Percée historique du Sinn Féin en Irlande du Nord
Les républicains irlandais gagnent du terrain. Les unionistes britanniques ne dominent plus. Gouverner ensemble, tel est le défi.
Pour la première fois depuis sa création en 1998, l'assemblée politique nord-irlandaise n'est plus dominée par les partis unionistes, favorables au maintien du pays au sein du Royaume-Uni. «La notion d'une majorité unioniste perpétuelle a été démolie», s'est félicité Gerry Adams, le président des républicains radicaux du Sinn Féin, favorables au rapprochement avec la République d'Irlande. Lors de l'élection législative anticipée de jeudi, ce parti a enregistré son meilleur résultat historique (27,9% des voix). Avec les républicains modérés du Parti social-démocrate et travailliste (SDLP), le Sinn Féin dispose de 39 sièges à l'assemblée. Soit autant que les unionistes, menés par le très radical Parti démocrate unioniste (DUP).
Cette élection anticipée a été provoquée par la dégradation des relations entre le Sinn Féin et le DUP au sein de la coalition gouvernementale. Depuis l'accord de Saint-Andrews de 2006, le premier parti unioniste et le premier parti républicain doivent en effet partager le pouvoir. Samedi, Gerry Adams a répété que les siens «n'accepteront pas qu'Arlene
Foster (ndlr: la présidente du DUP) soit premier ministre» tant que son implication dans une affaire de subventions mal conçues ne sera pas clarifiée.
Les négociations entre les deux partis commenceront aujourd'hui lundi. Elles ont trois semaines pour aboutir. «Si aucun gouvernement ne peut être formé dans le laps de temps requis, je ne pense pas que le gouvernement de Westminster autorisera une nouvelle élection», estime Jeffrey Donaldson, député du DUP au parlement de Westmin
ster. «Il reprendra la main
pour diriger de nouveau l'Irlande du Nord directement.» Le système politique nord-irlandais né de l'accord de paix de 1998 serait alors totalement remis en question.
Les habitants avaient bien conscience de l'importance de cette élection. Leur taux de participation (64,8%) était de dix points supérieur à celui de l'élection législative de l'an dernier. Le score du Sinn Féin n'est donc pas lié au désintérêt des électeurs. Sa montée en puissance depuis 1998 s'explique pour beaucoup par son positionnement très à gauche, aussi bien sur les questions sociétales qu'économiques. Son bond de jeudi semble avoir été favorisé par sa nouvelle mue: son leader Martin McGuinness, un ancien membre de l'Armée républicaine provisoire, a laissé sa place à la jeune Michelle O'Neill, 40 ans. Un geste qui a assurément rendu le parti plus acceptable pour de nombreux Irlandais.
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