. Mais il a mis plus de vingt ans à voir le jour, et son projet scientifique a fait l’objet de dizaines de revirements, et depuis son ouverture très attendue en mai 2016, il est resté vide de toute exposition temporaire ou permanente ! Ce projet de musée solidaire est, d’autant plus dans ce contexte, un enjeu de soft power : montrer qu'un tel musée est possible et qu'il bénéficie de nombreux soutiens parmi les artistes.

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Le Palestinian Museum  dessiné par Heneghan Peng a ouvert en mai mais reste vide
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L’exposition présentée à l’Institut du Monde Arabe doit relancer la dynamique de dons.

Et les internationaliser. Elias Sanbar a lancé lors du vernissage vendredi dernier un appel international au don, et assure avoir reçu en quelques jours des promesses du monde entier. Car ce qui frappe pour le moment dans cette collection, c’est l’absence d’artistes arabes, ou palestiniens de la diaspora, mais bien sûr aussi d’artistes israéliens. Est-ce par manque d’enthousiasme de leur part ou parce qu’ils n’auraient pas leur place ? Réponse avec Elias Sanbar.

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