BFMTV
Société

"Tu pensais partir en vacances?": campagne d'information pour parler d'excision aux adolescentes

A Abidjan, en Côte d'Ivoire, une femme pratiquant les mutilations génitales montre le couteau dont elle se sert (2005).

A Abidjan, en Côte d'Ivoire, une femme pratiquant les mutilations génitales montre le couteau dont elle se sert (2005). - Kambou Sia - AFP

Trois adolescentes sur dix, quand elles partent "en vacances" dans le pays d'origine de leurs parents sont menacées par cette mutilation, s'alarme l'association Excision, parlons-en!.

Tout comme la mutilation qu'elle induit, la proportion de victimes fait froid dans le dos. Une fille sur trois est menacée d'excision quand elle rejoint le pays d'origine de ses parents pour les vacances, s'inquiète mercredi l'association Excision, parlons-en! lançant une campagne de prévention et un site d'information spécifique pour les 12-18 ans. 

"Chaque année, durant les grandes vacances, des milliers d'adolescentes retournent dans le pays d'origine de leurs parents où elles risquent de subir une mutilation sexuelle féminine", explique Moira Sauvage, présidente de cette association-réseau créée en 2013.

Trois adolescentes sur dix qui résident en France sont ainsi menacées, selon l'association qui lance jusqu'au 30 juin la campagne nationale "Alerte excision" avec une vidéo publiée sur les réseaux sociaux et des affiches portant le slogan "tu pensais partir en vacances?".

Les résidentes françaises ne sont pas épargnées

Elle inaugure en outre le site internet, www.alerte-excision.org, pour expliquer aux plus jeunes ce qu'est l'excision, ses conséquences, les pays qui la pratiquent et fournir les coordonnées d'associations en France et en Belgique.

Florine (tous les prénoms ont été modifiés) est partie en vacances à 12 ans en Guinée-Conakry. "Nous allions découvrir le soleil, la mer et la plage. Mais les vacances se sont transformées en cauchemar", témoigne-t-elle, relatant son excision avec sa sœur et ses cousines chez sa grand-mère.

"Une femme nous a tenu les jambes, une autre nous écrasait la poitrine pour nous empêcher de crier et une troisième tranchait à vif dans les chairs. Je n'oublierai jamais les cris, en particulier de ma sœur, qui depuis est handicapée mentale", poursuit l'adolescente dans un témoignage recueilli par l'association.

Quelque 60.000 excisées vivent en France

Pour Marie, adolescente confiée le temps d'un été à sa grand-mère au Sénégal, le souvenir le plus douloureux reste celui de l'après-excision: "des soins au beurre de karité mélangé aux cendres, puis le fait d'uriner dans un seau d'eau pour atténuer la douleur".

"En France, on pense que nous ne sommes pas concernées mais il y a des femmes excisées parmi nos voisines, les camarades de nos enfants, nos collègues", poursuit Moira Sauvage, estimant à environ 60.000 le nombre de femmes excisées vivant sur le territoire français.

Pour en parler ou signaler, les numéros verts 119, Allo Enfance en Danger, et 3919, pour les femmes victimes de violences, sont disponibles.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recensait en 2014 plus de 125 millions de victimes d'excision, pratiquée dans 29 pays d'Afrique, d'Asie et du Proche-Orient. Selon l'Unicef, 30 millions de jeunes filles risquent d'en être victimes au cours des dix prochaines années.

David Namias avec AFP