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Réfugiés : la solidarité européenne tenue en échec, critique Bruxelles

Les engagements des gouvernements pour alléger le fardeau de la Grèce et de l’Italie ne sont pas tenus, selon la Commission européenne.

Par Catherine Chatignoux

Publié le 2 mars 2017 à 18:51

C’est une note très au-dessous de la moyenne que la Commission européenne a infligé aux Etats membres de l’Union européenne pour leur politique de gestion des migrants et d’accueil des réfugiés, dans une série de rapports publiés jeudi. .

Prompts dans les discours à offrir leur solidarité à la Grèce et à l’Italie, submergées en 2015 par les migrants venus de Turquie et de Libye, les gouvernements européens ne tiennent pas leurs engagements : alors que les ministres de l’Intérieur avaient promis en septembre 2015 d’accueillir dans les deux ans près de 100.000 candidats à l’asile en provenance de ces deux pays, seuls 13.500 ont été effectivement transférés dans un autre pays de l’Union. Un ratio de 14 % alors qu’on est à six mois de l’échéance.

Certains pays font mieux que d’autres

Certains pays font mieux que d’autres. L’Irlande qui avait atteint fin février 53 % de son quota et la Finlande, 51 %, comptent parmi les meilleurs élèves tandis que plusieurs pays de l’est ont refusé toute coopération. La France, qui a admis un peu plus de 19.000 réfugiés , n’a pas atteint le cinquième de sa promesse. La Pologne, la Hongrie et la République tchèque n’ont accepté aucun réfugié.

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Face aux récalcitrants, la Commission européenne continue à temporiser. « J’ai écrit à tous les ministres de l’Intérieur pour leur demander d’accélérer. Le plan de relocalisation s’arrête en septembre mais pas les obligations qui y sont liées. S’ils n’ont pas tenu leurs engagements d’ici là, c’est comme une dette, qui reste à payer », a dit jeudi le commissaire chargé des migrations, Dimitris Avramopoulos. Il a toutefois agité pour la première fois la possibilité de sanctions  : « Pour l’instant, nous ne prévoyons pas de procédure d’infraction. Mais à partir de septembre, si on ne constate pas de nets efforts et de nets résultats, elle deviendra une option ».

Politique de retour inefficace

Bruxelles met par ailleurs l’accent sur Le retour des migrants dans leur pays d’origine, nouveau défi pour l’Europe . En 2015, sur les 554.000 ressortissants de pays tiers « invités » à quitter l’Union européenne, seuls 40 % (226.000) ont été effectivement renvoyés. « Le taux de retour doit être amélioré » a lancé le commissaire Avramopoulos «  Il est temps d’améliorer nos procédures internes et de procéder rapidement et avec humanité au retour de toutes les personnes qui n’ont pas besoin d’une protection internationale », a dit Frans Timmermans, le vice-président de la Commission qui estime que la crédibilité de la politique migratoire de l’Union passe par sa capacité à renvoyer les migrants irréguliers. C’est aussi un « signal fort » pour décourager en amont les candidats à l’exil vers l’Europe.

La Commission a demandé aux Etats de renforcer leurs procédures administratives en réduisant par exemple le délai entre un refus d’asile ou de permis de séjour et un ordre de retour. Si elle refuse de généraliser la détention de migrants, elle la recommande toutefois jusqu’à une période de 18 mois pour éviter tout risque de fuite de migrants opposés à leur retour. Bruxelles rappelle aussi que le rôle que peut jouer l’agence européenne Frontex qui a désormais le droit de proposer, de sa propre initiative l’organisation de retours.

Restent, à l’autre bout de la chaîne migratoire, les pays d’origine des migrants. La Commission a redit l’urgence de conclure rapidement des accords de réadmission avec le Nigeria, la Jordanie et la Tunisie où la chancelière allemande Angela Merkel est en visite ce vendredi .On se souvient que le Tunisien Anis Amri, auteur de l’attentat du marché de Noël à Berlin avait fait l’objet d’une décision de renvoi dans son pays que les autorités tunisiennes avaient bloquée, refusant de reconnaître l’individu comme l’un de ses ressortissants.

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Catherine Chatignoux

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