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Avec le rachat d'Opel, PSA devient un géant européen

L'usine Opel de Rüsselsheim, en Allemagne. DANIEL ROLAND/AFP

INFOGRAPHIE - Le groupe français et General Motors officialisent ce lundi une opération qui consacre le redressement du constructeur français.

L'usine PSA de Sochaux dans le Doubs. RGA/REA/RGA/REA

Les négociations ont été rondement menées. Ce lundi 6 mars, une conférence est prévue au siège parisien du groupe PSA afin d'officialiser le rachat d'Opel, vendu par l'américain General Motors. Il aura fallu à peine 20 jours entre les premières rumeurs faisant état des négociations et cette conclusion. Trois petites semaines consacrées - et ce ne fut pas simple - à trouver les modalités techniques et financières d'un accord avec GM. Trois semaines également utilisées pour lever les réticences et les inquiétudes, en particulier en Allemagne et au Royaume-Uni. Trois semaines, enfin, mises à profit pour convaincre les actionnaires de PSA. Vendredi, le conseil de surveillance du constructeur français, où sont représentés ses trois grands actionnaires que sont l'État français, le groupe chinois Dongfeng et la famille Peugeot, a donné son feu vert. Et cela, dit-on, «avec enthousiasme».

Les contours exacts de l'opération seront révélés ce lundi. Une chose est sûre: il s'agit de la reprise d'Opel par PSA, et pas d'un partenariat avec GM. Cette acquisition d'Opel - et de sa marque sœur Vauxhall qui commercialise les mêmes modèles au Royaume-Uni - est importante pour le constructeur français. Elle va lui apporter près 40 % de volumes de véhicules en plus, lui permettant d'atteindre 4,3 millions d'unités sur l'année 2016. Une progression qui aurait nécessité de nombreuses années d'investissement dans des pays nouveaux avant de devenir réalité sans une acquisition.

Une telle opération va augmenter la force de frappe de PSA en termes de R&D

Les analystes de CM-CIC Securities

Avec cette opération, le constructeur originaire de Sochaux devient l'incontestable numéro deux en Europe. Le nouvel ensemble détiendra 16,3 % de part de marché dans l'Union européenne, restant toutefois à distance respectable du groupe Volkswagen, qui vend 24 % des véhicules dans cette zone. PSA récupère cette place, quelques mois après l'avoir perdue au profit de son concurrent hexagonal Renault. L'alliance formée par la marque au losange avec ses partenaires japonais Nissan et Mitsubishi ne détient que 14,6 % de parts de marché en Europe.

Pour autant, PSA ne grimpera pas dans le classement mondial des constructeurs automobiles. Le groupe français était 8e. Il le reste, même s'il se rapproche du numéro 7, FCA (Fiat Chrysler), qui a écoulé 4,72 millions de véhicules l'an dernier. Ce qui montre bien le retard pris par PSA dans la course mondiale aux volumes. L'acquisition d'Opel lui permet toutefois de recoller au deuxième peloton, constitué de constructeurs fabricant entre 4,7 et près de 8 millions de véhicules par an.

En présentant les résultats 2016 de PSA, Carlos Tavares, président du directoire du constructeur français, a déjà fixé un objectif de moyen terme de 5 millions de véhicules par an. Avant de penser volumes, il va devoir s'atteler au redressement d'Opel, avec une double contrainte. D'abord, il faut dénouer les liens existants entre General Motors et la marque allemande, ce qui ne sera pas simple notamment dans le domaine des technologies. Carlos Tavares a déjà prévenu que les technologies utilisées dans les voitures Opel repartiraient chez GM. Néanmoins, «une telle opération va augmenter la force de frappe de PSA en termes de R&D», soulignent les analystes de CM-CIC Securities.

En même temps, il faudra redresser Opel, une marque qui perd de l'argent depuis 1999. Il n'y aura pas d'intégration globale, le groupe allemand devrait conserver une grande indépendance et une direction spécifique. Le partage de plateformes, de technologies et la puissance d'achat cumulée des deux constructeurs laissent une belle marge de création de valeur. «L'intérêt principal de ce deal réside dans la similitude des gammes qui permet d'envisager des synergies industrielles importantes à horizon cinq ans», estimait Oddo Securities, dans une note parue avant que l'opération soit finalisée.

L'intérêt principal de ce deal réside dans la similitude des gammes qui permet d'envisager des synergies industrielles importantes à horizon cinq ans

Oddo Securities

Les dirigeants - de PSA et Opel - devront s'atteler, également, à redresser la rentabilité des usines. C'est l'une des réussites de Carlos Tavares chez PSA. Pour y parvenir, il a, à la fois, investi dans les sites industriels et négocié des accords de compétitivité avec les syndicats. La même recette devrait être utilisée avec Opel, en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Espagne. C'est dans ce pays que seront d'ailleurs situées les deux plus grosses usines du nouveau groupe. Au final, PSA et Opel viseraient environ 2 milliards d'euros de synergies.

L'acquisition ne devrait pas mettre en péril les finances redressées du constructeur français. Fin décembre, PSA disposait ainsi d'une position financière nette de près de 6,8 milliards d'euros. Le montant d'une acquisition à 2 milliards d'euros (en numéraire et reprise de dettes) a été évoqué. Une somme qui ne tient cependant pas compte du renforcement nécessaire des fonds de pension des salariés allemands et britanniques du groupe allemand. Un besoin de financement de 7 milliards d'euros a été évoqué, mais une partie pourrait être prise en charge par GM.

La reprise d'Opel devrait également concerner les activités de financement, le nerf de la guerre dans l'industrie automobile.

Cette opération montre que le nouveau plan stratégique de Carlos Tavares est bien orienté sur la croissance. Le patron du groupe n'a cessé d'accélérer ces derniers mois, avec l'arrivée aux États-Unis, via les services de mobilité, le retour en Iran, avec de grandes ambitions, et l'arrivée en Inde, avec la création d'une coentreprise fin janvier avec un partenaire local. Carlos Tavares avait pris soin de préciser qu'une opération de croissance externe n'était pas dans les objectifs de son plan, se contentant d'expliquer qu'il regarderait les opportunités, maintenant que le redressement financier de PSA était réalisé. Il n'aura pas mis bien longtemps à montrer qu'il s'agissait, en réalité, d'une vraie priorité.

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33 commentaires
  • td2ca

    le

    opel 1 employé produit 34.2 voitures/an peugeot 1 employés produit 18.3 voitures/an gm 1 employés produit 44.2 voitures /an voila pourquoi peugeot achète opel

  • belenus

    le

    qui a sauvé Peugeot de la faillite naguère ? la Chine alors ce rachat est un piège pour demain !

  • mysticlady2

    le

    Plus de licenciement alors?

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